Bangladesh : entre laïcité et islamisme - France Catholique
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Bangladesh : entre laïcité et islamisme

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Le 9 juin dernier, le Conseil de l’unité des chrétiens, boud­dhistes et hindous du Bangladesh a demandé un retour à la constitution laïque de 1972, base de l’unité du pays. Cette laïcité est en effet bafouée depuis qu’en 1988, un 8e amendement a stipulé, en son article 2A, que « La religion d’État de la République est l’islam, mais d’autres religions peuvent être observées en paix et dans l’harmonie au sein de la République». Depuis lors, la situation des minorités religieuses se dégrade chaque année un peu plus et, dans de nombreux esprits, « le Bangladesh est devenu un État islamiste », explique Rosaline Costa, coordinatrice de la « hotline » de Human Rights Bangladesh.

Le problème ne vient pas de l’amendement en lui-même. Celui-ci peut même rassurer par sa réaffirmation du droit à exercer toute religion. Le danger vient de l’instrumentalisation de ce 8e amendement par les islamistes et une partie du personnel politique qui convainquent une population analphabète (60% de la population ne sait ni lire ni écrire) que le Bangladesh est aujourd’hui un État islamiste.

Au recensement de 2001 on comptait 89% de musulmans sunnites, se réclamant de l’école hannafite, 9% d’hindouistes et une présence marginale d’animistes, de chrétiens, de bouddhistes ou d’adeptes de la secte Ahmadiya. Mais cette écrasante majorité musulmane ne saurait justifier que les minorités religieuses ne soient pas respectées.

Après les élections législatives de 2001, un grand nombre d’hindoues avaient été violées et tuées. Rosaline Costa explique que, dans ce pays, des fondamentalistes musulmans consi­dèrent le viol comme « l’instrument numéro un pour ‘nettoyer’ les communautés minoritaires ».
Les chrétiennes ne sont pas épargnées, comme l’a rappelé la Bangladesh Christian Association, le 7 juin dernier, où elle a appelé chrétiens, hindous et musulmans à manifester à Toomilia, pour demander l’arrestation des meurtriers de Bituny Asru D’Silva, une fille de 14 ans, violée le 30 avril dernier avec sa mère à leur domicile.

Les catholiques du Bangladesh aiment à rappeler qu’ils ont été évangé­lisés par saint François-Xavier au XVIe siècle. Aujourd’hui les 6 circonscriptions ec­clésiastiques rassemblent 170 prêtres diocésains et 130 prêtres religieux ainsi que 915 religieuses. Les vocations lo­cales sont en constante augmentation, « un grand signe d’espérance », comme l’a souligné récemment Mgr Paulinus Costa, archevêque de Dacca, interrogé par l’agence Fides à l’occasion de la visite ad limina des évêques bengalais au Pape, du 9 au 14 juin.

« Nous sommes Bengalais et sentons notre appartenance au peuple bengali, mais en tant que chrétiens nous sommes appelés à faire connaître aux autres nos valeurs, celles de l’Évangile », a dit Mgr Costa. Les catholiques ont d’ailleurs un rôle fondamental dans l’instruction du pays avec 674 instituts (écoles primaires, collèges et lycées). L’Église catholique se charge également d’une assistance médicale auprès de ceux que l’État délaisse.

La vitalité de la communauté catholique et de ses 1 421 catéchistes, n’est donc pas affaiblie par les pressions islamistes. Elle a d’ailleurs de bons rapports avec la majeure partie de la communauté musulmane.

L’Église du Bangladesh veut devenir missionnaire au sein de son pays qu’elle aime tant et dans le monde entier. Benoit XVI a rappelé l’importance du dialogue interreligieux et de la mission de l’évangélisation pour l’unité et pour la paix au Bangladesh: « Je connais bien les difficultés de la mission que je vous ai confiée. Comme les premiers chrétiens, vous vivez en petite communauté au milieu d’une vaste population non chrétienne. Votre présence est le signe que la prédication de l’Evangile, qui a commencé à Jérusalem et en Judée, se poursuit en se répandant jusqu’aux extrémités de la terre en accord avec le destin universel que le Seigneur a voulu lui donner ».