Vie consacrée : la goutte d'eau - France Catholique
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Dieu le Père. Un amour tendre et exigeant
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Vie consacrée : la goutte d’eau

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© Marc Jeanson

Aujourd’hui encore, des jeunes femmes décident d’entrer au Carmel, à la suite de sainte Thérèse de Lisieux et de la « grande Thérèse » d’Avila, fondatrice du Carmel réformé. Comme leurs aînées, ces futures épouses du Christ font le choix radical de s’enfouir pour la vie, dans le silence et la prière. Au regard des affaires du monde, du fracas des armes et des affrontements parfois violents des idées et des intérêts, cela peut paraître une goutte d’eau.

Mais cette goutte d’eau, semblable à celle versée par le prêtre dans le calice à la messe, peut être déterminante. Comme le petit nuage aperçu par Élie sur le mont Carmel, et qui annonce la pluie bienfaisante, ces gouttes d’eau sont porteuses d’espérance pour le monde. À travers leur immolation consentie, c’est en effet le renouvellement des âmes qui se prépare dans le secret. De la même manière que sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face obtint la conversion du criminel endurci Pranzini, dans un épisode déterminant pour sa vocation car il survint juste avant son entrée au couvent en 1888. Elle déclarait alors : « Je suis venue au Carmel pour sauver les âmes et surtout afin de prier pour les prêtres. »

Puissance missionnaire

À elle seule, mélangée dans le calice au vin appelé à devenir le sang du Christ, la goutte d’eau ne peut rien. Mais livrée à l’Amour infini et tout-puissant, elle devient elle-même une puissance d’amour considérable. C’est pourquoi la « petite Thérèse », canonisée il y a cent ans, a été proclamée deux ans plus tard sainte patronne des missions, à l’égal de saint François-Xavier, qui lui avait sillonné l’Asie. Car la religieuse, sans sortir de son couvent, a indiqué une autre voie, plus abordable sans doute à tout un chacun : celle de l’oblation dans les choses du quotidien, comme le fait de ramasser une épingle ou de faire un pas de plus, à l’infirmerie, pour un missionnaire à l’autre bout du monde. À l’époque de Thérèse, la montée d’un anticléricalisme militant préfigurait la transformation de la France en une nouvelle terre de mission. Et c’est pour affronter ce redoutable défi que son enseignement est précieux pour aujourd’hui, afin de susciter un nouvel zèle missionnaire, comme l’a affirmé Léon XIV le 28 mai dernier, et combler ainsi le vide de Dieu.

L’arme de la confiance

Mais attention : rien de minimaliste ou de sentimental chez la contemplative. Au contraire ! « C’est un grand homme que sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus », disait Pie XI. Avec une volonté déterminée d’aller jusqu’au bout du don de soi : « Chaque petite action, chaque contrariété, chaque souffrance, elle les a offertes avec une résolution immense », confirme un jeune prêtre de Lisieux : « Ce n’est pas de la mièvrerie, c’est du courage. Ce n’est pas de la mollesse, c’est un combat quotidien, mené avec une discipline spirituelle qui fait d’elle une véritable guerrière de l’Amour. »

Et son arme fut la confiance absolue en Dieu, que traduit un de ses poèmes les plus célèbres :

« Moi si j’avais commis tous les crimes possibles
Je garderais toujours la même confiance
Car je sais bien qu’une multitude d’offenses
N’est qu’une goutte d’eau dans un brasier ardent »