Chez les Républicains, les défis de Bruno Retailleau - France Catholique
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Euthanasie : la fuite en avant
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Chez les Républicains, les défis de Bruno Retailleau

Largement élu dimanche à la tête des Républicains, Bruno Retailleau a trois élections en ligne de mire : les municipales l’année prochaine ; les législatives et la présidentielle en 2027. Pour sortir de la spirale des échecs récents, il n’a qu’une seule solution : renverser la table.
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© Thomas Bresson / CC by-sa

C’est donc Bruno Retailleau qui s’est imposé face à Laurent Wauquiez ce 18 mai, à l’issue de la consultation des plus de 120 000 adhérents que compteraient les Républicains, d’après des chiffres collectés par France Inter. Une victoire sans appel, incontestable, avec 74,3 % des voix réunies, qui lui confère une position de force dans la perspective des prochains scrutins, mais qu’il ne pourra faire fructifier qu’à condition, dans les temps brefs qui lui sont impartis, de proposer à la droite un nouveau logiciel lui permettant de sortir de la tenaille constituée par le macronisme à gauche, et le Rassemblement national à droite.

« Gagner les cœurs et les esprits »

Cette intention était palpable dans le discours qu’il a tenu après l’annonce de son succès, entouré par Gérard Larcher, François-Xavier Bellamy, Michel Barnier, Jean-Louis Thiériot, Othman Nasrou ou encore Julien Aubert : « Le combat politique est aussi un combat culturel. Seul compte ce combat pour les idées. J’ai toujours pensé que si l’on veut gagner demain dans les urnes, il faut aussi que l’on gagne les cœurs et les esprits, et que les victoires idéologiques précèdent les victoires politiques » a souligné le nouveau président des Républicains.

Malgré ce succès, et cette légitimité nouvelle, Bruno Retailleau ne doit pas oublier que son parti semble aujourd’hui ne vivre que dans l’ombre portée de ce que fut le mouvement jadis, et de la place qui leur a été providentiellement impartie dans le gouvernement à la faveur de la dissolution. Les résultats calamiteux des derniers scrutins demeurent : 5,41 % des suffrages exprimés aux législatives de juillet 2024, et 4,78 % des suffrages exprimés au premier tour de la présidentielle d’avril 2022. Quant aux sondages, ils doivent inviter le nouveau patron des Républicains à la plus grande humilité. Ainsi, un sondage Odoxa pour Le Figaro (02/05) indiquait ainsi que 2 % des Français souhaitaient voir Bruno Retailleau accéder à l’Élysée en 2027, et que la part de ceux qui espéraient le même destin pour Laurent Wauquiez oscillait entre 1 et 2 %.

Pour que LR ne soit pas qu’un « syndicat d’élus sans militants, sans idées, sans convictions, sans autre état d’esprit que la nostalgie de pouvoir perdu et l’espérance qu’il reviendrait un jour par un retour de balancier » – comme le qualifiait sévèrement Vincent Trémolet de Villers sur Europe 1 (16/05) –, il leur faut certes reconstituer un appareil politique et militant puissant – sans doute le « grand parti populaire » évoqué dimanche soir par Bruno Retailleau – mais surtout structurer une charpente idéologique forte et assumée, qui mette définitivement fin à la logique qui a prévalu lors des dernières élections dont ils sont sortis victorieux : faire campagne à droite pour gouverner au centre gauche.

Un discours clair sur l’euthanasie

Certes, les deux candidats à la présidence du mouvement ont utilisé des marqueurs de droite, en faisant de l’immigration et de l’insécurité deux thèmes majeurs, mais l’expérience montre qu’il suffit de peu pour céder aux oukases de la gauche. Sur le débat sur la fin de vie et l’euthanasie, par exemple, on pourra s’étonner de la relative discrétion de Laurent Wauquiez. Et si un Bruno Retailleau s’est montré beaucoup plus clair sur la question – affichant son désaccord avec l’Élysée – on n’oubliera pas la façon dont il avait rétropédalé en janvier dernier pour prendre ses distances avec le collectif Némésis, ces féministes de droite du combat desquelles il s’était dit « très proche », avant de nuancer son soutien après le déclenchement d’une campagne d’indignation à gauche.

On ne pourra donc qu’observer avec attention si Bruno Retailleau, renforcé par cette victoire électorale, parviendra à concrétiser son intention d’engager le combat culturel et « métapolitique ». À n’en pas douter, il y a là une clé pour enterrer durablement la « droite la plus bête du monde ».