Thérèse de Lisieux
« Sainte Thérèse de Lisieux m’a déterminée pour le Carmel quand j’ai lu ceci : un jour qu’elle s’était plongée dans une revue missionnaire, elle la referma soudain, comprenant déjà intuitivement qu’elle irait beaucoup plus vite et beaucoup plus loin en embrassant la vie du Carmel, qui exigeait le don absolu de soi-même pour une fécondité maximale, celle du grain de blé, enfoui en terre pour y mourir, et ainsi donner la vie au centuple. Elle est « venue au carmel pour sauver les âmes et afin de prier pour les prêtres ». Pour elle, en effet, « il n’y a qu’une seule chose à faire dans la nuit de cette vie : aimer Jésus et lui sauver des âmes pour qu’il soit aimé… » »
« La vie de la Sainte Famille »
« Nous menons une vie normale ! Nous désirons imiter la vie de la Sainte Famille à Nazareth, où chacun des membres s’adonnait à son devoir d’état, en obéissance à Dieu, dans un but de service, dans l’amour mutuel. Les tâches y sont simples, ordinaires, de façon à laisser libre l’attention profonde au Seigneur pour qui nous vivons et travaillons. Notre vie contemplative consiste à tout transformer en amour : le doux comme l’amer, le facile et l’agréable, comme les ennuis et les épreuves. « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie… « , nous a enseigné le Christ. »
Le « levier » de l’oraison
« La vie contemplative, spécialement au Carmel, a une fin apostolique, inscrite, si je puis dire, dans les gènes de la Réforme de sainte Thérèse d’Avila. Elle a très nettement voué ses Carmels à la prière et à la pénitence pour soutenir les pasteurs et les théologiens, dans leur activité apostolique et de défense de la foi catholique, tout cela étant ordonné à la gloire de Dieu et au salut des âmes. Et elle leur a donné comme moyen l’oraison, que sainte Thérèse de Lisieux appelle « un levier pour soulever le monde« , ainsi que la pénitence d’une vie austère. Mollesse et oraison ne vont pas ensemble, affirme sainte Thérèse d’Avila.
Il demeure que le but suprême de la vie d’une carmélite, par-delà toute autre fin, c’est de parvenir à l’union d’amour, intime et profonde, avec son Créateur et Sauveur, grâce à l’union totale des volontés et l’exercice intense des vertus théologales de foi, d’espérance et de charité. »
La vie de clôture
« La clôture limite l’espace de vie en longueur et en largeur, mais c’est au profit de la profondeur et de la hauteur ! La moniale cloîtrée, grâce à la réduction des relations et des informations à l’essentiel, est préservée de la dispersion, et sera amenée à s’enraciner toujours plus dans la foi, pour mieux assumer la verticalité de son espérance, et l’universalité de la charité. La clôture, les grilles, les murs élevés, sont comme les bras de Dieu qui, se referment sur l’âme et qui, à travers elle, se tendent vers tous les hommes pour les étreindre et les rassembler dans l’unité. Il ne vaut mieux pas s’aventurer dans la vie contemplative sans un grand amour du Seigneur Jésus et des âmes… « Aimer, c’est tout donner et se donner soi-même » nous dit sainte Thérèse de Lisieux. Ce n’est pas du sentiment ! »
Libre et cloîtrée
« Il ne faut pas longtemps à une moniale cloîtrée, heureuse dans sa vocation, pour constater que c’est le monde qui est derrière des grilles… qui le rendent prisonnier du péché, des modes en tous genres, des idéologies, de la bagatelle…
En effet, la liberté de l’âme humaine consiste à épouser la volonté de son Créateur et Sauveur, c’est-à-dire à se libérer le plus parfaitement possible du péché. L’Évangile l’affirme : l’homme qui commet le péché est un esclave… et dans la clôture, bien des occasions de pécher sont évacuées, même si, bien évidemment, il en reste… Oui, la clôture rend libre, dans la mesure où l’âme en profite pour se détacher de toute possession et surtout d’elle-même… La carmélite voue sa vie, dans le libre don d’elle-même, pour aider ses frères et sœurs dans le monde, à accéder « à la vraie liberté des enfants de Dieu« . »
La Croix
« On ne peut prétendre embrasser le Sauveur sans embrasser la Croix, ou alors il s’agit d’une pieuse illusion ! Il est vrai que l’amour doit se prouver et il ne saurait mieux le faire que dans l’acceptation amoureuse des contradictions et épreuves de toutes sortes qui ne manquent à personne en général. Inutile de courir après : la vie se charge de les amener en son temps, toujours accompagnées de la grâce du moment. Mais l’âme contemplative, ou unie à Dieu, dans le cloître ou dans le monde, saura en faire une offrande d’amour pour le Salut de ses frères et sœurs en humanité.
