« Aux armes de lumière ! » - France Catholique
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« Aux armes de lumière ! »

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Et si je chantais la Marseillaise à la messe ?

Aéroport Ben Gourion. Lundi matin. Hymnes nationaux. Mais qu’est-ce que j’entends ? Je murmure intérieurement : un cantique ! Non, je dois le reconnaître, je ne sais pas les paroles de « Ha Tikva », « l’Espérance », l’hymne national israélien.

Mais ce qui monte à mes lèvres c’est « Ô prends mon âme, prends-la Seigneur ». Et je m’impose le silence, saisie par l’indécence de ce qui se passe : l’appropriation de l’hymne national juif par un cantique catholique.

Je me surprendrais peut-être encore longtemps à murmurer intérieurement « Ô prends mon âme » quand un champion israélien gagnera une médaille d’or. Mais désormais je sais que les paroles de « Ha Tikva », sont de Naphtali Herz Imber (1878) et la musique de Samuel Cohen (1888), sur une ancienne mélodie peut-être italienne à l’origine.

On ne peut que déplorer cette appropriation indue dans les carnets de chants des paroisses. Parce que la sensibilité juive est trop souvent agacée par ces appropriations chrétiennes de son patrimoine. Respect de ce qui est leur.

Parce que cela signifie une méconnaissance de l’histoire de cette musique et de son sens pour les juifs et l’Etat hébreu. L’hymne a été choisi comme hymne « national » en 1897 par le Premier congrès sioniste, puis de façon non officielle par le jeune Etat hébreu en 1948, et officiellement seulement en 2004 par l’Etat d’Israël.

Si donc, en lisant France Catholique, ils rendent compte qu’en chantant « Ô prends mon âme, prends-la Seigneur », leur paroisse chante un chant sioniste, nos bons curés vont convoquer l’équipe liturgique et faire une demande d’exclusion du chant. Bravi ! Respect !

La mélodie est belle, elle a été ré-adaptée dans les églises catholiques en France, avec traductions et exportations mondiale au fur et à mesure de l’expansion des communautés où elle était chantée ou des rassemblements internationaux de jeunes à Lourdes, à Rome, et les JMJ !

La distance avec son origine est telle que les responsables de la liturgie des paroisses vous regardent avec ébahissement lorsque vous leur révélez que le chant de communion est l’hymne national israélien.

Vous réveillez aussi du même coup un vieux germe d’anti-sémitisme qui aboutit le plus souvent à un ferme  « non », confirmant l’appropriation : eh bien, puisque c’est une mélodie qui était du domaine public, nous aussi on peut en faire ce qu’on veut.

Il faut toujours essayer de se mettre à la place des autres disait Dale Carnegie qui recommandait de s’intéresser sincèrement aux autres pour améliorer nos relations.

Que dirait-on, si, sur la Marseillaise – dont des historiens de la musique disent que l’air principal est bien celui d’un chant de messe, tandis que d’autres font remarquer la parenté avec l’allegro maestoso du concerto pour piano n° 25 de Mozart, ce qui n’est pas incompatible – on s’avisait de composer un nouveau chant religieux pour le chanter dans les fêtes musulmanes, bouddhistes ou dans les synagogues ? Un ministre interviendrait. Voire un président.

Je me souviens de ce jeunes ados créatifs qui avaient mis en musique sur l’air de la Marseillaire le chapitre 6 de l’Epître aux Ephésiens « Aux aaaaarmes de lumière ! Teneeeez vous donc debout ! » Mais c’était un truc pédagogique pour faire mémoriser saint Paul. Ils ne l’ont pas enregistré officiellement comme l’hymne de l’année paulinienne !

Le dialogue religieux avec le Judaïsme passe aussi par ces délicatesses du cœur qui sont plus apprécies que les grands gestes. A petit renoncement gros effets.

NB