Blaise Pascal béatifié - France Catholique
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Saint Benoît, un patron pour l'Europe
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Blaise Pascal béatifié

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Le pape François a fait part au quotidien italien La Repubblica de «  sa conviction personnelle positive  » en faveur d’une béatification de Blaise Pascal, le célèbre apologiste du christianisme. On a tout de suite mis en valeur le fait que ce soit un jésuite qui plaide ainsi la cause de l’auteur des Provinciales, cette satire cruelle de la Compagnie. Mais le génie pascalien dépasse de beaucoup cette polémique et il se rapporte d’abord à une force de conviction spirituelle, qui s’est imposée de génération en génération. Que l’Église catholique, en la personne de son chef, s’interroge sur la nécessité d’en faire un intercesseur parmi les saints doit d’abord retenir l’attention sur sa qualité de penseur chrétien, au carrefour de la raison et de la foi. Certes, nous apprenons par Les Pensées que «  c’est le cœur qui sent Dieu, et non la raison. Voilà ce que c’est que la foi, Dieu sensible au cœur, non à la raison  ». Mais le cœur ainsi entendu est une puissance supérieure qu’on ne doit pas réduire à l’affectivité. Il renvoie à cette part de nous-mêmes réceptive à l’appel de Dieu et à son amour : « On ne croira jamais d’une créance utile et de foi, si Dieu n’incline le cœur ; et on croira dès qu’il l’inclinera. Et c’est ce que David connaissait bien : Inclina cor meum, Deus.  »

Que Pascal ait mis ainsi en évidence un ordre de la charité, qui seul convenait à l’accueil du maître intérieur de saint Augustin, n’impliquait nullement qu’il renonce aux dons de l’intelligence dont la Providence l’avait doté. On sait la valeur du mathématicien, du savant et même son sens pratique, jusqu’à celui du commerce. On sait aussi sa grande culture philosophique et théologique. L’apologiste sait tirer parti de tout cela, ne serait-ce que pour assurer les prolégomènes de la foi. Même s’il sait, comme saint Ambroise, que ce n’est pas par la dialectique qu’il plaît à Dieu d’assurer le salut de l’homme, il ne dédaigne rien de ce qui peut disposer et persuader.

Il y a bien sûr l’objection sérieuse de son jansénisme. Pascal appartient tout entier à Port-Royal, à son histoire, à ses luttes. Il fut totalement engagé à son service, à sa défense. Est-il, pour autant, solidaire de ses dérives doctrinales ? Le débat à ce sujet ne sera jamais définitivement scellé. C’est vrai qu’il y a chez lui un pessimisme de fond qui l’amène à considérer notre nature avec sévérité. Mais pour l’essentiel, il y a chez le penseur du christianisme une perception extrêmement sûre de la foi, qui est liée à son propre cheminement intérieur. On distingue deux conversions de Pascal, la seconde ouvrant à une véritable sainteté de vie que reconnaîtra l’Église, si la cause de sa béatification aboutit. Cette sainteté est fondée d’abord sur son adhésion plénière au mystère du Christ : « Non seulement nous ne connaissons Dieu que par Jésus Christ, mais nous ne connaissons nous-mêmes que par Jésus Christ. Hors de Jésus Christ, nous ne savons ce que c’est ni que notre vie, ni que notre mort, ni que Dieu, ni que nous-mêmes… »

Que l’annonce du pape François est une heureuse nouvelle !