Saint François de Sales appelle le calvaire « le mont des amants ». En effet, si Dieu n’a pas trouvé, finalement, de parole plus convaincante pour nous dire son Amour que le Verbum Crucis [la Parole de la Croix, NDLR], il faudra bien que la petite créature humaine qui veut répondre à cet amour fasse écho à cette parole, dans la même langue… »
L’Acte d’offrande
« Thérèse de Lisieux et son Acte d’offrande à l’amour miséricordieux nous inspire pour vivre cela. Mais ce n’est pas la souffrance qu’elle recherche : c’est la charité pour Dieu et les frères. L’essentiel pour elle, c’était d’aimer Jésus comme il ne l’avait jamais été ! Et de se servir des moindres circonstances, heureuses ou malheureuses, pour s’unir à lui et ne rien lui refuser, progresser ainsi sans arrêt vers l’union d’amour, son but suprême, anticipation de la consommation dans la Gloire. Ainsi, par le fait même de la consécration de soi-même, la vie contemplative est un sacrifice : sacrum facere, cela veut dire « rendre sacré », réserver à l’usage de Dieu, pour le culte divin. Donc toutes les réalités de la vie consacrée peuvent être offertes comme sacrifices, les joies comme les peines. »
Entretenir le feu
« Dans le silence du cloître, le feu de l’amour s’alimente à l’Eucharistie, où l’âme se nourrit chaque jour d’une fournaise d’amour ! Sur les braises qu’elle en conserve, elle jette les brindilles de ses actions et sacrifices pour entretenir le feu… »
Inspirer les laïcs
« Ce serait une bonne chose que la vie contemplative inspire beaucoup de laïcs pour cultiver leur propre vie avec Dieu ! Leur quotidien en serait transformé, ils s’en trouveraient bien, et leurs proches aussi ! Avec les modalités propres à leur état, ils peuvent, simplement en offrant leur vie avec tout ce qui la compose, devenir eux aussi des flammes d’amour qui diffuseront – à leur insu, cela vaut mieux ! – lumière et chaleur autour d’eux, en cherchant à tout faire le mieux possible, par amour, en intensifiant leur vie de prière, leur vie théologale d’enfants de Dieu. La vie contemplative n’est pas liée obligatoirement à tel ou tel état de vie. Elle est un don offert à toute âme chrétienne qui veut aller jusqu’au bout de sa vocation à l’Amour, au Bel Amour ! »
La joie du Carmel
« « L’Église a besoin du Carmel, de sa rigueur, de sa ferveur, de sa joie », disait dom Forgeot, un bénédictin ! Le Carmel a la réputation de la joie car « tout donner et se donner soi-même », c’est la joie parfaite ! La joie est le fruit de l’amour, elle ne fait donc pas l’impasse sur la croix, car aimer c’est se rendre vulnérable, c’est s’offrir à souffrir pour l’Aimé et par l’Aimé, et surtout avec l’Aimé. »
Pour aller plus loin :
- « La France a toujours eu des rapports très étroits avec le Saint-Siège »
- Procession catholique attaquée : « De cette agression surgissent des grâces »
- Deux portes saintes
- Mgr Centène : « les ruines peuvent être relevées »
- Année sainte : « Il n’y aura pas de renouveau de l’Église sans cet ancrage populaire »