La basilique Saint-Augustin, un trésor de Rome - France Catholique
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La basilique Saint-Augustin, un trésor de Rome

Cette basilique dédiée à saint Augustin d’Hippone fait partie des plus belles de la Ville éternelle. Elle est reliée au couvent de la communauté des Augustins, où Léon XIV s’est récemment rendu en pèlerinage.
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© Livioandronico2013 / CC by-sa

Le 1er septembre, Léon XIV a présidé la messe d’ouverture du 188e chapitre général des Augustins, dans la basilique dédiée au fondateur de son ordre. Dans son homélie, il a exhorté ses frères à vivre ce chapitre dans « un climat d’écoute, d’écoute de Dieu et des autres ».

Moins fréquentée que d’autres églises romaines, la basilique Sant’ Agostino in Campo Marzio n’en regorge pas moins de trésors. À un jet de pierre de la célèbre place Navone, sa situation est stratégique sur la route qui, au Moyen Âge, conduisait vers la basilique Saint-Pierre les pèlerins arrivant à Rome.

Construite entre 1479 et 1483, la basilique actuelle a été édifiée sur l’église du couvent adjacent des Augustins, bâtie entre 1297 et 1446 – église qui avait elle-même été construite sur un édifice antique du VIIIe siècle érigé en mémoire de saint Tryphon, un jeune martyr du IIIe siècle.

Financée par un cardinal français

Parmi tant d’autres, ce n’est pas le moindre motif de fierté des Français à Rome de découvrir que c’est un cardinal français qui l’a financée : Guillaume d’Estouteville, chancelier du Pape Sixte IV, évêque d’Ostie et protecteur des Augustins, est enterré dans la basilique. Trente-quatrième abbé du Mont-Saint-Michel, archevêque de Rouen, ce prélat normand est surtout connu pour avoir mené le procès en nullité de la condamnation de Jeanne d’Arc, qui aboutira à sa réhabilitation posthume, en 1456. Il a aussi été chargé d’organiser une croisade contre les Turcs ottomans, en 1455, après la chute de Constantinople (1453). C’est également lui qui a fait aménager le stade antique en place Navone, dont elle a conservé la forme ovale caractéristique. Son nom est gravé sur la frise sous le fronton et son blason au-dessus de la porte principale de la façade Renaissance, construite avec des pierres de travertin provenant du Colisée.

Une fresque du XVIIIe siècle, encore visible, représente saint Augustin donnant la Règle de son ordre. Des volutes, ajoutées par l’architecte Luigi Vanvitelli en 1763, apportent élégance et souplesse à la façade.

Le trésor du sanctuaire

À l’intérieur, l’église est constituée de trois nefs, divisées par des piliers. Les reliques de sainte Monique, la mère de saint Augustin, constituent le plus important trésor du sanctuaire. Conservées à l’origine à Ostie, où saint Augustin les avait lui-même déposées, elles ont été rapportées par le cardinal d’Estouteville, en 1424. Elles sont conservées dans la chapelle dédiée à la sainte, dans un sarcophage de marbre soutenant l’autel.

À droite de la porte d’entrée, de nombreux fidèles viennent prier devant la Madone de la naissance, datant de 1521. De nombreux miracles lui sont attribués, comme en attestent les ex-voto qui ornent le mur.

Sur un des piliers de la nef centrale, une charmante statue d’Andrea Sansovino représente la Vierge Marie et sainte Anne caressant les pieds de l’Enfant Jésus. Elle est surmontée d’une fresque du prophète Isaïe, peinte en 1512 par Raphaël, dans le style de Michel-Ange qui terminait alors de peindre la chapelle Sixtine. Leur biographe et contemporain, Giorgio Vasari, rapporte que Raphaël put la découvrir en cachette, grâce à l’architecte Bramante qui en possédait la clef : « Il s’ensuivit que Raphaël recommença aussitôt le prophète Isaïe, qu’il avait terminé dans l’église Sant’Agostino, au-dessus de la Sainte-Anne de Sansovino. Dans cette œuvre, ayant vu les peintures de Michel-Ange, il améliora et agrandit considérablement sa manière, à laquelle il donna plus de majesté. » Sur l’écriteau porté par deux anges, on peut lire, en grec : « À sainte Anne, mère de ma Vierge, à la Vierge, mère de Dieu, au Christ, le Sauveur. »

Saint Augustin chassant les hérésies

Le maître-autel a été remanié au début du XVIIe siècle, dans le style baroque post-concile de Trente, visant à manifester la grandeur du Saint-Sacrement conservé dans le tabernacle. Les reliques de saint Tryphon sont placées sous l’autel. Il contient une icône byzantine de la Vierge à l’Enfant du XIVe siècle, provenant de l’église Sainte-Sophie de Constantinople. Sans doute a-t-elle été rapportée par le cardinal d’Estouteville après la croisade de Constantinople. Il est surmonté d’un vitrail de saint Augustin chassant les hérésies, du XIXe siècle. La partie supérieure des murs de la nef est couverte de fresques du XVIIIe siècle représentant la vie de la Sainte Vierge. La cinquième chapelle contient un très beau crucifix du XVIe siècle, devant lequel saint Philippe Neri – l’un des patrons de Rome et fondateur de l’Oratoire – a choisi de consacrer sa vie à Dieu.
À l’extérieur, à droite de l’entrée de la basilique se trouve également la magnifique bibliothèque Angelica, fondée au XIIIe siècle, comme le couvent des Augustins. Réaménagée au XVIIIe siècle par le célèbre architecte Vanvitelli, elle contient de très nombreux ouvrages antiques sur la pensée de saint Augustin et l’histoire de son ordre.
Depuis ses origines, l’église est la station du premier samedi de Carême.