Quand avez-vous rencontré Benoît XVI pour la première fois ?
La première fois que je l’ai rencontré fut, si l’on peut dire, à travers l’un de ses livres qui m’a beaucoup marqué. Foi chrétienne hier et aujourd’hui, paru en 1969 aux Éditions du Cerf. J’étais alors étudiant à l’Institut Catholique de Paris. Cet ouvrage nous était recommandé comme l’une des œuvres phares du renouveau de la théologie après le Concile Vatican II. Je l’ai véritablement rencontré pour la première fois lorsqu’il était déjà Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la Foi. À partir de 1981, il occupera cette fonction pendant 24 ans et sera, si je puis dire, « le rempart théologique de Jean-Paul II ». On dit qu’ils se voyaient chaque semaine et que tous les textes du pape étaient relus et travaillés avec le cardinal Ratzinger.
Retrouviez-vous régulièrement Benoît XVI ?
Je n’ai jamais été l’un de ses proches ou de ses collaborateurs. Mais à chaque fois que je conduisais un groupe de pèlerins à Rome, je demandais une audience à sa Congrégation. Il nous recevait lui-même ou déléguait l’un de ses collaborateurs. Et l’on parlait des travaux théologiques en cours. J’ai toujours trouvé cela intéressant et clair.
Une image de lui vous tient-elle à cœur ?
Une image reste bien présente dans ma mémoire. C’était en 2009 et ma mère s’était jointe à un pèlerinage du diocèse pour un anniversaire marquant. Sur la place Saint-Pierre, je l’ai donc présentée au pape et Benoît XVI a dit tout simplement : « Oh, quelle chance d’avoir encore sa maman ! » Puis il s’est approché des séminaristes d’Issy-les-Moulineaux qui étaient juste à côté de nous. Je garde aussi en souvenir le séjour à Rome pour les prêtres lyonnais que nous avions organisé en 2017. Nous avons eu une belle rencontre avec le pape François mais j’avais aussi demandé à Benoît XVI s’il serait d’accord pour nous rencontrer. Il est venu passer un moment avec nous devant la grotte de Lourdes qui se trouve dans les jardins du Vatican. Nous avons prié une dizaine du chapelet et notre Doyen lui a adressé quelques mots d’hommage. Puis, spontanément, il s’est mis à nous donner un petit cours sur saint Irénée : un vrai professeur ! Quand il entendait Lyon, c’est la figure d’Irénée qui lui venait aussitôt à l’esprit. C’était beau et simple, comme un automatisme dans son esprit !
Quel souvenir avez-vous du conclave de 2005, qui l’élut pape ?
Comme Doyen du Sacré Collège, c’est lui qui dirigeait les débats, après avoir aussi présidé les obsèques de Jean-Paul II. Notre dernière rencontre a eu lieu le samedi 16 avril. C’était le jour de son anniversaire et nous lui avons signé une carte pour ses 78 ans. Après l’avoir lue, il nous a gentiment remercié avec ces mots : « J’espère que votre confiance à mon égard s’arrêtera là ! » Il devait bien se douter de quelque chose…
Pour vous, quelles furent les principales qualités de Benoît XVI ?
Son humilité, sa discrétion, son attention à tous. Il était d’une intelligence exceptionnelle et très profonde, et il parlait un français admirable, ce qui n’était pas désagréable pour nous ! On le considère comme un sommet de la théologie mais tout restait simple avec lui et il usait toujours d’un vocabulaire accessible à tous.
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Pour aller plus loin :
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- La première bénédiction de Mgr Bashar Warda, nouvel évêque d’Erbil - Entre larmes et ovations
- L'Ukraine à l'heure des choix
- Valaam, l'archipel des moines. DVD. Documentaire.
- Dom Louis-Marie : « Nous devons à Benoît XVI notre catholicité »