L’Avent, où les fidèles se préparent à l’avènement du Sauveur et à la grâce d’une nouvelle naissance divine en eux, est aussi un temps favorable pour observer les signes de renouveau de la foi, même timides, dans une France qui ressemble par endroits à un vrai désert spirituel. L’actualité nous en offre deux : le succès inattendu du film Sacré-Cœur, et la hausse des baptêmes d’adultes (FC n° 3922). Cela ne change pas (encore) la donne de la sécularisation, mais indique une orientation très nette pour l’avenir : la foi catholique n’est pas morte, et elle continue d’attirer. Au plan spirituel, en gagnant les cœurs et les consciences des jeunes, et aussi de manière culturelle et civilisationnelle, lorsque l’on reconnaît ce que l’Église a apporté au cours des siècles.
Une page se tourne
Bref, nous changeons d’époque. La page de l’enfouissement est en train de se tourner, où il fallait surtout ne pas afficher de signes distinctifs de la foi pour être le « levain dans la pâte ». Certes, toute stratégie est bonne à prendre, mais il faut bien constater que celle-ci n’a pas obtenu de résultats probants, si l’on s’en tient aux grandes statistiques des baptêmes, en chute libre depuis plus de vingt ans… Le profil de ces nouveaux baptisés est à cet égard éloquent : une grande partie souhaite à l’inverse une affirmation claire et publique de l’identité chrétienne, dans une société qui l’est de moins en moins.
Une preuve éclatante de ce changement a été fournie par la réaction des catholiques aux différents tirs de barrage contre le film Sacré-Cœur, refusant qu’on leur dicte leur conduite pour sacrifier à la sacro-sainte « laïcité à la française ». La bonne nouvelle est donc que cette fois, l’intimidation n’a pas eu l’habituel effet anesthésiant sur les fidèles. Au contraire. Par un retour de balancier et une saine réaction, ils ont en quelque sorte « voté » avec leur billet de cinéma, faisant de ce documentaire un des succès de la décennie dans sa catégorie. Et les chiffres ne disent pas tout : il faut lire les témoignages bouleversants de conversions suscitées par le film pour s’en convaincre.
Reste que la grâce ne détruit pas la nature. Ou, pour le dire plus communément, « aide-toi, et le Ciel t’aidera ». Le pape Léon XIV a clairement annoncé la couleur aux catéchumènes français le 29 juillet dernier, en affirmant que si « le baptême introduit dans la communion avec le Christ et donne la vie », il engage aussi à « renoncer à une culture de la mort très présente dans notre société ». Une culture qui se manifeste par l’indifférence, le mépris des autres, la drogue, la recherche d’une vie facile, une sexualité qui devient divertissement et chosification de la personne humaine.
Autant de tentations qui appellent ainsi en réaction l’apprentissage des vertus, dont celles de la tempérance et de la maîtrise de soi. « C’est le péché qui fait perdre les batailles », affirmait sainte Jeanne d’Arc.
Dès lors, la vie chrétienne des nouveaux baptisés, et avec eux de chaque fidèle, se doit d’être une forme de résistance à l’air vicié du temps. « La grâce du baptême est une grâce du martyre », disait pour sa part le Père Gaston Courtois, fondateur des Cœurs vaillants et des âmes vaillantes, soulignant l’urgence d’une éducation au sens du sacrifice et de la croix, sans lesquels le christianisme se réduit peu ou prou à des bons sentiments. Voilà un beau programme pour l’Avent, à l’exemple de saint Jean-Baptiste proclamant la conversion dans le désert et désignant l’Agneau de Dieu, le seul Sauveur, qui « enlève les péchés du monde » !





