Douze critères de jugement et de réflexion - France Catholique
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L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
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Douze critères de jugement
et de réflexion

Élaborée par un groupe de journalistes chrétiens, cette charte constitue les fondements de notre ambition à France Catholique.

Ce qui nous guide

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« Nous ne devons jamais douter de l’action efficace de l’Esprit Saint, de la Sainte Vierge et de saint Joseph »

« Nous ne devons jamais douter de l’action efficace de l’Esprit Saint, de la Sainte Vierge et de saint Joseph »

Église Saint-Sauveur, Bruges. © Fred de Noyelle / Godong

1. L’attention à l’inaperçu

Nous devrions concevoir tout article ou émission religieux avec un regard « autre » que celui des médias ordinaires. Ce qui fait la une d’un journal ou d’une émission n’est pas forcément le plus important ni le plus utile aux âmes. Souvent un entrefilet perdu entre mille dépêches est un événement capital ou tout au moins révélateur et bénéfiquement exploitable pour le bien des êtres. S’il a été laissé de côté par la masse des médias c’est peut-être parce qu’il était gênant ou considéré comme nul. L’attention à l’inaperçu nous demande une vigilance et une exigence de tous les instants. L’Évangile regorge de ces épisodes où Jésus met l’éclairage sur des attitudes ou des propos que personne d’autre que Lui n’a remarqué.

2. Se méfier des antiennes bien chantées

L’expérience monastique nous apprend que pour qu’une antienne soit bien chantée au chœur il faut qu’elle ait été bien apprise par des répétitions au chapitre… Il n’y a pas d’unisson des voix sans qu’un maître de chœur n’ait orchestré le tout avant la représentation. Il est donc important, dans les productions de médias, de toujours chercher qui a fait apprendre l’antienne, quand tous la chantent sans discordance. Ainsi des événements sont relatés avec des jugements identiques et une approbation (ou désapprobation) unanime. Le vrai regard chrétien, fidèle à l’Évangile, sera de toujours vérifier l’information et de ne pas forcément crier avec les loups. C’est une indication à ne pas plonger dans le « politiquement correct » pour ne pas se faire d’ennemi ou se faire valoir… Cette manière de faire a conduit Jésus sur la croix. Mais pouvons-nous y échapper ? Même si nous le pouvions, nous ne le ferons pas, car il n’y a pas d’autre voie que celle qu’a suivie le Maître !

3. Le connu et le caché

Nous voyons parfaitement comment se passe aujourd’hui la notoriété. Parfois il semble que chacun s’évertue à faire valoir l’autre, sachant que ce dernier, à son tour, renverra l’ascenseur. Combien d’animateurs sont présents sur les plateaux des confrères et sont interrogés sur leurs émissions, leurs parutions ou leurs spectacles. C’est une danse bien huilée où chacun se congratule et permet à l’autre de bien se vendre. C’est ainsi une minorité d’acteurs qui tiennent le devant de la scène sans jamais laisser une lumière sur le second plan et les autres humbles acteurs. Pourtant le vrai travail reste caché et ils sont innombrables les hommes qui, dans la discrétion, accomplissent avec fidélité leur mission. Il est de notre devoir de mettre, non en valeur, mais « en modèles », ces êtres discrets qui n’impriment aucun livre et n’emplissent ni stades ni salles de conférences.

4. Le beau et le laid

L’exemplarité a toujours été l’un des grands moyens de l’éducation. Il est évident que la divulgation du mal et des maux facilite leur diffusion, leur accroissement et leur imitation. Ainsi la violence ou toutes les turpitudes de la terre mises à la une des journaux ne font qu’accentuer le mal. Dans l’Évangile nous voyons que Jésus dénonce le mal, certes, mais toujours en montrant la grandeur du bien, du beau, du vrai. Si l’Église nous a conseillé avec ardeur de lire la vie des saints, c’est bien parce qu’elle pense qu’en regardant ce qu’ils ont fait de bien, nous pouvons avoir envie de les imiter… Ainsi, les belles réalisations, les belles œuvres, les belles histoires peuvent enthousiasmer les cœurs (et n’oublions pas qu’enthousiasme veut dire « en-Dieu », en Theos en grec). À nous de les publier. Sans oublier que la médiocrité est incompatible avec la grandeur et la beauté. Il nous appartient de réaliser toute chose avec excellence.

C’est vrai également pour ce qui concerne l’Église. Sa sainteté doit briller, et la persécution elle-même qu’elle subit participe grandement à son rayonnement.

5. Surprendre

Non pour effrayer, mais pour dynamiser.

Non pour faire du neuf ou de l’audimat, mais pour éveiller les esprits.

Surprendre à la manière de la Révélation sans laquelle l’homme n’aurait pas même imaginé la profondeur du mystère divin.

Notre religion est une religion révélée. En se révélant, Dieu a surpris Abraham. Jésus a surpris Hérode comme ses disciples. La Bonne Nouvelle qu’est l’Évangile demande que nous nous investissions pour qu’elle demeure toujours nouvelle parce qu’éternelle.

