« Rien n’est trop beau pour le Bon Dieu », répétait le Curé d’Ars en embellissant son église. Nous avons du mal à imaginer de nos jours à quel point la magnificence des objets religieux allait naturellement de pair avec les cérémonies liturgiques. Il existe cependant un lieu de mémoire, le musée de la Visitation à Moulins (Allier), qui donne à voir les pièces confectionnées ou commandées par les visitandines pour rendre gloire à Dieu. Bien qu’elles vivent dans la pauvreté, elles ont toujours consacré des sommes importantes à l’ornementation de leurs églises.
« J’ai voulu montrer les œuvres oubliées, qui contribuaient à la splendeur des liturgies d’antan : de grands candélabres, des ostensoirs ou des porte-missels conçus pour susciter la ferveur et marquer les esprits… Nous avons de la chance de pouvoir montrer des pièces exceptionnelles car la Visitation, plus que d’autres ordres religieux, a préservé une grande partie de son patrimoine liturgique », confie Gérard Picaud, directeur du musée de la Visitation de Moulins.
Viollet-le-Duc
L’exposition « Flamboyances » porte sur la période du XIXe siècle, époque où se développe le néoclassicisme, très présent au sein de l’ordre de la Visitation. Le bois et le stuc y sont couramment utilisés, comme en témoignent les magnifiques anges porte-lumière autrefois placés près de la châsse de saint François de Sales à la Visitation d’Annecy. Puis survint l’idée d’un âge d’or de l’art sacré remontant à l’époque médiévale qu’il faudrait imiter. Après 1850, les modèles liturgiques adoptent alors un style néo-gothique, où l’on retrouve les ciselures et les émaux présents sur certains reliquaires. La plupart portent la signature de grands artistes comme l’architecte Viollet-le-Duc.
Floraison d’ateliers
C’est aussi une époque où, en parallèle de l’essor industriel et commercial, l’Église catholique se développe en France. Des séminaires, des hôpitaux et des écoles sont construits, avec en leur sein des chapelles, créant un fort besoin de mobiliers liturgiques. Pour y répondre, des ateliers de vitraillistes, d’ébénistes, d’orfèvres et de bronziers se multiplient à travers le pays. Dans le domaine de l’art sacré, le commerce devient alors florissant et les expositions universelles deviennent des lieux privilégiés pour les prestigieux ateliers, comme celui de Poussielgue-Rusand, qui espèrent une médaille.
Dans la dernière salle de l’exposition « Flamboyances », le visiteur découvre des pièces uniques et même historiques, dont un calice et un chandelier, commandés par les visitandines en 1864 pour la béatification de leur sœur Marguerite-Marie Alacoque, l’apôtre de la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus. Elles sont montrées au public pour la première fois, témoignant avec faste de la dévotion pour Dieu au sein de la Visitation.
Exposition « Flamboyances », musée de la Visitation.
83, rue d’Allier, Moulins.
Jusqu’au 20 décembre 2025.
www.musee-visitation.eu