Dans la bataille qui oppose les deux camps vainqueurs du 23 avril, celui de la colonne « en marche » venue de Hollande sous la bannière d’Emmanuel Macron, et celui des gars de la Marine du « Front National », la perspective des dépouilles et des trophées attire une nuée de prédateurs, pressés de galoper au secours de la victoire pour avoir leur part du butin.
Resté presque seul à garder le vieux totem gaullien du Grand Charles, dans l’Aube au pied de la Croix de Lorraine, François Baroin voudrait sauver la tribu menacée des « Républicains ». Une tribu décimée par une récente défaite électorale, qui a donné lieu à un lynchage en règle de son Grand Sachem Fillon à peine élu, traqué jusque sur les rives de la Sarthe par des plumitifs et des mercenaires d’un camp rival.
Baroin a prévenu les gens de sa tribu : tous ceux qui seraient surpris à « se rapprocher » du camp FN des naufrageurs Le Pen seront considérés comme des déserteurs et bannis. Mais, pour faire bonne mesure, le dernier des Mohicans « Républicains » a proclamé que ceux qui auraient rallié le camp Macron seraient également exilés comme traîtres à la tribu… Les guerriers Raffarin, Estrosi, Sarkozy et Bertrand seront-ils scalpés pour être si vite passés à l’ennemi ? Et NKM, cette incontrôlable squaw ?
Le nouveau Grand Sachem Baroin s’est écrié fièrement : « Emmanuel Macron a gagné la bataille de l’ambiguïté. Il perdra la bataille de la clarté »… Mais tout en parlant de déterrer la hache de guerre, François Baroin garde à côté de lui le calumet de la paix : si des troupes macronisées entraient en Champagne, la guerre de Troyes n’aurait sans doute pas lieu. On pourrait s’entendre pour gouverner ensemble à Paris, espère-t-il, chacun campant sur une des rives opposées de la Seine…