6. Ne pas faire pleurer dans les chaumières

Depuis quelques années, c’est une habitude bien ancrée. Il faut faire pleurer dans les chaumières. Tous les malheurs du monde doivent être étalés pour être épongés. L’appel aux dons, à la générosité, aux années sabbatiques pour aider le pauvre et l’exploité envahit nos boîtes aux lettres et nos informations. Certes l’Évangile est aussi un appel à soulager la misère. Mais la misère ne peut pas être une référence. C’est assez facile d’émouvoir les hommes. Leur cœur est généreux et les appels de fonds sont « payants ». Mais est-ce là le moyen d’enrayer la pauvreté ? Il faudrait reprendre là encore l’attitude de Jésus face à la richesse, à la gestion des biens, et au but de sa mission. Et ne pas détourner l’homme de sa finalité en lui laissant croire que l’évangélisation se résume en des actes de charité. Il faut aller plus profond et éviter tout ce qui ressemble au paupérisme ambiant.

7. Former les consciences

Le rappel des préceptes et des conseils évangéliques semble aujourd’hui dilué dans une masse d’informations subjectives, psychologiques, politiques. Les hommes semblent perdus dans la masse des influences et des courants de pensée. Dieu merci, l’Église catholique, par la volonté de Jésus, n’est pas une institution où tout discours est possible et toute opinion bonne. Il semble que chacun attend (inconsciemment parfois) une parole. Une réponse. Une lumière. Et l’Évangile comme la Tradition nous donnent cette parole, cette réponse, cette lumière. Mais comment ces réalités pourraient-elles être entendues si personne ne les proclame ? C’est déjà ce que dit l’Écriture ! La formation des consciences, des volontés et des cœurs ne peut se satisfaire d’« à-peu-près » et du seul libre-arbitre. Un propos clair et une conviction forte forment des hommes responsables et des chrétiens convaincus.

8. Partisanerie n’est pas compatible avec universalité

Catholique veut dire universel. Mais nous voyons bien que dans nos églises de pierre, il y a de multiples chapelles latérales autour de la grande nef. Ainsi dans l’Église du Christ. Chacun peut avoir sa sensibilité et sa confrérie. Mais toutes les chapelles doivent rester ouvertes sur la nef centrale, l’Église de Dieu. C’est elle, et jamais les chapelles, qui détient la promesse de vie éternelle. Tout propos ou toute émission devra donc garder cet aspect fondamental. Favoriser outrageusement tel rassemblement de fidèles ou telle initiative en vogue, c’est restreindre l’Évangile. Et cacher les moyens offerts par l’Église (prière, sacrements, commandements), c’est priver les êtres des secours nécessaires à leur intelligence et à leur Salut.

9. Accepter l’environnement

S’il est une réalité bien claire, c’est que la Cité chrétienne n’existe pas. Ce serait une illusion de croire que tous les éléments extérieurs doivent être convergents pour que l’annonce de l’Évangile se fasse. C’est au milieu des pécheurs et des prostituées que Jésus a vécu. Ainsi, même si à l’intérieur d’un média des articles ou émissions ne sont pas conformes à l’idéal que nous devons mettre en œuvre, cela ne doit pas nous décourager ou nous arrêter. Le levain dans la pâte n’est qu’une infime partie de la masse de farine. (Et n’oublions pas que le levain c’est du pain fermenté et donc immangeable tout seul !) Il ne faut pas attendre que le monde, même proche, soit converti pour le convertir !

10. Construire demain

Les jeunes d’aujourd’hui sont les responsables de demain. Dans la Cité comme dans l’entreprise, dans l’Église comme dans la famille. C’est donc vers eux particulièrement – et non exclusivement – qu’il faudrait diriger le propos. Non pour en faire des éternels enfants ou des idoles à aduler. Mais pour leur donner exemples et enseignements. La responsabilité qu’ils exerceront demain s’apprend dès aujourd’hui. Découvrant la joie profonde et le travail appliqué de leurs aînés, autour d’eux ou dans les âges passés, ils pourront plus aisément adhérer à l’idéal que nous leur proposons.

11. Un but très clair

Il ne s’agit pas d’autre chose que de permettre aux hommes de se rapprocher du Christ. C’est cela la conversion et la sanctification. Tous les moyens, toutes les idées, toutes les innovations ne peuvent avoir d’autres buts. C’est un souci permanent. « Le zèle de ta maison me dévore » dit l’Écriture. Ouvrir le chemin, en sachant que c’est le Christ qui est Chemin. Illuminer la route, en sachant que c’est le Christ qui est Lumière. Parler vrai, en sachant que c’est le Christ qui est Vérité. Défendre la vie, en sachant que c’est le Christ qui est la Vie.

12. Croire en l’action divine

La conversion et la sanctification se réalisent par la prière cachée et la pénitence obscure. Elles se font à distance pourrait-on dire. Ainsi dans nos écrits ou paroles journalistiques, nous ne devons jamais douter de l’action efficace de l’Esprit Saint, de la Sainte Vierge et de saint Joseph. Si le principal est souvent invisible aux yeux, alors dans une telle perspective, nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir, en disparaissant totalement derrière les moyens que nous mettons en œuvre. Non pas pour les rendre médiocres, mais dans la conviction que c’est Dieu qui accorde sa grâce pour que les cœurs se tournent vers Lui.