Il est élevé par Anthousa, mère admirable – « quelle maîtresse femme ! » dit-on d’elle –, veuve à 20 ans. Jean hésite entre une carrière au barreau ou au théâtre. Il sera baptisé à 20 ans à Antioche, devient prêtre à 40 ans et décide alors de se retirer dans les montagnes. Contre son gré, on le fait évêque de Constantinople, à plus de 50 ans. Pour l’entendre, païens et Juifs se mêlent par milliers aux chrétiens avides de ses paroles. Petit, malingre à la voix frêle, il peut parler deux heures durant. Quand on lui demande alors comment il va, il répond : « Dès que j’ouvre la bouche pour l’homélie, ma faiblesse s’envole. »
Il enflamme son auditoire, à l’exclusion d’Eudoxie, l’impératrice qu’il fustige à cause de sa richesse et parce qu’elle opprime et dépouille les pauvres et les veuves. Les nantis de la cour le font exiler. Le peuple proteste. Il revient mais ne veut pas se taire. On l’exile en Arménie. Puis encore plus loin, à 1 500 km plus au nord, dans le Caucase où il meurt, le 14 septembre 407, sans avoir cessé de diriger son diocèse par de longues et belles lettres. Il nous reste de lui 600 discours et sermons, chefs-d’œuvre toujours actuels.
Toute l’Église d’Orient, catholique comme orthodoxe, considère Jean Chrysostome comme l’un des plus grands docteurs de l’Église, à l’égal de Basile et Grégoire de Naziance. Ces trois évêques sont appelés : « Trois saints hiérarques. » La liturgie byzantine ordinaire est appelée « Liturgie de Saint-Jean-Chrysostome ». Représenté avec à ses pieds une ruche et un parchemin à la main. Son corps repose à Saint-Pierre de Rome et c’est lui que Bernin a choisi pour soutenir l’immense chaire de bronze dans l’abside avec trois autres Docteurs : Athanase, Ambroise et Augustin.
La théologie de Jean Chrysostome allie perpétuellement la gloire de Dieu et l’amour du prochain. C’est au point qu’il appelle « sacrement du frère » la nécessité de la charité fraternelle. Il va jusqu’à dénoncer l’habitude de se faire enterrer dans de riches étoffes. Prenant exemple sur le Christ qui ressuscite nu, il soutient qu’il vaut mieux vendre les tissus de luxe pour le besoin des pauvres que de se faire ensevelir avec.
Pensée spirituelle de saint Jean Chrysostome
« Voici les sentiments que l’on doit avoir en recevant les étrangers : l’empressement, la joie, la générosité. L’étranger est toujours timide et honteux. Si son hôte ne le reçoit pas avec joie, il se retire en se sentant méprisé, car il est pire d’être reçu de la sorte que de ne pas être reçu du tout. »
Courte prière de saint Jean Chrysostome mourant
« Gloire soit à Dieu en tout ! »