Cinq ans : de Benoît à François - France Catholique
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Cinq ans : de Benoît à François

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Lorsqu’il y a cinq ans Benoît XVI annonça qu’il renonçait à sa charge de successeur de Pierre, on pouvait s’interroger sur les raisons d’une telle décision. Sans doute n’y avait-il pas lieu de mettre en cause les paroles du Pape, expliquant qu’il n’avait plus la force d’exercer sa responsabilité. Mais ce qui s’était passé au Vatican dans les mois précédents ne pouvait pas être éludé. D’évidence, il y avait nécessité d’une réforme de l’instrument de l’autorité pontificale que constitue la Curie romaine. Plusieurs scandales avaient montré plus que des faiblesses de sa part, des défauts structurels aggravés par les manquements d’une partie du personnel. Le grand docteur de la foi qu’était Joseph Ratzinger ne se sentait pas en capa­cité, le grand âge venant, de mener à bien une réforme qui n’avait que trop tardé. C’est dans cette conjoncture que le cardinal Bergoglio fut élu par le collège des cardinaux, ceux-ci ayant été impressionnés par la franchise et la lucidité de l’archevêque de Buenos Aires.

Le journaliste anglais Austen Ivereigh, inconditionnel du nouveau pape, dont il a étudié minutieusement le parcours, est formel : « Jorge Bergoglio est un homme tel qu’on n’en voit qu’un par génération. Il allie deux qualités rarement réunies chez la même personne : il a le génie politique d’un chef charismatique et la sainteté prophétique d’un saint du désert.1 » Succéder à un Jean-Paul II et à un Benoît XVI n’était pas chose évidente. Mais le nouveau pape s’est vite imposé, en vertu des qualités soulignées par son biographe qui insiste par ailleurs sur sa mission de réformateur. N’est-ce pas ce que souhaitait Benoît XVI en déposant sa charge : un pape qui disposerait de l’énergie nécessaire pour changer ce qui empêchait l’Église de réaliser sa mission ?

Cependant, réformer c’est prendre des risques. On s’en est aperçu au moment de Vatican II et à sa suite. Et c’est une constante de l’histoire de l’Église. Consécutives à des crises, les périodes de renouvellements sont elles-mêmes facteurs de troubles et de divisions. Ivereigh marque l’opposition qui existe entre ceux qu’il appelle les réformistes et les rigoristes, de préférence aux progressistes et aux conservateurs. Le Pape, en prenant appui sur les premiers ne risque-t-il pas de mécontenter les seconds, d’autant que les reproches qu’il adresse à la Curie accusent un clivage dont on redoute les effets pour le peuple chrétien dans son ensemble ? Il ne servirait à rien de masquer la réalité de ces divisions. Il nous appartient de prier pour qu’elles n’entament pas profondément la communion ecclésiale. Il nous appartient aussi de restituer la pensée de François dans son intégrité, pour que ne se diffuse pas la confusion que certains répandent avec trop de complaisance.

  1. Austen Ivereigh, François le réformateur. De Buenos Aires à Rome, Éditions de l’Emmanuel, 536 p., 20 €.