L’évangéliste Luc ne cède pas à l’émotion : il rend compte très brièvement de la réanimation du « fils unique » d’une veuve. Certes, il y a une foule de gens pour accompagner celle-ci : mais sa situation sociale vient de sombrer et ses pleurs recouvrent plusieurs mobiles. Jésus, quand sonne l’heure de sa mort sur la croix, fait de Jean le soutien de sa propre mère, comme la lui léguant en héritage. Son cœur s’émeut des pleurs de la veuve de Naïm et Il « relève » le fils afin d’éloigner d’elle le malheur, qui ne manquerait pas autrement de l’accabler.
Il y a un rapprochement évident entre cet événement et celui qui surviendra plus tard sur le Golgotha ; existe cependant une différence immense : Marie n’est pas seulement dite mère pour saint Jean, elle se voit en outre reconnaître le statut de mère de tous les être humains ! Elle qui est mère de ce fils divin, elle qui l’a aidé à construire son corps d’humain, elle ne sait pas encore que chaque baptisé participe à cette naissance et que donc elle-même se trouve impliquée dans une maternité qui dépasse l’entendement et qui permet à chacun de nous de la nommer « mère » et de revendiquer son secours quand plus rien ne va, de la louer et la remercier quand tout va bien. Elle ne peut pas être sa mère si elle n’est pas la mère de tous ceux qui, formellement, participent au corps mystique de son Fils.
Cent mille lignes seraient trop peu pour un tel sujet : autant l’arrêter ici.
