Contre-offensive - France Catholique
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Contre-offensive

Le président de la République avait semblé reculer lors de son allocution du 10 décembre. Au soir de la Saint-Sylvestre, il a montré sa volonté de poursuivre les réformes.

GOUVERNEMENT

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Les vœux présidentiels ont surpris maints commentateurs. Victime d’une impopularité record, confronté à la révolte des Gilets jaunes, en butte aux dysfonctionnements internes et à l’usure des équipes révélés par l’affaire Benalla ou la démission de son responsable de la communication Sylvain Fort, Emmanuel Macron n’avait-il pas reculé en concédant dix milliards aux manifestants ? C’était oublier le début de son allocution, consacré au maintien de l’ordre face aux violences encouragées par des partis « opportunistes » et des personnalités « irresponsables » cherchant à « bousculer la République ».

Le message du 31 dé­cembre est sur la même ligne, à l’instar de Foch pendant la retraite de la Marne : « Pressé fortement sur ma droite, mon centre cède, impossible de me mouvoir, situation excellente, j’attaque. » La nouvelle année sera donc celle de l’offensive, qui vise d’abord les Gilets jaunes et ceux qui les encouragent – « porte-voix d’une foule haineuse, qui s’en prennent aux élus, aux forces de l’ordre, aux journalistes, aux juifs, aux étrangers, aux homosexuels… » et qui doivent comprendre que « l’ordre républicain sera assuré sans complaisance ». Surtout, le président de la République a assuré que les réformes prévues seront mises en œuvre sans le moindre « renoncement » tout en saluant le début d’un grand débat national destiné à répondre à une crise qui vient « de loin » – des propos amplement relayés par ses ministres.

Quoi qu’on puisse en penser sur le fond, la stratégie d’Emmanuel Macron est cohérente et ce n’est certainement pas la remobilisation des Gilets jaunes, avec son corollaire de violences, le 5  janvier, qui va le faire dévier de son cap.

L’analyse de l’Élysée repose sur des facteurs stables : les partis d’opposition sont divisés et condamnés à l’impuissance quels que soient les résultats du Rassemblement national et de la France insoumise aux élections européennes ; aucune personnalité d’envergure ne se présente pour revendiquer le pouvoir et les syndicats contestataires, en crise, restent déconcertés par la révolte des Gilets jaunes.

Il est vrai que les sondages sont très défavorables mais le Président n’a pas perdu son socle électoral. Celui-ci est constitué par les 25 % de Français qui n’ont pas voté Macron par « dégagisme » ou par peur du Front national mais qui ont approuvé ses projets de réforme et qui continuent de le soutenir.

Ce socle politique est d’autant plus solide qu’il est cimenté par sa sociologie : la « France d’haut » qui dispose du pouvoir médiatique et du pouvoir économique et la tranche supérieure des classes moyennes. Le parti macronien de la réforme libérale peut de surcroît être rejoint par les Français qui s’inquiètent des violences de rue et qui peuvent demander de plus en plus fermement le retour à l’ordre (quelqu’un comme l’ancien Premier ministre de droite Alain Juppé semble sur cette ligne).

Les plans d’offensive sont toujours parfaits sur le papier. Si les choses restaient en l’état, Emmanuel Macron pourrait certainement garder la maîtrise des événements. Le point faible de son analyse, c’est qu’il croit que les Français attendent avec « impatience » les prochaines réformes – celle des retraites, de la fonction publique – qui produiront par définition d’heureux résultats.

Le risque est que, parmi les fonctionnaires et les retraités, beaucoup voient plutôt venir ces réformes avec angoisse et décident de s’y opposer activement. L’extension du domaine de la lutte, comme dirait Michel Houellebecq, imposerait alors d’importants changements dans la stratégie et la tactique.