L’anneau du pêcheur
Porté à l’annulaire droit, cet anneau inscrit le Pape dans l’héritage de saint Pierre, le premier des Papes. Car le premier des « pêcheurs » est celui qui, en train de jeter ses filets avec son frère André, voit le Christ lui lancer : « Venez à ma suite, et je vous ferai pêcheurs d’hommes » (Mt 4, 19). Traditionnellement, c’est d’ailleurs saint Pierre et ses filets qui sont représentés sur cet anneau d’or ou d’argent, dont l’existence remonte au moins au XIIIe siècle et qui fut utilisé jusqu’au milieu du XIXe siècle comme sceau pour certaines affaires privées papales. Remis lors de la messe d’installation du nouveau pontife, il est traditionnellement baisé par les fidèles qui le rencontrent. L’anneau est loin d’être un accessoire : à la mort du Pape, il est demandé aux cardinaux de veiller à ce qu’il soit rendu inutilisable dès que possible, afin d’éviter toute usurpation d’identité.
Pallium
Le pallium, que les papes portaient déjà, n’est devenu un attribut pontifical à strictement parler que sous Jean-Paul Ier, qui remplaça le couronnement de la tiare par l’imposition du pallium. Le pallium est constitué d’une bande banche en laine (symbole de la brebis égarée que va chercher le Bon Pasteur), de cinq croix brodées (pour les cinq plaies du Christ) et de trois épingles (pour les clous de la Croix). Il est également porté par les archevêques métropolitains, le recevant des mains du pape le jour de la Saint-Pierre-et-Saint-Paul, à Saint-Pierre de Rome, en signe d’union avec le Saint-Siège.
Férule
Si les évêques ont tous une crosse, symbole du pasteur guidant son troupeau, le Pape est un cas à part : bien qu’évêque de Rome, il est doté d’une férule, c’est-à-dire d’un bâton liturgique surmonté d’une croix, traditionnellement sans le Christ. Les deux objets diffèrent sensiblement. D’abord, parce que le Pape ne reçoit sa férule de personne, à l’inverse de l’évêque qui reçoit sa crosse lors de son ordination épiscopale. Ensuite, parce que la férule représente avant tout un symbole de pouvoir et de juridiction, plus qu’un ornement liturgique, comme le devint au fil des siècles la crosse épiscopale.
Soutane blanche
Si, pendant des siècles, les Papes portèrent une soutane rouge, on doit le passage au blanc à saint Pie V (1566-1572). Dominicain, le pape avait souhaité garder sa tenue religieuse une fois élu sur le trône de Pierre. Depuis, ses successeurs ont tous porté la soutane blanche. Si certains missionnaires, ou membres du clergé dans des pays chauds, continuent de porter la soutane blanche, le Pape est le seul à le faire avec une mosette – voile qui recouvre les épaules –, une ceinture et, surtout, une calotte blanches.
Tiare
Remontant au XIVe siècle, la tiare à trois couronnes revêtait une symbolique très forte : représenter les trois pouvoirs du Pape, juridictionnel, magistériel et d’ordre – en nommant les évêques. Le Pape en était couronné, sous les acclamations de la foule. Son port fut toutefois abandonné par Paul VI en 1964 qui, bien que couronné avec après son élection, choisit de la déposer sur l’autel principal de Saint-Pierre de Rome, faisant savoir qu’il en faisait don « au profit des pauvres ». Il est à noter que la décision de Paul VI ne fut en rien un changement de règle, mais une simple décision « personnelle ». Difficile pourtant de revenir sur un geste aussi symbolique, qui ne manqua pas de faire couler de l’encre. Ainsi, aucun de ses successeurs ne revint sur cette décision. Benoît XVI remplaça même la traditionnelle tiare des armoiries pontificales par une mitre ornée de trois bandeaux, que reprit François.
Les titres du Pape
– Évêque de Rome, « Urbis episcopus », titre attesté dès le début du IIIe siècle et qui indique la primauté de Rome, lieu du martyre des saints Pierre et Paul, sur les autres diocèses.
– Successeur du prince des Apôtres, « Successor principis apostolorum », c’est-à-dire de saint Pierre, le premier Pape.
– Souverain pontife de l’Église universelle, « Pontifex maximus ». « Pontife » était le nom porté par les prêtres de la religion antique, puis par les empereurs. On retrouve traditionnellement, dans la signature du Pape, l’inscription « P. P. » : elle signifie « Pastor Pastorum » c’est-à-dire « Pasteur des pasteurs ».
– Primat d’Italie, « Primatus Italiae », premier des évêques d’Italie.
– Archevêque et métropolite de la province romaine, « Archiepiscopus ac metropolitanus provinciae ecclesiasticae Romanae ». C’est en vertu de ce titre que le Pape, comme tous les archevêques, porte le pallium.
– Souverain de l’État et de la Cité du Vatican, « Princeps sui iuris civitatis Vaticanae », titre en vigueur depuis les accords du Latran de 1929 et la création du Vatican.
– Serviteur des serviteurs de Dieu, « Servus servorum Dei », titre introduit officiellement par Paul VI, mais dont l’usage remonte aux VIe-VIIe siècles.
– Patriarche d’Occident, « Patriarcha Occidentis ». Supprimé par Benoît XVI, il fut réintroduit par François. Ce dernier a en revanche supprimé de la titulature officielle le titre de Vicaire du Christ, « Vicarius Christi », pourtant introduit dès la fin du Ve siècle par le pape Gélase.