Le Credo du cardinal Sarah - France Catholique
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Le Credo du cardinal Sarah

Dans son nouvel ouvrage, le cardinal Sarah, dont les derniers pontifes ont mesuré les qualités, réaffirme la vitalité de Tradition, au service de la Vérité.
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© François-Régis Salefran / CC by-sa

Le cardinal Sarah n’est pas un inconnu de l’univers médiatique. On s’en est aperçu au moment de la période du conclave, où son nom était souvent cité, sinon parmi les papabili, du moins parmi les personnalités qui comptaient dans l’Église. Dans ce cadre, il est de bon ton d’en faire le leader de la tendance dite conservatrice, ce qui peut se comprendre à certains égards, mais apparaît singulièrement réducteur pour peu qu’on veuille prendre la mesure de sa personnalité.

Tout d’abord, Robert Sarah n’est pas parvenu au sommet des responsabilités ecclésiales par l’effet du hasard. Il faut prendre connaissance de son étonnant parcours, depuis son enfance dans une humble famille de Guinée jusqu’à sa promotion au collège cardinalice et à la tête de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements. Si, successivement, Jean-Paul II, Benoît XVI et François l’ont appelé à Rome et lui ont attribué des fonctions dans plusieurs dicastères, c’est qu’il avait déjà fait ses preuves dans son pays natal, notamment comme archevêque de Conakry, dans une période particulièrement critique, sous la férule du dictateur Sekou Touré. Nommé évêque à l’âge de 34 ans, il affirme sa force de caractère face à un régime qui opprime l’Église et auquel il ne concède rien.

Dimension internationale

Il faut savoir aussi que le futur cardinal s’est distingué par des études approfondies en théologie et en exégèse, en France, à Rome et à Jérusalem. Il est aussi polyglotte, parlant outre le français, l’anglais, l’espagnol et l’italien. Il était donc en capacité d’exercer des responsabilités internationales, comme ce fut le cas lorsqu’il fut nommé à la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, puis au Conseil pontifical Cor Unum qui coordonne les actions de charité des organismes catholiques à travers le monde.

On n’a pas pu être indifférent, à la tête de l’Église, à ses qualités morales et à un tempérament que l’on peut dire inflexible, pour peu qu’il s’agisse de défendre les causes supérieures. Sur ce point, on peut le comparer à son collègue le cardinal Joseph Zen, évêque émérite de Hong Kong, dont le courage fait l’admiration générale.

Homme de pensée, le cardinal Sarah s’est exprimé, ces dernières années, dans plusieurs livres qui requièrent l’attention par leur profondeur et leur force de conviction. Ainsi, le dernier d’entre eux, sous le titre Dieu existe-t-il ? résulte d’une conversation fleuve avec l’éditeur italien David Cantagalli. Une conversation ne s’ordonne pas d’une façon aussi rigoureuse qu’un essai en forme. Mais elle a l’avantage de la spontanéité et de la possibilité d’élargir la réflexion au gré du propos. Le cardinal peut d’autant plus s’expliquer sur ce qui fait le cœur même de sa vie et de ses convictions qu’il fait appel à toute une culture théologique, forte de ses références aux grands maîtres, des Pères de l’Église à saint Thomas, sans oublier de grands écrivains comme Dante ou Péguy.

Au service de la Vérité

Ceux qui pourraient soupçonner le cardinal de raideur doctrinale sont contredits constamment par une démarche qui, loin de s’arrêter à des formules toutes faites, ne cesse de rechercher leur contenu le plus vivant. Ce qui l’amène à définir la Tradition, à l’exemple du Père de Lubac, non seulement comme tradition orale mais aussi comme tradition qui fructifie au cours des temps, de telle sorte qu’en conservant la vérité révélée elle l’actualise conformément au besoin de chaque époque.
On lira aussi avec profit tout un développement sur la notion de loi naturelle, dont le pape Léon XIV a tenu à rappeler l’importance dès le début de son pontificat.

Dieu existe-t-il ? Cardinal Robert Sarah, éd. Fayard, coll. « Choses vues », mai 2025, 352 pages, 4,90 €.