Un monastère maronite ouvre ses portes en France - France Catholique
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Un pèlerinage aux racines de la foi
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Un monastère maronite ouvre ses portes en France

Un monastère maronite libanais dédié à saint Charbel Makhlouf vient d’ouvrir ses portes en région parisienne. Une première en France.
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Cérémonie de la fondation du monastère, le 20 septembre, présidée par le patriarche maronite Béchara Raï.

C’est un lieu unique en France, et il en existe seulement trois en Europe. Au cœur d’un vaste jardin entouré de murs, le lieu est propice à la prière et au recueillement. Il faut quitter le centre-ville de Villiers-sur-Marne pour arriver jusqu’à ce monastère catholique maronite, qui vient de naître à une quarantaine de kilomètres de Paris. Le visiteur y est accueilli par une statue de saint Charbel Makhlouf, le saint patron du lieu si cher aux Libanais.

Un monastère de l’ordre libanais maronite

Ce monastère a été créé il y a moins de deux mois, le 20 septembre dernier, mais il est déjà chargé d’une longue histoire. Le supérieur de la communauté, le Père Georges, en fait le récit d’une voix chaude, où chante l’accent de son Liban maternel.

Fondée par un ermite, saint Maroun, l’Église maronite libanaise est née à Antioche, au lieu même où les disciples du Christ ont été désignés pour la première fois comme chrétiens. Rapidement chassée de son berceau syriaque par la conquête musulmane, la communauté se réfugie au Liban où elle s’épanouit, à l’abri des montagnes.

C’est là que naît l’ordre libanais maronite, créé en 1695 par trois jeunes moines, soucieux de perpétuer la tradition monastique de saint Maroun. La veille de notre rencontre, plusieurs centaines de personnes avaient empli la chapelle du jeune monastère pour célébrer l’anniversaire de la fondation de l’ordre, né un 10 novembre et qui a donné à la communauté libanaise une de ses plus célèbres figures, saint Charbel (cf. FC n° 3873 du 11 octobre 2024).

Connu à travers le monde pour des faits de guérison, saint Charbel (1828-1898) est, selon le Père Georges, à l’origine de l’acquisition de cet ancien couvent des Sœurs de Marie-Joseph et de la Miséricorde : alors que la vente s’avérait difficile pour les moines, « l’avocate chargée de la vente du couvent est tombée gravement malade », explique le Père. Les moines lui conseillent de prier saint Charbel et lui donnent de l’huile miraculeuse du saint. « Deux semaines plus tard, la dame nous a écrit une longue lettre pour nous dire qu’elle avait été totalement guérie par saint Charbel et qu’elle voulait travailler avec nous pour que le couvent devienne un sanctuaire dédié à saint Charbel. » « C’est donc bien saint Charbel qui nous a guidés ici », conclut le Père, qui lui voue une dévotion immense. Lorsqu’on lui demande s’il est le prieur du lieu il répond dans un sourire : « Je ne suis que le supérieur, c’est saint Charbel qui est le prieur. »

Faire rayonner saint Charbel

Cette figure du Liban, devenue un symbole au même titre que le cèdre, selon le Père, trouvera-t-elle un écho parmi les catholiques français ? « Saint Charbel est bien connu des Français, qui viennent nombreux au Liban pour visiter son sanctuaire », souffle le supérieur, qui rappelle les liens très forts qui unissent son pays maternel à celui qui l’accueille pour cette mission : « On avait ce rêve d’avoir un monastère en France en raison des liens qui nous unissent à ce pays. »

Si le site attire de nombreux Libanais et de nombreux fidèles orientaux, il accueille aussi des Français, et des visiteurs de toutes nationalités, venus par simple curiosité ou bien dans un réel désir de prier saint Charbel.
« On a tout le temps du passage », se réjouit le Père Georges, heureux de pouvoir faire ainsi rayonner la spiritualité de saint Charbel qui, selon lui, peut parler aussi bien aux Orientaux qu’aux Occidentaux. Car si le monastère offre un refuge aux nombreux Libanais de France, heureux de pouvoir ainsi renouer avec leur rite et leurs origines, il veut porter un message universel, fondé sur la simplicité du message de saint Maroun et de saint Charbel : « Nous avons tous le même but : suivre le Christ. »

Six moines venus du Liban

Ils sont six moines à suivre cet idéal dans ce jeune couvent de Villiers-sur-Marne. Trois d’entre eux suivent des études en France. Tous ont suivi leur noviciat au Liban, sur les terres qui ont vu naître leur ordre. Leur installation en France répond aussi à l’exil toujours plus fort des Libanais vers les pays occidentaux, et particulièrement la France. Car, s’il est possible de pratiquer sa foi au Liban, l’instabilité politique du pays n’offre guère de perspectives économiques à la jeune génération.

Dans ce contexte, la prochaine visite du pape Léon XIV au Liban, du 30 novembre au 2 décembre, apparaît comme un signe plein d’espérance : « C’est très important pour nous d’avoir cet appui du Pape », souligne le Père Georges.

Les moines se réjouissent en effet qu’un coup de projecteur soit ainsi mis sur le peuple libanais, que « personne ne défend » et qui ne cherche pourtant qu’à vivre en paix, aux côtés des autres confessions établies au Liban.

Par cette visite apostolique, « l’Église agit comme le Christ qui a visité le petit peuple, le peuple persécuté, les petits pays et les petits villages comme Bethléem, se réjouit le Père Georges. Nous sommes une petite communauté et le fait que le chef de l’Église vienne la visiter pour son premier voyage nous remplit de reconnaissance et nous donne un message d’unité et d’espérance. »

Une relique de saint Charbel

En Loire-Atlantique, l’église de Vallet abrite quelques gouttes du sang du saint libanais.

« L’histoire de cette dévotion est liée à la guérison miraculeuse d’un paroissien, fin 2023, raconte le curé, l’abbé Hervé Godin. Sa femme priait saint Charbel pour obtenir cette guérison. Et quant à moi, je fis le vœu de faire installer une statue du saint libanais dans mon église, si nous étions exaucés. Et ce fut le cas. Mgr Samer Nassif, chorévêque de Saida (Liban), que j’avais un jour invité dans notre paroisse, me conseilla d’y ajouter une relique. »

Depuis ce jour, l’église ne désemplit pas. Les guérisons corporelles et spirituelles sont très nombreuses. « La relique se trouve sous une statue de Saint Louis, roi de France… et protecteur du Liban. En menant Vallet à saint Charbel, la Providence insiste sur la mission conférée à la France, fille aînée de l’Église. Saint Charbel, qui, de son vivant, avait une certaine affection pour la France, milite pour son réveil spirituel. »

Pétronille de Lestrade