Année sacerdotale : prions pour les naissances ! - France Catholique

Année sacerdotale : prions pour les naissances !

Année sacerdotale : prions pour les naissances !

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Le Saint-Père est silencieux. Cette semaine, il n’a fait publier que deux messages. Il a secoué les consciences après les meurtres de chrétiens à Mossoul. Il a dit son émotion et sa prière après la catastrophe qui a frappé Madère.

Benoît XVI et ses collaborateurs de la curie romaine sont en retraite comme chaque année au début du carême, le dimanche qui suit le Mercredi des Cendres et jusqu’au samedi suivant.

Le Pape a confié à un Salésien de don Bosco italien de guider la retraite : le P. Enrico Dal Covolo. Et, en cette année sacerdotale, où l’on célèbre le 150e anniversaire de la naissance au ciel du bon curé d’Ars, le thème en est tout naturellement le sacerdoce ministériel, avec ces deux pistes d’investigation : qu’en dit l’Ecriture et qu’en disent les saints dans l’histoire de l’Eglise ?

L’un des points soulevés par le P. Dal Covolo est le remède à la « crise » des vocations. Une crise qui pèse lourdement sur les épaules de nos prêtres, et pourtant le nombre des prêtres catholiques ne cesse d’augmenter, légèrement, dans le monde. Il faut y regarder de plus près et la parution de l’annuaire pontifical 2010 offre quelques précisions.

Le nombre de prêtres catholiques, diocésains et religieux, a augmenté de 1% entre 2000 et 2008 en passant de 405.178 en l’an 2000 à 408.024 en 2007 et 409.166 en 2008.

Le clergé européen continue d’être le plus nombreux, bien que sa proportion diminue dans le monde (47,1% en 2008, mais 51,5 % en 2000) ; le clergé américain représente 30% du nombre de prêtres, le clergé asiatique 13,2%, le clergé africain 8,7% , et les prêtres d’Océanie 1,2%.

Le nombre de candidats au sacerdoce est lui aussi en augmentation, passant de 115.919 en 2007 à 117.024 en 2008 (soit également 1% de plus en deux ans). L’augmentation se fait davantage sentir en Afrique (3,6%), et en Asie (4,4%) mais aussi en Océanie (6,5%), tandis que l’Europe enregistre une diminution de 4,3%, et que l’Amérique est stationnaire.

Et au niveau global, le nombre des baptisés dans l’Eglise catholique entre 2007 et 2008 est passé de 1.147 à 1.166 millions, soit 19 millions de plus, soit 1, 7 %. La population mondiale étant passée de 6,62 a 6,70 milliards, le pourcentage des catholiques est passé de 17,33 à 17,40 % de la population mondiale.

Une réflexion s’impose : si la crise des vocations a des racines spirituelles, force est de constater qu’elle correspond à la crise de la natalité. Ne pourrait-on suggérer que les mêmes remèdes vaudront donc et pour les familles chrétiennes et pour les vocations sacerdotales ou à la vie consacrée ?

Le Père Dal Covolo suggère un retour à la « dimension contemplative » de la vie chrétienne : prière, sacrements, méditation de la Bible. N’est-ce pas ce à quoi aspirent nos familles, mangées, en Occident, par un rythme et un style de vie qui étouffe la respiration de l’âme ?

La lecture du « Journal d’une amitié. La famille Poltawski et Karol Wojtyla » de Wanda Poltawska*, fille spirituelle, mais encore plus « petite sœur » spirituelle du grand Karol est à ce titre un véritable bain de jouvence. Des exercices spirituels en pleine nature, une école de méditation à l’écoute du Créateur, nourrie de l’eucharistie dans les chapelles naturelles des grands bois, une communion fraternelle unique, limpide comme ces torrents des montagnes polonaises. Une fraternité qui obtient de la miséricorde divine, par la prière du saint Padre Pio la guérison de la « sorella ».

Je me suis souvenue du Message de Jean-Paul II aux prêtres pour le Jeudi Saint, en l’Année internationale de la Femme, en 1995. J’avais été frappée par sa façon de proposer aux prêtres de découvrir que la femme n’est pas seulement une « fille » spirituelle, ou une « mère », mais qu’elle peut être aussi une « sœur ». On comprend, par leur correspondance, comment cette relation fraternelle a été vécue de façon authentique et pure. Le pape parlait de l’expérience du prêtre Karol, du « frère ». Et par sa sollicitude pour le progrès spirituel de cette famille, il indique un chemin de vie en quelque sorte « contemplative ».

Qu’on ne s’y trompe pas : Mme Poltawska, jeune résistante, rescapée de Ravensbrück où elle a été soumise par la cruauté nazie à des expériences pseudo-médicales criminelles, et où, devant le massacre des innocents, elle s’est promis de toujours se battre pour la vie des petits enfants, médecin, mère de famille, n’a guère chômé. Mais une respiration profonde anime cette activité intense.

La crise des vocations n’est-elle pas, profondément, une crise de la famille ? Le pape de la Famille l’a vu. Et lorsque de saintes religieuses se désolent de ne pas avoir de « relève », je leur suggère qu’ailleurs, il y a des vocations : l’offrande de leur vie est féconde, de toute façon, les statistiques de l’Eglise le disent ! Mystérieusement, sous d’autres formes, mais elles portent l’Eglise par leur fidélité, féconde. Et puis je les invite à prier pour les naissances ! Dans les pays à forte natalité, il y a des vocations… Certes, me direz-vous, les parents de Mgr André-Joseph Léonard, ayant quatre fils, les ont vu devenir quatre prêtres diocésains. Cela aussi est vrai, et rarissime.

Le P. Dal Covolo suggère une seconde voie pour favoriser l’éclosion des vocations. Ce fils de don Bosco suggère une « sollicitude éducative » pour que les jeunes qui commencent à percevoir la voix du Maître qui appelle puissent faire des « expériences significatives » de don d’eux-mêmes et de service des autres. Le concile Vatican II, dans un passage où l’on reconnaît la plume de l’archevêque de Cracovie, évoque ce don de soi qui étanche la soif de bonheur : « L’homme, seule créature sur terre que Dieu a voulue pour elle-même, ne peut pleinement se trouver que par le don désintéressé de lui-même » dit la constitution conciliaire « Gaudium et Spes » (n. 24, § 3), à propos du « Caractère communautaire de la vocation humaine dans le plan de Dieu ».

Renversement de logique. Benoît XVI, dans son message de carême, dénonce celle des accapareurs. Un égoïsme qui peut se révéler meurtrier. Comment franchir le gouffre ? Le don de soi, ou la mort de l’autre. Et si, en cette année placée sous la protection de S. Jean-Marie Vianney, la Miséricorde divine nous accordait à nous, ces 17,40 % de la population mondiale, de vivre profondément notre vocation baptismale de « peuple sacerdotal » ? Les vocations couleraient de source.

La congrégation pour le Clergé annonce que la rencontre internationale des prêtres qui conclut l’année sacerdotale, à Rome, les 9, 10, et 11 juin, autour de la solennité du Cœur du Christ, est ouverte aux prêtres, aux diacres, mais aussi aux baptisés qui « sincèrement, et avec un esprit évangélique authentique, perçoivent l’importance particulière de la prière pour le soutien spirituel et la sanctification du Clergé ». Voilà peut-être une forme de cette « fraternité spirituelle » dont parle le « Frère » de Wanda Poltawska.

NB

* En italien, Wanda Poltawska, « Diario di un’amicizia. La famiglia Poltawski e Karol Wojtyla », éditions San Paolo, 637 pages.