De la violence - France Catholique
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De la violence

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Hier, il n’était question que de violence, à la suite des scènes d’émeute qui se sont produites au Trocadéro, alors qu’il s’agissait d’organiser une fête en l’honneur de la victoire du Paris-Saint-Germain. Le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, a été vivement interpellé par l’opposition, qui dénonçait son incapacité ou son amateurisme, tandis que lui défendait les forces de l’ordre agressées par les casseurs. Il n’y a pas si longtemps, le même ministre devait répondre de l’attitude des mêmes forces de l’ordre lors de la grande manifestation du 24 mars, où la police avait fait usage de gaz lacrimogènes contre un public qui ne ressemblait guère à celui du Trocadéro, puisqu’on y trouvait au premier rang, des familles avec enfants dans leurs poussettes. Le fait a d’ailleurs été rappelé à l’Assemblé nationale par Claude Goasguen.

J’avoue avoir assez peu de goût pour ce type de polémique, qui amène souvent à des impasses, parce que dominées par la passion. La polémique est elle-même une forme de violence dont les effets sont moraux mais nullement anodins. Il est vrai que, notamment dans une enceinte parlementaire, elle peut avoir, comme dans le théâtre antique, une fonction de catharsis, c’est à dire de purification qui permet de canaliser les énergies et de les détourner de l’affrontement physique ou guerrier. Il arrive aussi que la parole soit à l’origine du conflit, qu’elle excite les esprits, les imaginations et conduise à la catastrophe. C’est une des raisons pour lesquelles le régime parlementaire s’est inventé dans les temps modernes, en créant tout un cadre procédural. Un philosophe comme Habermas a été plus loin encore en théorisant les formes de la communication et les règles de l’argumentation qui permettent une discussion ordonnée.

Mais il est difficile pour les sociétés de se sortir des cycles de la violence. Car elle est omniprésente dans les rapports sociaux. Pour Hobbes, la fonction du politique consiste à la neutraliser. René Girard a établi une corrélation entre la violence et le sacré le plus primitif, qui a toujours eu à en limiter la force destructrice. Dernière remarque : j’ai le sentiment que Manuel Valls a beaucoup moins à craindre de la Manif pour tous que des casseurs du Trocadéro, peut-être parce que les uns et les autres n’ont pas du tout la même approche de la violence, objet de défiance pour les uns, exutoire pour les autres.

Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 15 mai 2013.