Des bois baroques - France Catholique
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Des bois baroques

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par Jean Étèvenaux (agence ACIP)

Après le Musée du Pays de Sarrebourg l’an passé et celui de Tessé du Mans à la jointure des deux années, le musée lyonnais d’art sacré de Fourvière accueille actuellement une remarquable exposition consacrée à l’art baroque qui s’est développé chez les Amérindiens du Paraguay aux XVIIe et XVIIIe siècles. Le visiteur est confondu devant la beauté monumentale des pièces en bois présentées et, du coup, découvre la richesse d’une civilisation qui a reflété une expérience unique dans l’Amérique des colonies espagnoles et portugaises d’autrefois.

Certes, cette épopée avait été révélée à travers Mission, le film de Roland Joffe sorti il y a vingt-deux ans — servi par la musique d’Ennio Morricone et l’interprétation de Robert De Niro —, et diverses œuvres musicales de cette époque ont été éditées ces dernières années. Mais, outre le fait que les générations les plus jeunes ne les connaissent pas, il manquait le contact visuel qui permet de toucher des yeux, dans leurs formes, leurs couleurs et leurs tailles, des œuvres qui attestent jusqu’à aujourd’hui l’importance de cette implantation du baroque au cœur d’une civilisation indienne qui put s’organiser de façon totalement originale.

Il s’agit en fait d’une grande page d’Histoire, celle des Réductions — dont des bâtiments sont classés au patrimoine mondial de l’Unesco. Après la conquête du Nouveau Monde au XVIe siècle, franciscains et jésuites établirent des territoires autonomes pour les Amérindiens, que Charles-Quint, poussé par des personnalités comme l’évêque Las Casas, entendait protéger de la rapacité de certains colons. Écartés de ces lieux qu’ils voulaient, comme leurs habitants, exploiter, ils n’y reviendront que dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, faisant du coup supprimer les jésuites.

Entre-temps, se développa une civilisation originale, qui se manifesta notamment à travers des sculptures baroques. Mais l’art typiquement européen de la Contre-Réforme acquit là des traits particuliers du fait des traditions propres aux Indiens Guaranis : les représentations plutôt géométriques dont ils avaient l’habitude les amenèrent à simplifier, généralement en les arrondissant, les représentations du Christ, de la Vierge et des saints dont on peut aujourd’hui admirer celles qui ont pu être regroupées dans le cadre de l’exposition.

Jean Étèvenaux

Le bois des missions — Musée d’art religieux de Fourvière — tous les jours jusqu’au 1er juin de 10 h à 12 h 30 et de 14 h à 17 h 30 — 8, place de Fourvière — 69005 Lyon — www.lyon-fourviere.com — 04 78 25 03 04
Catalogue de l’exposition : Le bois des missions. Sculptures barques du Paraguay / La madera de las misiones. Imágines barrocas del Paraguay, Édition du Musée du Pays de Sarrebourg, Sarrebourg, 2007, 144 pages