C’est un cas d’école. Un homme dont l’honneur et la probité professionnelle ont été salis sans preuve : Christian Espeso, directeur de l’Immaculée-Conception de Pau. Le rectorat de Bordeaux l’avait suspendu l’an dernier pour de supposés manquements à la laïcité, il vient d’être lavé de tout soupçon. Le 20 juin, le tribunal administratif l’a pleinement rétabli dans ses fonctions. Mais que d’avanies infligées à cet honnête directeur !
C’est Libération qui avait allumé la mèche en publiant une « enquête » à charge, où quelques élèves et enseignants dénonçaient pêle-mêle « des confessions organisées durant le temps scolaire, des cours de catéchisme obligatoires et évalués, des censures d’ouvrages, des intervenants réactionnaires ou des entraves à la liberté de conscience ». Cinq syndicats avaient emboîté le pas au quotidien. Puis le rectorat s’était saisi de l’affaire, diligentant sa propre enquête – conduite par douze inspecteurs ! – complétée par des investigations de la Direction générale des finances publiques et de l’URSSAF. Le 11 septembre 2024, Christian Espeso était finalement privé de ses fonctions de direction pendant trois ans.
La liberté dans le viseur
La jugeant disproportionnée, le tribunal administratif avait heureusement suspendu cette décision dès le 28 novembre 2024. C’est sur le fond qu’il s’est prononcé le 20 juin, rejetant 10 des 11 accusations, reprochant seulement à Christian Espeso, parmi les « atteintes » à la laïcité, de n’avoir pas rattrapé quelques heures de cours après une journée de marche de Pau à Lourdes…
Cette issue heureuse ne retire rien aux menaces qui pèsent sur l’enseignement catholique. D’autres établissements sont dans le viseur des forcenés de la laïcité. C’est le cas, par exemple, du collège du Sacré-Cœur à Versailles. Là encore, une poignée d’enseignants dénonce, dans la presse et par voie syndicale, des atteintes à la liberté de conscience et un prosélytisme religieux qu’ils ne sauraient tolérer – ce que conteste le chef d’établissement. « Le mode opératoire au Sacré-Cœur est le même qu’à l’Immaculée-Conception », relève Christian Espeso, interrogé par Tribune Chrétienne.
Que des établissements catholiques – dont la loi Debré reconnaît le « caractère propre » – soient accusés de dispenser un enseignement fondé sur les valeurs chrétiennes en dit long sur le sectarisme de leurs accusateurs. Et qu’ils doivent justifier leurs pratiques pédagogiques souligne les contraintes que l’État fait peser sur eux, au mépris de leur liberté et de celle des familles qui leur confient encore leurs enfants dans l’espoir de les éduquer dans la foi.
Les vieilles lunes de la gauche
Il est vrai que les accords Lang-Cloupet ont déjà entamé la marge de manœuvre des chefs d’établissements catholiques, en encadrant la formation et le recrutement des enseignants. De concession en concession, les écoles sous contrat ont laissé l’État grignoter leur liberté. Certains élus voudraient aller encore plus loin, comme le prouve le rapport publié le 2 juillet par les députés Paul Vannier (LFI) et Violette Spillebout (Renaissance) sur « la prévention des violences dans les établissements scolaires ». En appelant à renforcer encore le contrôle des établissements catholiques et à « repenser la contractualisation » avec l’État, ces deux élus révèlent qu’ils n’ont pas renoncé au rêve que caressait la gauche en 1981 : fondre toutes les écoles dans un « grand service public unifié et laïque de l’Éducation nationale ». À l’époque, seule la mobilisation de millions de Français avait fait reculer le pouvoir politique.