L’UMP toussait déjà depuis quelque temps. Elle avait subi l’an passé un accès de fièvre collective qui avait duré de longs mois. Depuis lors il y avait de l’eau dans le gaz de cette usine électorale : les messages échangés entre ses chefs rivaux Copé et Fillon étaient si souvent parasités par des poussées d’adrénaline carriériste qu’aucune symphonie pastorale ne semblait plus possible vis-à-vis du dernier carré des militants consternés.
Même l’imperturbable Alain Juppé avait renoncé à porter l’étoile du shérif dans ce sombre Western où un Copé-Zorro était arrivé, et s’était retranché prudemment derrière les murs de Bordeaux, en attendant des jours meilleurs.
Mais cette fois-ci, après le choc violent de l’affaire financière Bygmalion, la direction de l’UMP ne peut que constater l’état de sa machine : grosses factures politiques à payer, nouvelle et grave fracture avec l’opinion publique, que le désastre parallèle de l’Etat-PS ne saurait guère compenser, tuyaux crevés pour réchauffer des salles vides, fuites de capitaux évaporés.
Hier, en hâte, près des flaques d’huile, l’état-major s’est réuni au bord de la route, pour tenter d’éviter la déroute définitive. Résultat de ces cogitations fiévreuses : après le départ de M. Copé mal remis de sa mauvaise chute et prié d’aller cavaler ailleurs, un groupe de trois syndics va engager en urgence plusieurs mois de travaux d’ici l’automne, pour tenter de réparer les dégâts avant que la grande famille UMP « passe l’arme à gauche ». Chacun de ces « urgentistes », MM. Juppé, Raffarin et… Fillon, est ancien Premier ministre, rappelle-t-on, comme s’il fallait rassurer le public.
Pendant les travaux, la maison UMP reste ouverte. Mais on ne sait pas si les clients se presseront pour passer à nouveau à la caisse. De nos jours, les gens deviennent méfiants.
Denis LENSEL
