La venue de l'Avent - France Catholique
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La France à Rome
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La venue de l’Avent

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Lire à l’université les écrits de Christopher Dawson m’a laissé une impression durable. Le grand historien, converti au catholicisme, m’a aidé à comprendre le sens chrétien de l’Histoire. La notion païenne du temps, et donc de l’Histoire, est une répétition cyclique sans fin des événements – tout comme le cycle des saisons. Pourtant cette façon répétitive d’interpréter la réalité emprisonne l’homme dans une ronde inutile et vaine. Sur quoi mettre le cap s’il n’y a pas de point final au temps, seulement une reprise perpétuelle et sans fin de la même pièce impliquant une distribution sans cesse renouvelée des rôles des personnages qui vont et viennent ?

Évidemment, la Révélation chrétienne résout le dilemme. La Création a un début et une fin. Le Christ est l’Alpha et l’Oméga. Notre monde et nos vies viennent de Lui, et notre pèlerinage sur la terre est une quête pour à la fois marcher avec Lui en tous temps (« Je suis toujours avec vous jusqu’à la fin des temps » Matthieu 28:20) et Le rencontrer comme notre juge miséricordieux quand s’achèveront nos jours sur cette terre (« Venez, bien-aimés de mon Père, et prenez possession du royaume qui a été préparé pour vous dès la fondation du monde » Matthieu 25:34).

Étant donné cette compréhension linéaire de l’Histoire, se déroulant de la Création à la Rédemption et atteignant sa pleine réalisation au Dernier Jour, notre place dans le temps et l’espace est relativement facile à se représenter. Nous voulons faire partie de cette grande procession de pèlerins qu’est l’Église. Dieu nous a mis sur cette terre au moment de son choix pour réaliser ses projets. Notre devoir est de rechercher sa volonté alors que nous languissons de le voir face à face, soit au moment de notre mort, soit lors de sa seconde venue au Dernier Jour, si nous sommes encore de ce monde à ce moment-là.

Chercher à faire la volonté de Dieu implique la répétition de nombreuses bonnes actions : prières, sacrifices, réception des sacrements, bonnes œuvres et actions charitables, notamment envers les pauvres. Ce cycle saint de répétitions est réalisé dans la perspective de notre voyage, le moment venu, vers notre but, le Christ. L’Église nous a donné l’année liturgique comme principe organisateur de nos efforts quotidiens pour être avec le Christ, maintenant et toujours. Dans le calendrier liturgique, nous contemplons et célébrons la vie du Christ. L’Eglise répète ce cycle, année après année, pour nous instruire et nous guider sur la façon de voyager vers la Jérusalem Eternelle. Ce cycle de jours et d’années n’est pas sans fin ni replié sur lui-même. Il est orienté vers le Dernier Jour, quand le Seigneur reviendra.

La Conférence des Évêques (des USA) nous le rappelle : « Le temps de l’Avent est un temps de préparation qui tourne nos cœurs et nos esprits vers la seconde venue du Christ, quand il reviendra à la fin des temps, et également vers l’anniversaire de la naissance du Seigneur à Noël. Les derniers jours de l’Avent, du 17 au 24 décembre, se concentrent plus particulièrement sur notre préparation de la célébration de la Nativité de Notre Seigneur (= Noël). »

La première partie de l’Avent dirige nos pensées sur la seconde venue du Christ, le Dernier Jour. Ainsi nous commençons notre année liturgique en méditant sur la fin des temps. Nous cheminons actuellement en compagnie du Christ caché dans la perspective d’être avec Lui quand Il viendra juger les vivants et les morts. Ce Christ caché, en lequel nous croyons sans l’avoir vu, est né à Bethléem il y a un peu plus de 2 000 ans. Il a d’abord été découvert par des hommes modestes et pieux qui ont été envoyés à la crèche par les anges. Ces mêmes anges proclameront son retour quand tous « verront le Fils de l’Homme venir sur les nuées du ciel, avec puissance et grande gloire. » (Matthieu 24:30)

La seconde partie de l’Avent dirige nos regards sur la naissance de Celui qui accomplit toutes les prophéties données au peuple d’Israël. La réalité stupéfiante de l’Incarnation requiert notre pleine attention. Ce qui me ramène de nouveau à Dawson, particulièrement à son observation que chaque jour est une répétition générale du jour de la Seconde Venue du Christ. Cela cerne vraiment le sens chrétien du temps et de l’histoire. Nous devons nous tenir toujours prêts à accueillir le Seigneur à Son retour. Personne ne sait ni le jour ni l’heure (Matthieu 24:36), mais nous savons de source sûre qu’Il va venir.

L’Avent est un ferme rappel que nous sommes censés nous tenir prêts à rencontrer le Christ. La nature pénitentielle de cette période de l’année (en témoignent le violet des vêtements liturgiques et l’absence du Gloria lors de la messe) nous enseigne que le péché et la dépendance au péché nécessitent que chacun de nous s’en préoccupe. La meilleur façon dont nous puissions honorer la naissance du Seigneur est de nous préparer à le rencontrer au Dernier Jour, ce qui veut dire rechercher son pardon pour nos péchés et sa grâce pour mieux vivre en véritables disciples. Une bonne confession de nos péchés durant l’Avent est un cadeau tout à fait adapté à faire au Christ-Enfant ; l’absolution de nos péchés est le cadeau du Christ à ceux qui attendent impatiemment de voir son visage.

Mais est-ce que tout cela reflète bien la façon dont les chrétiens observent l’Avent à l’heure actuelle ? En Amérique, notre culture encore vaguement teintée de christianisme, dominée par les médias, a banni de la sphère publique la plupart des références à Noël, nous abandonnant au credo consumériste : acheter, acheter, et acheter encore. La célébration populaire de la fête de l’Incarnation a dégénéré en folie dépensière pour célébrer « les sacro-saints jours fériés » (NDT : il y a un jeu de mots entre « holy days », jours saints, et « holydays », vacances).

L’Avent a également pour but de nous rappeler que la célébration appropriée de la venue de Dieu parmi nous requiert de notre part pénitence et surcroît de prière. C’est le nécessaire chemin à suivre si nous voulons réellement être prêts pour la seconde venue du Christ et si nous voulons honorer sa naissance à Bethléem avec l’esprit d’adoration manifesté par les bergers et les mages. Échanger des cadeaux à Noël, c’est une façon de se faire l’écho du cadeau suprême que Dieu nous fait à Noël : son propre Fils. Alors que nous attendons Noël et cette célébration de l’amour de Dieu, reconsidérons l’importance de l’Avent. La répétition générale a débuté.

Le père Gerald E. Murray est prêtre de l’église de la Sainte Famille à New-York et spécialiste du Droit Canon

Source : http://www.thecatholicthing.org/2015/11/29/the-coming-of-advent/

Illustration : Madonna del Parto, œuvre de Piero della Francesca, réalisée vers 1455, visible à Monterchi, en Italie. C’est un modèle classique de la Vierge dans les douleurs de l’enfantement.