Béni sois-tu, confessionnal ! - France Catholique
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L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
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Béni sois-tu, confessionnal !

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G.K. Chesterton attendit presque un demi-siècle avant de décider de secouer de ses pieds la poussière anglicane, mais quand il se résolut finalement à devenir catholique romain, ses raisons étaient tout à fait simples : « Pour être débarrassé de mes péchés. »

C’est aussi pourquoi moi, autre grand pécheur assurément, j’ai choisi de rester catholique. Par quel autre moyen peut-on retourner à l’état d’un bébé né il y a cinq minutes ? Comme Georges Bernanos avait l’habitude de le dire : « Cinq minutes de Paradis vont régler toutes choses. » Pourquoi pas une avant-première avant que le spectacle commence ?

D’ailleurs, ne sommes nous pas tous pécheurs ? Sinon, pourquoi me demande-t-on de me frapper la poitrine au commencement de la messe ? Ce n’est sûrement pas la faute de mon voisin si je suis tombé dans le péché. Péché grave, même, qu’en redisant la formule prescrite, je reconnais librement : « en pensées, en paroles, par action et par omission. »

De cette façon je peux me tourner vers Dieu pour demander pardon, suppliant les anges et tous les saints et aussi mes frères et mes sœurs, de me porter dans la prière de peur d’être tenté de refuser la propriété de ces péchés. « Que le Dieu Tout Puissant », supplié-je, joignant la voix à celle de tous les membres de l’Eglise militante, « nous fasse miséricorde, qu’il nous pardonne nos péchés et nous conduise à la vie éternelle.

Si vous y réfléchissez, il y a seulement deux chemins à prendre quand vous vous trouvez vous-même dans l’impasse. Ou bien vous niez votre situation, ou vous confessez librement l’impasse où vous êtes, et vous allez chercher une libération immédiate et bénie. Il n’y a pas de troisième voie, pas de place pour manœuvrer entre les deux presse-livres de la complète négation ou de l’acceptation totale de l’impasse dans lequel vous vous êtes mis.

Il n’est certainement pas question de le refiler à quelqu’un d’autre. Bien qu’il soit tentant de refiler à vos parents ou aux politiciens – pour ne pas citer votre femme ou votre mari – la faute, quelle qu’elle soit, qui est la vôtre, la tentation n’est pas saine. Et au bout du compte elle ne sera pas satisfaisante. Il faut y résister parce que la responsabilité revient toujours à soi. Comme il avait raison, Chesterton, quand les rédacteurs du journal qu’il lisait régulièrement lui demandaient : « Qu’est-ce qui ne va pas dans le monde ? », et qu’il répondait : « Moi. »

Il y a peut-être peu de plaisirs – pour des catholiques de toute façon – aussi vifs que d’entendre le prêtre annoncer – dans l’anonyme obscurité du confessionnal : « Je vous donne l’absolution de vos péchés. » Ce qu’il fait, nous catholiques continuons à la croire, avec l’accent véritable de Jésus Christ. Ainsi libérant l’âme de tout ce qui l’avait auparavant encombrée, immergeant toute chose dans une immense mer de miséricorde.

Que pourriez-vous demander de plus que de retrouver cette splendeur pour lequel nous sommes nés ? Cela vous laisse positivement stupéfié tandis que vagues après vagues la gratitude vient inonder l’âme libérée de toute faute. Ce n’est pas seulement un don qui continue à se donner, mais un don que vous ne pourriez jamais donner vous-même.

J’aime la façon dont le poète italien Cesare Pavese le dit : « La seule joie dans le monde est de commencer. C’est beau de vivre parce que vivre c’est commencer, toujours, à chaque instant. » A chaque moment l’âme absoute émerge de la boite à remèdes, brillante et luisante comme un sou neuf, c’est comme si venions de nous baigner dans la lumière de Dieu ;

« L’homme sur lequel Dieu se prodigue », écrit Adrienne Von Speyr, « devrait être saisi de vertige au point de ne voir que la lumière de Dieu et non plus ses propres limites, sa propre faiblesse. » Nous devons vraiment essayer, insiste-t-elle, «  de devenir de simples receveurs, les bras grand ouverts mais pourtant incapables de saisir, parce que la lumière traverse toute chose et reste intouchable, consistant en bien davantage que ce que notre propre effort pourrait recevoir. »

Cela finit par être une question de volonté. Il y a quelques années je me trouvais dans un studio de TV où, avec un couple de collègues, nous écoutions avec une profonde attention une histoire que racontait feu le père Benedict Groeschel. Un jeune homme, luttant avec un péché dont il ne pouvait sortir, dit au père Benoît deux choses que je n’oublierai jamais :

L’une, de pas cesser de prier pour lui. « Je peux quelque jour vouloir sortir de cet enfer », lui dit-il. « Aussi, s’il vous plaît, ne m’abandonnez pas. » Et l’autre ? « Ne changez pas les règles. » En d’autres termes, ne banalisez pas le sérieux de la situation dans laquelle je me trouve en décidant, un jour, que les péchés que je peux commettre et qui sont le résultat de ce désordre, ne sont plus des péchés.

N’est-ce pas pratiquement la difficile situation que nous avons devant nous ? Que nous sommes non pas où nous devrions être, et que, pour arriver à l’endroit où nous ne sommes pas, nous avons d’abord à en reconnaître le fait, et ensuite à nous mettre en ; marche dans la bonne direction. ?

N’est-ce pas ce que Chesterton avait en tête quand, réalisant finalement les insuffisances de la théologie anglicane, il devint catholique ? « Pour être débarrassé de mes péchés. »

https://www.thecatholicthing.org/2017/01/21/o-blessed-box/