Chrétiens d'Orient, résister sur notre terre - France Catholique
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Chrétiens d’Orient, résister sur notre terre

Le livre de Mgr Pascal Gollnisch

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Même Latins nous sommes tous des chrétiens d’Orient. En revanche, nous ne sommes pas en Occident des chrétiens orientaux. Ces derniers, même arrivés depuis longtemps chez nous, ne se reconnaissent pas dans la plupart de nos us et coutumes : la laïcité à la française, la présence musulmane maghrébine et non orientale, la législation qui ne fait pas de cas de la communauté, la sécularisation, autre vocable de la déchristianisation. Ils finissent par les adopter s’ils ont décidé de s’intégrer définitivement. Mais ils abandonnent ainsi tout ce qui constitue leur être. Ils peuvent plus facilement se glisser dans les pays anglo-saxons plus communautaristes mais aussi en Amérique latine plus catholique (on peut estimer qu’environ un tiers des chrétiens orientaux vivent hors du Proche-Orient, sans compter ceux qui ont effacé toute trace). Pour autant ils ont gardé l’image traditionnelle de la France missionnaire qui les a éduqués et de la France officielle gardienne des minorités chrétiennes orientales au sein de l’Empire ottoman. L’image est toujours forte au Liban ou en Terre sainte, auprès des Maronites ou des Latins groupés autour du Saint-Sépulcre, à Bethléem et à Nazareth. Ailleurs, le souvenir est plus lointain et indirect. Or depuis la guerre en Irak et en Syrie, il est surtout question de ces communautés oubliées parce que moins familières aux Français : les Syriaques, les Chaldéens.

Mgr Pascal Gollnisch, directeur de l’œuvre d’Orient depuis cinq ans, a livré son expérience de terrain dans un ouvrage publié aux éditions du Cherche Midi, intitulé comme beaucoup d’autres : Chrétiens d’Orient mais qui se distingue par son sous-titre : résister sur notre terre. L’originalité de sa réflexion consiste en effet dans ce parti-pris de refus de la déportation comme on nommait déjà celle des Assyro-Chaldéens de 1933 et avant eux celle des Arméniens de 1915, car, on l’oublie souvent, les Arméniens sont des chrétiens orientaux, au sens de chrétiens installés au Proche-Orient, dont la terre est l’Orient. « Notre terre » certes peut être mal compris. Il traduit un enracinement, pas un titre de propriété, une origine, pas un instrument de pouvoir. Ce serait tout autre chose s’il fallait imaginer un « Christianistan », une région où les chrétiens seraient regroupés aux fins de protection comme les Arméniens récupérèrent, dans d’étroites frontières, une Arménie aujourd’hui indépendante même si n’y vivent que la moitié des Arméniens.
Car ce qui manque aux chrétiens orientaux ce sont des institutions internationalement reconnues. Le Millet ottoman qui conférait à l’autorité religieuse le gouvernement civil de sa communauté a été aboli. Les Capitulations qui permettaient à la France d’intervenir auprès de la Sublime Porte pour les protéger ont été dénoncées (en 1924 avec le Califat). Qu’est-ce qui leur a succédé ? Au Millet, la démocratie arabe que Mgr Pascal Gollnisch propose d’aider concrètement, ouvrant sur une véritable citoyenneté souhaitée par les chrétiens autant que par la majorité des musulmans; aux Capitulations la diplomatie religieuse du quai d’Orsay qu’il apprécie sans cacher ses désaccords sur la ligne de politique étrangère.

Les interrogations de Mgr Pascal Gollnisch s’inscrivent dans une longue continuité de sollicitude de l’Église et de la Papauté. S’il fallait chercher un motif de réconfort, ce serait de lui répondre que jamais les chrétiens orientaux vivant sur place n’ont été aussi nombreux en chiffres absolus, bien qu’ils aient décliné en pourcentage au Levant (d’environ 25 % en 1914 à moins de 10 % en 1990) alors que la proportion est inchangée en Égypte (10 %). Un second motif, qui n’est pas souvent apprécié à sa juste mesure par les chrétiens orientaux, doit être tiré de la reconnaissance d’Israël par le Saint-Siège en 1993 qui, qu’on soit ou non d’accord et avec toutes les difficultés que l’on connaît, conforte le statut des Lieux saints et des chrétiens qui y vivent. Un troisième motif vient de la paix maintenue au Liban en dépit de toutes les raisons qui devraient y pousser à des affrontements dramatiques, ne serait-ce que l’accueil de 25 % des réfugiés syriens et les divisions claniques calamiteuses du « camp chrétien ».

https://www.cherche-midi.com/livres/chretiens-d-orient

http://www.oeuvre-orient.fr/2016/04/29/chretiens-dorient-resister-sur-notre-terre-pourquoi-un-livre-video/