Pain et pain de vie - France Catholique
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Pontificat de François - numéro spécial
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Pain et pain de vie

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Avertissement de l’équipe de traduction. Nous avons eu du mal à comprendre et traduire ce texte, même son titre. Si quelque anglophone averti peut nous aider à la rectifier, nous lui en serons très reconnaissants.

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« Et moi je te le déclare : tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise ; et les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle ». Jésus ne voulait pas dire que l’Eglise résisterait à l’offensive de l’enfer. Les Portes peuvent être enfoncées. Pierre, ce pêcheur à la langue prompte et aux mains rudes devait être le chef d’un groupe de frères qui lutteraient contre les barbelés et les tranchées avec lesquels l’enfer et ses lieutenants trompés encerclaient le monde.

Pourtant nous entendons dire que le sacerdoce est une sorte de carrière, comme celle d’un comptable, qui devrait être ouverte à qui le désire. Nous entendons dire que les hiérarchies sont injustes. Nous entendons dire que les prêtres devraient être nos partenaires en pastorale, et non nos pères, ni non plus des frères de sang d’hommes en armes ; et beaucoup sont satisfaits que cela fût ainsi, parce que cela rend la vie beaucoup plus facile. Le déluge peut venir plus tard.

Je suis un défenseur inconditionnel d’un sacerdoce militaire. La grâce perfectionne la nature, dit saint Thomas d’Aquin. Elle ne doit pas l’ignorer ni la supplanter. Il est naturel pour les hommes de s’unir quand il y a risque grave, qu’il faut se sacrifier soi-même, et prendre de hautes décisions morales, pour protéger et promouvoir le bien commun.

Quand débuta la Première Guerre mondiale, il y avait à Londres un quaker américain, un ingénieur, qui avait réorganisé des mines en faillite. Il était scrupuleusement honnête. Passé par Stanford, après son diplôme, sur les instances de son ami et mentor professionnel, il avait travaillé des mois au fond d’un puits de mine avec un pic et une hache, « pour apprendre le quotidien de la mine, s’éclairer sur le maniement des hommes et sur les autres innombrables questions liées au travail, qu’aucun homme n’apprendra jamais par lui-même en se contentant d’être employé ».

Voilà ce qu’écrivait un certain Hugh Gilson, un des admirateurs du Quaker, pour The Century de juillet 1917. Notez la date.

C’était la sorte de chose qu’un homme plus âgé pouvait exiger d’un homme plus jeune. Le garçon devint un ingénieur des mines parmi les plus compétents, commandant des équipes d’hommes qui suaient et peinaient avec lui dans des lieux aussi inhospitaliers qu’un fin fond de campagne en Australie et que la Chine au temps de la révolte des Boxers. Il échappa aux balles pendant le siège de Tientsin, ignorant les représentations de ses amis chinois lui disant que lui et sa jeune femmes devraient s’échapper pendant qu’ils le pouvaient. A la place il organisa son personnel pour bâtir des barricades, éteindre les feux et alimenter régulièrement les gens, si bien que les 2.300 soldats chinois purent tenir la ville contre les rebelles. Nous pourrions dire qu’il combattit comme un quaker, et commanda comme John Paul Jones.

Ainsi quand la Guerre mondiale éclata, il était le seul homme à Londres à pouvoir garantir que les Américains fuyant le continent pourraient revenir chez eux sains et saufs avec leurs familles et leurs biens intacts. Lui aussi allait revenir chez lui quand on apprit que les Belges, débordés par les armées du Kaiser, mouraient de faim. La famine frappait alors également les régions occupées du nord de la France. Des tonnes de nourriture devaient être fournies à ces millions de gens, chaque jour. Qui pouvait le faire quand toutes les nations se défiaient l’une de l’autre.

Cet ingénieur quaker alors devint le général d’un peloton d’amis qui le suivirent sur la brèche. Considérez la difficulté de la situation. Ils avaient à rester entièrement neutres dans leurs paroles et leurs actes, quelle que fût leur façon de penser, parce que si les Allemands perdaient confiance en eux, ils leur interdiraient la Belgique et la France, et des millions de gens crèveraient de faim. Autrement dit, ils devaient être parfaitement soumis.

« C’était le seul homme vivant », dit Gibson, « à avoir l’autorisation de voyager librement d’un pays belligérant à l’autre, jouissant de l’entière confiance des gens au pouvoir dans ces gouvernements. Chaque fois que ses amis se laissaient gagner par le désespoir, il disait en serrant les dents : « Mais nous devons nous rappeler que nous sommes ici pour nourrir les Belges » » et c’était bien cela.

« Quand on viendra à l’écrire » dit Gibson, « l’histoire du Comité d’aide à la Belgique remplira des volumes » et beaucoup de ces volumes devraient être consacrés à l’action de ce chef quaker, « car il fut d’un bout à l’autre l’esprit moteur, la force directive et active et l’inspiration des hommes choisis qui continuèrent leur tâche et rendirent possible le travail de préservation le plus grand dans l’histoire du monde – la préservation de l’une des plus belles races que la civilisation ait produite ».

S’il était mort d’une balle perdue un jour avant l’armistice, Herbert Hoover aurait été révéré comme l’un des plus beaux membres que l’Amérique large d’épaules ait produit. Si les Belges persévéraient dans leur foi, nous ne nous demanderions pas comment quelqu’un a pu faire l’éloge de cette caverne de bureaucratie où un coeur et une âme ont autrefois habité. L’histoire, c’est certain, peut être cruelle. Mais devons-nous, par desssu le marché, être stupides ?

Aucun propos de comptoir n’a jamais dragué un port. Aucun comité chargé de calmer les blessures d’amour-propre n’a jamais percé un tunnel à travers une montagne. Nous avons affaire maintenant à un défi beaucoup plus difficile que celui de l’eau ou de la roche. C’est une civilisation riche et techniquement sophistiquée, en ruines. Si c’était seulement de pain que les gens manquaient !

Même nous, bureaucratiques et autocomplaisants et négligents, nous pourrions faire le travail pourvu que les affamés ne fussent pas trop loin, et que nous ne fussions pas en danger de mort ou d’être blessés. Mais ils manquent du pain de vie, et personne dans nos institutions publiques n’autorisera même ses membres à reconnaître le manque. Ils sont affamés spirituellement. Nous ne sommes pas trop vaillants nous-mêmes.

Et de quoi discutons-nous ? Comment leur donner leur pain ? Non. Nous nous demandons quel petit ou grand sourire nous pouvons donner à d’autres stupides négations de la nature créée, comme supposer qu’un bébé est une tache, ou un garçon une fille. Si c’est cela que nous sommes tous, nous catholiques, pauvres sots, capitulards, alors descendons donner le sacrement de l’ordre à la dame en bas dans la rue, allons marier l’homme au garçon et faisons entrer le Kaiser des enfers.

Il ne s’appelle pas Wilhelm.

Source : https://www.thecatholicthing.org/2015/12/30/sergeants-and-the-bread-of-life/

Photo de Herbert Hoover vers 1915.