L’Ukraine a résisté au fil des siècles pour préserver son identité et retrouver sa liberté. Celle-ci a été enfin obtenue démocratiquement en 1991 ; la voici à nouveau menacée. Au fil des siècles, ce pays fut tantôt un pont, tantôt une ligne de front entre l’Est et l’ouest de l’Europe. Sa vocation de pont est particulièrement vraie pour les catholiques : la grande majorité d’entre eux, environ 4,5 millions, est de rite byzantin – les gréco-catholiques – et appartient à l’univers chrétien partagé avec les orthodoxes. Mais sa fidélité à Rome à travers les siècles est admirable – on compte aussi 750 000 catholiques latins.
Une grande puissance
Vers l’an Mil, la Rus’ de Kiev – ou Ruthénie – est l’État des Slaves orientaux, dont le territoire s’étend sur trois pays actuels, Ukraine — où se trouve la capitale Kiev –, Russie occidentale et Biélorussie. Baptisée en 988 dans le christianisme byzantin par saint Cyrille, c’est une grande puissance européenne – une de ses princesses, Anne de Kiev, épousera un roi de France, Philippe Ier (1052-1108). Mais, en 1240, les Mongols détruisent Kiev et ravagent le pays, sauf à l’ouest où le royaume de Halych résiste, tandis qu’au nord, la Moscovie, née bien après le baptême de 988, commence son essor.
Unie à la Lituanie puis à la Pologne, l’Ukraine se révolte au VIIe siècle contre cette domination lituano-polonaise. Mais le soutien qu’elle recherche auprès de Moscou aboutit à la mainmise russe sur le pays. Les révoltes reprennent. Elles échouent mais entretiennent la soif d’indépendance, tandis que l’Ouest est polonais, puis autrichien.
La Première Guerre mondiale permet la création d’un État ukrainien, en butte à tous ses voisins. Les bolcheviques l’emportent et le détruisent. Puis Staline ordonne le génocide de la paysannerie ukrainienne en 1932-1933 (« l’Holodomor »).
Son alliance de 1939 avec Hitler lui permet d’envahir l’Ukraine occidentale. Puis l’avancée allemande de 1941 libère la région du joug soviétique mais l’espoir d’une Ukraine indépendante est vite déçu. Partisans d’une Ukraine indépendante et collaborateurs des Allemands, ou de l’URSS, se livrent une guerre atroce, marquée aussi par l’extermination nazie de l’importante communauté juive.
Après la guerre, la russification s’accélère. Mais le désir d’indépendance est toujours là et quand l’URSS s’effondre, celle-ci est plébiscitée à plus de 92 %. Le nouvel État, démocratique, entend vivre en paix avec son voisin russe et renonce à l’armement nucléaire contre la garantie de ses frontières, tout en renouant avec ses racines européennes. En 2004 et 2014, deux révoltes populaires attestent que la situation se dégrade à nouveau : cela a conduit à l’annexion de la Crimée par la Russie, à la guerre du Donbass, aux événements actuels.
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