Benoît XVI prophète - France Catholique
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Van Eyck, l'art de la dévotion. Renouveau de la foi au XVe siècle
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Benoît XVI prophète

Traduit par Claude

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Au cours de son dernier voyage en Allemagne, à Fribourg en Brisgau, les 24 et 25 septembre 2011, le pape Benoit XVI s’est adressé à deux reprises aux évêques, au clergé et aux responsables laïcs allemands. Des compte-rendus de l’époque indiquent que l’accueil par l’assistance n’a pas été bon. Cependant, en perspective de la crise actuelle, ils apparaissent prémonitoires. Ci-dessous se trouvent de longs extraits de ces deux interventions:

« Nous vivons à une époque largement caractérisée par un relativisme subliminal qui pénètre tous les aspects de la vie. parfois ce relativisme devient agressif, lorsqu’il oppose ceux qui disent qu’ils savent où se trouvent la vérité et le sens de la vie ».

« Et nous constatons que ce relativisme exerce de plus en plus d’influence sur les relations humaines et sur la société. Ceci est reflété, parmi d’autres choses, dans l’inconstance et la fragmentation de la vie de beaucoup de personnes et dans un individualisme exagéré. Beaucoup ne semblent plus capables de toute forme d’abnégation ou de faire un sacrifice pour les autres. Même l’engagement altruiste au bien commun, dans les sphères sociales et culturelles ou au profit des nécessiteux est en déclin. D’autres sont tout à fait incapables de s’engager sans réserve pour un partenaire unique. On a du mal à trouver le courage de promettre d’être fidèle pour la vie entière; le courage de prendre une décision et de dire: maintenant je t’appartiens totalement, ou de prendre une position ferme de fidélité et de sincérité, et de chercher honnêtement un solution à leurs problèmes ».

« L’Eglise en Allemagne est magnifiquement organisée. Mais derrière les structures, y a t il également une force spirituelle équivalente, la force de la Foi dans le Dieu vivant? Nous devons admettre honnêtement que nous avons plus que le nécessaire en tant que structure, mais insuffisamment en terme d’Esprit. J’ajouterais: la véritable crise à laquelle l’Eglise fait face dans le monde occidental est une crise de foi. Si nous ne trouvons pas le moyen de renouveler authentiquement notre foi, toutes les réformes structurelles resterons inefficaces ».

« Si l’Eglise, selon les paroles du pape Paul VI, se bat actuellement pour se « modeler sur l’idéal du Christ », cela ne pourra se faire qu’en agissant et en pensant de façon tout à fait différente du monde qui l’entoure, que cependant elle s’efforce d’influencer. (Ecclesiam Suam,58). Afin d’accomplir sa mission, elle devra encore et encore se positionner à part de son environnement pour devenir d’une certaine manière hors de ce monde ».

Dans l’histoire concrète de l’Eglise, cependant, une tendance contraire s’est aussi manifestée, à savoir que l’Eglise fait de l’auto-satisfaction, s’installe dans ce monde, devient auto-suffisante et s’adapte aux standards du monde. Il n’est pas rare qu’elle donne plus de poids à l’organisation et à l’institutionnalisation qu’à sa vocation d’ouverture vers Dieu, sa vocation d’ouvrir le monde vers son prochain. »

« Afin d’accomplir sa tâche correctementnt l’Eglise doit constamment renouveler son effort pour se détacher de sa tendance mondaine et de nouveau s’ouvrir vers Dieu. En cela elle suit ces mots de Jesus : « Ils ne sont pas de ce monde, de même que je ne suis pas de ce monde. (Jean 17 : 16) et précisément de cette manière, Jésus se donne lui-même au monde. On pourrait presque dire que l’histoire vient en aide à l’Eglise ici à travers les différentes périodes de sécularisation, qui ont contribué de façon significatives à sa purification et sa réforme interne ».

« Les tendances de sécularisation – que ce soit par l’expropriation des biens de l’Eglise, ou la suppression de privilèges, ou autres similaires – ont toujours signifié une profonde libération de l’Eglise des formes de matérialisme, car dans ce processus elle a dû mettre de côté sa richesse matérielle et à nouveau étreindre sa pauvreté matérielle. »

« L’histoire a montré que, lorsque l’Eglise devient moins de ce monde, son témoignage missionnaire brille de façon plus lumineuse. Une fois libérée des fardeaux matériels et politiques et des privilèges, l’Eglise peut atteindre plus efficacement, et de manière plus véritablement chrétienne, le monde entier, Elle peut être plus véritablement ouverte au monde. Elle peut vivre plus librement sa vocation de ministre de l’adoration divine et de service du prochain ».

« Ici n’est pas ici le lieu pour trouver une nouvelle stratégie pour relancer l’Eglise. Plutôt, il est question de mettre de coté une simple stratégie et de chercher une totale transparence, sans mettre entre parenthèse ou ignorer la moindre vérité sur notre présente situation, mais vivre la foi pleinement ici et maintenant dans la sobre lumière du jour, en se l’appropriant pleinement, et en la dépouillant de tout de ce qui semble seulement appartenir à la foi, mais qui, en vérité, n’est que simple convention ou habitude ».

« Pour le dire d’une autre manière : pour les gens de chaque époque et pas seulement de la nôtre, la foi catholique est un scandale. Que le Dieu éternel nous connaisse et nous aime, que l’intangible puisse à un moment particulier être devenu tangible, que celui qui est immortel est dû souffrir et mourrir sur la Croix, et que nous qui sommes mortels puissions recevoir la promesse de la résurrection et de la vie éternelle – pour les personnes de n’importe quelle époque, cela revient à croire à une proclamation audacieuse »

« Ce scandale, qui ne peut être éliminé à moins d’éliminer aussi le Christianisme, a malheureusement été occulté dans un passé récent, par d’autres scandales pénibles de la part de prédicateurs de la foi. Une situation dangereuse se fait jour quand ces scandales prennent la place du principal scandale, celui de la Croix, et ce faisant le placent hors de portée, occultant les véritables appels de l’Evangile chrétien derrière l’indignité de ceux qui le prêchent.

Source : https://www.thecatholicthing.org/2018/08/11/benedict-xvi-prophet-2/

Photo : Fribourg-en-Brisgau le 25 septembre 2011.

A propos de l’auteur: Le père Robert P. Imbelli

Robert Imbelli, prêtre de l’Archidiocèse de New York est Professeur agrégé de Théologie Emeritus au Boston Collège. Il est l’auteur de « Rekindling the Christic Imagination : Theological Meditation for the New Evangelisation (http://astore.amazon.com/thecatthi-20/détail/bookN4F6JLW).