Ce matin, un ami très cher m’a téléphoné. Il était en larmes et je l’ai été moi-même presqu’aussitôt après l’avoir entendu me dire : « Ma est morte ». Il nomme ainsi sa femme, son épouse devant Dieu et les Hommes. J’ai vécu avec lui en Côte d’Ivoire du 20 au 29 de novembre pour continuer une action que nous menons depuis la France depuis des années. Elle était son soutien le plus constant, le plus inconditionnel. Elle était une femme de foi, d’amour, constante en cet amour, en cette adhésion à l’œuvre de son époux. Pour certains, cette action paraissait folle, utopique, vaine, disant que, sans vrais moyens financiers, il n’aboutirait à rien et moi pas davantage, étant aussi peu que lui apprécié de la Fortune semeuse d’écus d’or.
Autant de fois que je l’ai rencontrée, elle m’a paru la douceur même, le dévouement. Les inconvénients de la vie elle les portait avec humour. Laotienne d’origine, il lui est arrivé sans doute d’être tenue à distance par certains qui s’imaginent que la dignité de l’être tient à la couleur et aux traits du visage… Pauvres gens ! Que de joies ils ignorent : mais elle allait sur son chemin de grâce, un sourire heureux aux lèvres.
Reste Yao-Barthélemy ! Comme elle a besoin de nos prières, lui aussi en a un besoin urgent. Je l’ai rappelé deux heures après son téléphonage, afin de lui poser ‘’la’’ question de confiance : « Ma t’a soutenu tout au long de ce que tu as entrepris en faveur de ton pays. Son aide va te manquer douloureusement. Que vas-tu décider ? Poursuivre ou arrêter ? » Sa réponse a été sans hésitation : « Elle a toujours voulu que je poursuive, et je sais qu’elle le veut encore là où elle se trouve. Je ne vais pas m’arrêter. »
Que mon lecteur veuille bien m’accompagner dans cette supplication pour l’âme de cette femme inconnue et pour celle de cet homme qui entend ne pas mettre un terme à ce qu’il considère comme son devoir, sa vocation. Ce lui sera plus difficile sans elle : que la Providence soit avec lui.
Je suis en train de rédiger le récit de ce que nous avons tenté au cours de ce séjour récent en cette terre qui a souffert un véritable martyre et qui, sous des formes plus subtiles, continue de le vivre.
Dominique Daguet