Célébrer Napoléon - France Catholique
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Van Eyck, l'art de la dévotion. Renouveau de la foi au XVe siècle
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Célébrer Napoléon

On célèbre cette année le bicentenaire de la mort de Napoléon à Sainte-Hélène. L'événement sera-t-il dignement rappelé ou fêté ? De grosse réticences se font sentir. Toute une coalition se dresse contre un personnage et une légende pour elle insupportable. Que penser de cette pureté inflexible ?
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Statue équestre de Napoléon à Rouen.

Statue équestre de Napoléon à Rouen.

© Giogo / CC by-sa

« Sauf pour l’art, sauf pour la gloire, il eut mieux valu que cet homme n’ait pas existé. » Ce mot célèbre de Jacques Bainville au terme de son superbe essai sur Napoléon peut paraître sévère. L’échec sanglant de l’empereur, au terme de son incroyable épopée, justifie sans doute une telle sévérité. Mais l’art et la gloire, ce n’est pas rien, et le même historien soulignait que la légende soigneusement ciselée à Sainte-Hélène hanterait longtemps le souvenir des Français. Pas seulement d’ailleurs. La légende de l’empereur est universelle. Le Figaro qui consacre un éditorial et une double page au bicentenaire de sa mort rappelle le mot de son ennemi Chateaubriand : « Vivant il a raté le monde, mort il l’a conquis. » Oui, même les Chinois se passionnent pour cette figure égale aux plus grandes.

Et pourtant, la célébration du bicentenaire n’a pas que des partisans. Elle a aussi des adversaires résolus, coalisés dans une vindicte sans limite. Ceux-là sont très représentatifs des idéologies qui font fureur jusque dans nos universités. Comment pourrait-on célébrer l’homme qui a rétabli l’esclavage dans nos colonies ? Oui, il est vrai qu’à l’aune des passions actuelles Napoléon n’est pas recevable. Il est le contraire absolu du politiquement correct. Si on laissait faire la légion de ses détracteurs, pas une de ses statues ne resterait en place et la présence de ses cendres sous la coupole des Invalides devrait susciter colère et manifestations.

Je ne puis m’empêcher de trouver cette pureté dangereuse. Cette rage d’éradication va bien au-delà des nécessaires jugements critiques. Elle pourrait bien être à l’origine d’un nouveau totalitarisme, car il n’est pires psychopathes dans l’histoire que ces inventeurs d’une humanité réinventée. Philippe Muray avait déjà tout dit sur les ravages de ce qu’il appelait « l’empire du Bien ».

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 11 février 2021.