Le « wokisme » : une idéologie intrinsèquement perverse - France Catholique
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Le « wokisme » : une idéologie intrinsèquement perverse

Comme tant d’autres idéologies par le passé, le « wokisme » se présente comme une lutte pour une plus grande justice sociale. En quoi s’oppose-t-il donc au christianisme ?
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Our liberation, fresque de Rachel Wolfe-Goldsmith, peinte à Oakland en 2020.

Our liberation, fresque de Rachel Wolfe-Goldsmith, peinte à Oakland en 2020.

© Dana L. Brown / CC by-sa

La lutte contre le wokisme est engagée, mais elle n’est pas encore gagnée. Ses outrances ont fini par lasser : livres incendiés ou censurés, série télévisée mettant en scène une reine d’Angleterre noire – contre toute évidence historique –, jeunes prétendant s’identifier à des chats, voire à des « flaques de couleurs », etc. Ces aberrations ne sont pas de simples excès mais bien la traduction concrète d’une idéologie par essence mortifère. Un examen de ce mouvement, à la lumière de l’Évangile et de la Tradition, permet de le vérifier et de justifier le combat livré contre le wokisme.

Mais d’abord, comment définir le wokisme ? Exercice doublement délicat, car non seulement le mouvement est protéiforme mais, le terme étant devenu péjoratif, peu de gens s’en réclament ouvertement : qui s’autoproclame « extrémiste » ou « islamo-gauchiste » ? On peut néanmoins en esquisser les contours à partir de traits communs. L’essayiste Pierre Valentin, par exemple, propose cette définition : le wokisme consiste à percevoir « les sociétés occidentales comme étant fondamentalement régies par des structures de pouvoir, des hiérarchies de domination, des systèmes d’oppression ». Ces structures opprimeraient les différentes minorités raciales, sexuelles, religieuses, etc. Et seuls ceux qui ont été « conscientisés » seraient à même de percevoir ces structures souvent inconscientes et implicites.

Innocents et coupables

Du point de vue chrétien, l’aspect le plus frappant du wokisme est sans doute la négation du péché originel. Très grossièrement, le monde se divise en deux catégories : les oppresseurs et les opprimés. Ces derniers sont fondamentalement victimes du système qui les broie. Nés aussi purs que le bon sauvage de Rousseau, ils ont été pervertis par des structures sociales injustes. Les fautes qu’ils peuvent commettre ne sont que des réactions à la violence qui leur est faite.

À l’inverse, les oppresseurs sont tous coupables, même ceux qui n’ont rien fait de mal. En fait, ces derniers sont les plus dangereux car, en ne comprenant pas qu’ils participent à un système d’oppression, ils contribuent à le perpétuer. Ainsi les dominants participent tous, volontairement ou non à l’oppression. Tous les Blancs sont solidaires de l’esclavage – il s’agit de la traite des Noirs, les autres formes d’esclavage n’existant apparemment pas –, tous les hommes sont complices des violeurs. Les « oppresseurs » sont donc amenés sans cesse à prendre conscience de leurs fautes collectives, présentes et passées, et à faire repentance perpétuelle. Dans ce système qui culpabilise des innocents et innocente des coupables, il n’y a
nulle rédemption. Les uns n’ont pas besoin d’être sauvés, les autres n’en feront jamais assez.

Suspicion et ressentiment

Cette vision manichéenne du monde va conduire à cultiver la suspicion et le ressentiment. Par exemple, lors du meurtre de George Floyd en 2020, à Minneapolis, de nombreux courants progressistes soutenaient que les violences policières contre les Noirs étaient sous-estimées. Comme le note l’écrivain et journaliste Douglas Murray : « Lorsque l’on sonda les citoyens américains pour leur demander combien d’Américains noirs sans armes auraient été, selon eux, tués par la police en 2019, les chiffres qu’ils donnèrent furent délirants par rapport à la réalité des faits. Chez les Américains qui se considéraient comme “très progressistes”, 22 % déclarèrent que la police avait tué au moins 10 000 Noirs sans armes au cours de l’année précédente. Chez les simples “progressistes”, 40 % pensaient que les chiffres étaient compris dans une fourchette allant de 1 000 à 10 000 personnes. Les chiffres réels plafonnaient à 10. »

Les réseaux sociaux et les séries entretiennent ces effets de loupe et suscitent la méfiance généralisée : combien de jeunes filles sont persuadées que les hommes sont des pervers ou des violeurs potentiels ? Combien de jeunes immigrés sont convaincus que la police est, de façon systémique, raciste et injuste ?

Voilà les fruits du wokisme : ressentiment, victimisation, haine, paranoïa, surinterprétation, ultrasensibilité… À cela se mêle souvent une révolte contre notre nature, notre identité reçues de Dieu, un désir de déconstruction sans fin.

En leur temps, les communistes plaçaient les chrétiens devant ce pseudo-dilemme : « Si vous êtes du côté des pauvres, vous devez être marxistes ; si vous refusez le marxisme, c’est que vous méprisez les pauvres et voulez conserver les structures injustes existantes. Soit on est communiste, soit on est contre les pauvres. » Une partie de l’Église s’est laissée piéger par ce sophisme. Si nous voulons éviter les mêmes errements, il faut refuser de toutes nos forces cette alternative. Oui, nous avons, avec l’Église, l’« option préférentielle pour les pauvres » ; oui, nous voulons être le plus proches possible des femmes meurtries, blessées, de tous ceux qui subissent des injustices, et lutter de toutes nos forces contre le mal ; oui, notre cœur est sensible à tant de misère. Mais, non, trois fois non, nous ne sommes pas « wokes » car le wokisme est intrinsèquement pervers. 

Comprendre la révolution woke, Pierre Valentin, Éd. Gallimard, 2023, 224 pages, 17 €.

Woke Fiction. Comment l’idéologie change nos films et nos séries, Samuel Fitoussi, Éd. le cherche midi, 2023, 368 pages, 20,90 €.

À consulter sur internet : https://observatoireduwokisme.fr