Marthe de Noaillat, inspiratrice de Pie XI - France Catholique
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Le Christ-Roi : Que son règne vienne !
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Marthe de Noaillat, inspiratrice de Pie XI

C’est à la dévotion et à la détermination de cette Française que l’on doit l’institution, par Pie XI, de la fête du Christ-Roi.
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Née au Crotoy, dans la Somme, en 1865, Marthe Devuns manifeste très tôt son désir d’œuvrer pour Dieu. Après sept années au monastère, chez les Sœurs de l’Assomption, puis chez les bénédictines, elle est obligée de quitter la vie religieuse en raison de l’altération inquiétante de sa santé. Marthe accepte avec humilité cette épreuve qui contrarie sa volonté et semble ruiner sa vocation. C’est pour elle l’occasion de s’abandonner totalement à Dieu. Malgré son départ du cloître, elle restera toute sa vie fidèle à ses trois vœux : pauvreté, obéissance et chasteté.

Le rôle des femmes dans la société

Séjournant à Paris, Marthe rencontre Simone de Noaillat ainsi que son frère Georges, vice-président de l’Association de la jeunesse catholique de la capitale. Tous deux sont impressionnés par la grande intelligence de Marthe, mais plus encore par sa piété ardente et l’ascétisme joyeux dans lequel vit la jeune femme. Une amitié forte et une collaboration fructueuse se nouent entre ces trois personnes emplies du désir de servir Dieu.

À la suite de Simone, Marthe s’engage dans la Ligue patriotique française et parcourt sans relâche le pays, donnant des conférences sur le rôle des femmes chrétiennes dans la société et l’importance d’être une chrétienne militante. Son talent oratoire touche les esprits et les cœurs. Georges, quant à lui, est un fervent promoteur de la dévotion eucharistique et de la communion fréquente. Animés l’un et l’autre d’un ardent esprit missionnaire pour christianiser la société, Marthe et Georges se marient en 1911. Elle a 45 ans et lui 37 ans. Cette union, totalement chaste, renforce leur activité apostolique qui gagne ainsi en efficacité. Après la Première Guerre mondiale, les époux s’installent à Paray-le-Monial, se consacrant entièrement au musée du Hiéron, musée d’art sacré sur l’histoire de la dévotion à l’Eucharistie.

Supplique signée par 779 évêques

Marthe et Georges ont à cœur de faire connaître les droits souverains de Jésus sur tous les éléments de la société humaine. Ils comprennent l’importance d’instaurer une solennité afin de manifester publiquement la royauté universelle du Christ. En 1920, Marthe rédige une supplique au pape Benoît XV, lui demandant d’instaurer une fête du Christ-Roi. Le 13 mai, les époux se rendent à Rome pour la canonisation de sainte Marguerite-Marie. Ils peuvent ainsi présenter directement leur requête au pontife, qui charge alors Marthe et Georges de faire connaître leur supplique et de récolter l’approbation des évêques. Lourde tâche que Marthe accepte avec courage et détermination.

En 1922, à la demande de Pie XI, nouvellement élu, Marthe rédige un mémoire de 35 pages pour développer les arguments théologiques en faveur de la fête du Christ-Roi. En 1924, 779 évêques ont déjà signé la supplique de Marthe. Les époux Noaillat ont la grande joie d’être présents à Rome le 11 décembre 1925, au moment de l’institution de cette fête, si nécessaire à leurs yeux pour redonner sa véritable place au Christ, « d’autant plus Roi de toutes les nations qu’il est leur volontaire et totale Hostie, embrasée d’amour », écrit Marthe juste après cette cérémonie.

Hostie réparatrice

La joie immense de Marthe est toute surnaturelle. Son œuvre terrestre est accomplie, et Dieu l’appelle très vite à lui pour qu’elle puisse jouir enfin du bonheur céleste. Marthe meurt le matin du 5 février 1926, au retour de la messe, intoxiquée par des émanations de monoxyde de carbone. Missionnaire par ses conférences, hostie réparatrice par ses pénitences, Marthe de Noaillat a toujours cherché à servir le Christ-Roi, se mettant humblement à l’écoute de la Providence. 

Marthe de Noaillat. Apôtre du Christ-Roi, Jean-Claude Prieto de Acha, Via Romana, juin 2025, 128 pages, 12 €.