Comment éduquer les enfants à la chasteté quand 86 % des adolescents sont exposés à des contenus à caractère sexuel avant l’âge de 15 ans, selon l’Ifop ? Transmettre un vrai sens de la chasteté est un défi de taille.
La force de l’exemple
« Mes parents veillaient à nous préserver, en contrôlant les films que nous regardions, parfois en nous cachant les yeux », se souvient Marie-Amélie, étudiante à Paris. Elle leur sait gré aujourd’hui d’avoir préservé l’innocence de leurs enfants. « Ma mère faisait aussi très attention à ce que nous écoutions : pas de musique aux paroles choquantes, par exemple, ajoute Domitille, 20 ans. Elle nous invitait, aussi, à observer une certaine modestie dans nos tenues. »
Le moment venu, quand leurs enfants grandissent, les parents peuvent aussi souligner la beauté de l’union des corps dans le mariage – délicate, respectueuse et bénie par Dieu tant qu’elle est ordonnée à sa fin : donner la vie. L’usage détourné de la sexualité n’en apparaîtra que plus injuste et dégradant. Son rapport à la chasteté a principalement été construit par l’exemple de ses parents, constate Marie-Amélie. Qui ne doivent pas hésiter non plus à poser des interdits, dès l’enfance. D’autant plus que les écrans – dont il faut contrôler l’usage – ont envahi la vie quotidienne. « Les enfants peuvent être confrontés de plus en plus jeunes à la pornographie – parfois dès 9 ans ! – et peuvent avoir une vision très négative et fausse de la sexualité », témoigne Céline Cuny, éducatrice à la vie.
S’il faut des règles dans le domaine de la chasteté, comme pour toute vertu, il est impossible de persévérer sans le vouloir. « Être conseillé, entouré ne suffit pas : il faut ensuite s’approprier ces conseils », remarque Marie-Amélie. Pour cela, il faut notamment impliquer les jeunes en leur montrant les conséquences heureuses d’une vie chaste. Pour faire comprendre l’importance de la chasteté avant le mariage, Céline Cuny propose une allégorie : « Un fiancé ayant rompu ses fiançailles avait récupéré la bague qu’il avait offerte. Quand il se fiança pour la deuxième fois, il offrit à sa fiancée la bague offerte à la première. Quand je raconte à des jeunes cette histoire, ils crient au scandale ! Mais notre corps ne vaut-il pas plus qu’une bague ? » conclut-elle.
Cette prise de conscience se fait aussi souvent par des lectures. C’est celle d’un livre de Guy de Larigaudie, Les Jeunes Filles, qui fit comprendre à Domitille que « l’attitude d’une jeune fille chaste et correcte détermine le comportement des garçons et les élève ». Pour Jean, jeune marié, la beauté de la chasteté lui est apparue à la lecture d’Aimer en vérité, de l’abbé Pierre-Hervé Grosjean.
Un chemin exigeant
« La chasteté apprend aussi, par la tendresse, à dire son amour à l’autre autrement qu’à travers l’union des corps », dit Céline Cuny. Manière d’aimer intégralement, elle implique une cohérence entre les actes, les pensées et la vocation de chacun. Le Catéchisme de l’Église catholique évoque, à son sujet, « l’unité intérieure de l’homme dans son être corporel et spirituel » : la vivre aujourd’hui requiert un soutien familial et communautaire, et une vie spirituelle enracinée. Des œuvres comme Domus Christiani, dans laquelle Céline Cuny et son époux sont engagés depuis leur mariage, forment les époux à suivre le chemin proposé par l’Église. Chemin exigeant, mais chemin de joie.