Accord entre Rome et Pékin pour la nomination d’évêques - France Catholique
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Accord entre Rome et Pékin pour la nomination d’évêques

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Le Saint-Siège a annoncé ce samedi un accord préliminaire avec le gouvernement de Pékin sur la nomination des évêques en Chine : cet accord met fin à un contentieux récurrent depuis 1957, date de la séparation forcée des catholiques chinois avec Rome.

Comme l’a précisé le directeur de la Salle de presse du Saint-Siège, « l’objectif de l’accord n’est pas politique mais pastoral : il va permettre aux fidèles d’avoir des évêques en communion avec Rome et reconnus, dans le même temps, par les autorités chinoises ». Toutefois, comme une sorte de contrepartie, le Pape François a fait savoir qu’il acceptait de reconnaître dès à présent sept évêques nommés unilatéralement par le régime avant son élection : de la sorte, ils cessent d’être considérés comme excommuniés, contrairement à des cas précédents. En outre, un nouveau diocèse catholique va être créé en Chine continentale.

L’époque du communisme naissant des années 50 avait vu la création d’une « Association patriotique » encadrant les croyants de façon exclusive, conformément au principe de la « triple autonomie » contraignant toute association chinoise à être totalement indépendante de toute organisation étrangère en matière d’administration, de financement et de développement. A la suite de l’expulsion du nonce apostolique dès 1951, cette politique d’isolement avait coïncidé avec le bannissement ou la mise à mort de tous les missionnaires étrangers. En octobre 1954, dans son encyclique « Ad Sinarum gentem », le Pape Pie XII avait jugé souhaitable l’autonomie d’administration des catholiques chinois, mais dans la soumission loyale à Rome, et il avait dénoncé le « Mouvement des trois autonomies » comme l’institution d’une Eglise nationale contraire à l’universalité catholique.
De cette situation était née la cassure de la communauté catholique chinoise entre une Eglise officielle acceptant d’entrer dans le cadre de l’« Association patriotique » et une Eglise « clandestine », ou plus exactement réfractaire, qui a eu ses martyrs et ses héros, comme le cardinal jésuite de Shanghai Ignace Kung Pin Mei, resté trente ans en prison plutôt que de rompre son allégeance avec Rome.

Cependant, les papes Jean-Paul II et Benoît XVI ont appelé à la réconciliation des deux communautés catholiques chinoises, l’officielle et la « clandestine ». Jean-Paul II l’a fait à deux reprises, d’abord en 1994, à l’occasion des 700 ans de l’arrivée à Pékin du missionnaire franciscain Jean de Montecorvino, puis en janvier 1995 lors du rassemblement géant des Journées mondiales de la jeunesse de Manille : tout en rendant hommage aux témoins de la fidélité à Rome et en soulignant l’exigence de la communion avec l’Eglise universelle, il avait appelé tous les catholiques de Chine « à la fidélité, à la compréhension et à la réconciliation ». Il avait confirmé à ce propos que plusieurs évêques « officiels » de Chine lui avaient manifesté des signes de sympathie.

En mai 2007, dans une « lettre aux catholiques chinois », Benoît XVI avait lui aussi appelé à la réconciliation entre les deux Eglises.

Aujourd’hui, le Pape François espère créer une dynamique nouvelle pour l’ensemble de l’Eglise de Chine : par cet accord ecclésial, même au risque de décevoir certains catholiques « clandestins », et sans passer par la voie politique diplomatique d’Etat à Etat entre le Vatican et le gouvernement de Pékin, il souhaite donner un élan commun à ces communautés aujourd’hui morcelées.