Benoît XVI : un pape écologiste - France Catholique
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Benoît XVI : un pape écologiste

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Au moment où Benoît XVI succédait à Jean-Paul II, en avril 2005, L’Écologiste, une revue franco-britannique, titra « Habemus papam ecologistum ». Elle relevait que le théologien Joseph Ratzinger, un Bavarois sensible aux questions écologiques, avait renoué avec ce thème oublié dans l’Église. Ce n’est, en fait, pas tout à fait exact quand on se souvient que Paul VI avait adressé, en 1972, un message lu lors de l’ouverture du Sommet de la Terre à Rio de Janeiro et que trente ans plus tard, en 2002, Jean-Paul II appelait les chrétiens à « une conversion écologique » en signant, à Venise, avec le patriarche œcuménique de Constantinople, Bartholomée Ier, une déclaration commune pour la sauvegarde de la Création. Mais, avec Benoît XVI, il s’agit d’une préoccupation constante déclinée tout au long de son pontificat et sous de multiples aspects.

Tout d’abord, avant d’adresser des injonctions aux autres, il a voulu que le Vatican montre l’exemple avec l’ambition que le plus petit État du monde devienne neutre en émission de carbone. Certes, s’il n’y a aucune industrie polluante sur les 44 hectares de souveraineté du Saint-Siège, le Pape a fait installer des panneaux solaires pour alimenter la grande salle des audiences qui jouxte la basilique Saint-Pierre, fait transformer la papamobile en véhicule hybride et fait planter une forêt climatique du Vatican en Hongrie, constituant un puits de carbone de 7 000 hectares destiné à compenser les émissions de gaz à effet de serre.

Mais c’est bien sûr dans ses interventions publiques que Benoît XVI a développé sa pensée sur le sujet. Dès le 27 juin 2006, à l’occasion de la première Journée de la sauvegarde de la Création en Italie, il déclarait : « En dialogue avec les chrétiens des différentes confessions, il faut s’engager à prendre soin de la Création, sans en dilapider les services et en les partageant de façon solidaire. » Mais beaucoup ont découvert l’engagement de Benoît XVI, pour l’environnement, par ses paroles du 2 septembre 2007, devant les jeunes Italiens, à Lorette : « L’avenir de la planète, sur laquelle sont évidents les signes d’un développement qui n’a pas toujours su protéger les équilibres délicats de la nature, est confié aux nouvelles générations. » « Avant qu’il ne soit trop tard, il faut faire des choix courageux, qui sachent recréer une solide alliance entre l’homme et la terre », avait ajouté le Pape à cette occasion. Et son message de paix du 1er janvier 2008 insistait encore : « Il est fondamental de  » penser  » la terre comme  » notre maison commune. » » Cela veut dire que « les pays technologiquement avancés doivent revoir leurs habitudes exagérées en matière de consommation d’énergie, liées au modèle actuel de développement ». Chacun est invité à « s’engager (…), dans le but de renforcer l’alliance entre l’être humain et l’environnement, qui doit être le miroir de l’amour créateur de Dieu, de qui nous venons et vers qui nous allons ». En novembre 2009, il se rendait à la FAO, l’organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation dont le siège est à Rome. « Il est nécessaire de contester le recours à certaines formes de subventions qui perturbent gravement le secteur agricole », soulignait-il, fustigeant l’égoïsme et la spéculation céréalière. S’exprimant, en juin 2011, devant les nouveaux ambassadeurs accrédités auprès du Saint-Siège, il déclarait : « L’homme, à qui Dieu a confié la bonne gestion de la nature, ne peut pas être dominé par la technique et devenir son sujet. Adopter en tout une manière de vivre respectueuse de l’environnement et soutenir la recherche et l’exploitation d’énergies propres qui sauvegardent le patrimoine de la création et sont sans danger pour l’homme, doivent être des priorités politiques et économiques. » Peu avant son départ, le 2 février dernier, le Pape envoie encore un message de soutien à l’IFAD, le fond international de développement agricole dont le conseil des gouverneurs est réuni dans la capitale italienne. Benoît XVI salue l’organisation qui fait passer le développement durable avant la simple assistance, vante la culture du don et le principe de gratuité.

De l’écologie, Benoît XVI en a donc parlé tout le long de son pontificat. Alors que les experts internationaux tiraient la sonnette d’alarme, le Pape a placé l’écologie au cœur des sujets prioritaires de l’Église catholique. Pour autant, il n’a pas succombé à une mode écologique. Sa problématique relève avant tout de la théologie, du spirituel et de la morale. Pour Benoît XVI, la question environnementale embrasse une très vaste dimension, celle du respect de la vie et de la sauvegarde de l’œuvre de Dieu : la Création. Une écologie de l’homme qui prend racine dans un développement humain intégral théorisé dans son encyclique Caritas in Veritate (2009). « Lorsque l’Église catholique prend la défense de la Création, œuvre de Dieu, elle ne doit pas seulement défendre la terre, l’eau et l’air (…) mais aussi protéger l’homme contre sa propre destruction », argumente Benoît XVI. « Il existe aussi une écologie de l’homme. L’homme aussi possède une nature qu’il doit respecter et qu’il ne peut manipuler à volonté. L’homme n’est pas seulement une liberté qui se crée de soi », précise-t-il, en septembre 2011, devant le Bundestag, sous les applaudissements des députés allemands.

C’est ce que Benoît XVI appelait l’écologie humaine (« L’écologie humaine est une nécessité impérative », avait-il martelé dans son discours précité de juin 2011) et ce n’est pas le moindre de son legs à l’humanité.