Les événements que nous vivons me font fortement penser à l’ouvrage d’Hannah Arendt sur la « banalité du mal »1, expression qui lui était venue à l’esprit en visionnant les reportages télévisés de chaque jour lors du procès d’Eichmann à Jérusalem : elle couvrait l’événement pour le New Yorker… L’audace du propos est extraordinaire, loin d’être banale… Il est vrai que l’on voit souvent des criminels commettre consciencieusement leurs méfaits comme s’il s’agissait d’un travail habituel, « normal »… Ici, en ces jours récents, on a vu des fonctionnaires et des conseillers répondre sans broncher à tous les desiderata de nos fabricants de lois dépravantes : ne sont-ils pas tenus d’obéir au doigt et à l’œil ? Pourtant, si on leur demandait de tenir le vase pour que le président puisse uriner, il y aurait révolte légitime. Or, rédiger des textes qui vont dans le sens de la « banalité du mal » est bien pire que recevoir simplement une insulte.
Mon gendre Raphaël me rappelle à l’ordre… En effet, mes réflexions depuis quelques temps s’abstenaient d’aller voir du côté de la « Manif-pour-tous ». Mercredi soir 8 mai, déjà !, j’avais renoncé au dernier moment à me joindre au groupe des Veilleurs d’Angers, fatigué par une longue journée de travaux divers. Une seule date était pour moi « sanctuarisée », le dimanche 26 mai… Mais il me fait savoir que le vendredi 17 est organisée une cérémonie d’accueil à Trélazé, aux portes d’Angers, afin d’y saluer M. Manuel Valls comme il convient. Il a simplement oublié de m’indiquer l’heure… et l’adresse où se tiendra cette réjouissance. Faudra-t-il y arriver déguisés en Gaulois ? En costume de Bayard ou de Charette pour les hommes, en celui de Charlotte Corday pour les femmes ? Je pense à cette dernière parce que nos éminences politiques rêvent sans cesse de notre grande Révolution 2, dont les Vendéens gardent de précieux souvenirs. Bref, je retiens la date et nous espère nombreux pour rappeler à notre ministre de l’Intérieur quelques vérités qu’il a sous-estimées tout en nous fourguant ses mensonges. Faut-il supposer qu’il les croît vrais, quoique ce soit inimaginable ?…
Le responsable de la « Manif-pour-tous » angevine, Xavier-Yves Cozanet, pose une question très actuelle : « Où en est, Monsieur Hollande, le changement de civilisation ? » Certes il songeait à celle que notre Président, tout fragile qu’il soit sur son trône, espère engendrer : je pense quant à moi à celle que nous pouvons sauver et sans doute améliorer … La réponse claque au vent de l’Histoire : « Le changement est en route, merci », ce changement qui viendra de nous, avec le ferme espoir qu’il remplacera vertement celui de la loi Taubira comme de celles qui suivront. (Le bon, il faudra le retenir, mais séparé du mauvais).
Et de donner un premier exemple du travail d’inversion que nous tous avons à faire en rappelant que le 19 mars dernier la « loi du gendeure » dans les écoles a été votée par l’Assemblée nationale. Pour la première fois dans notre histoire déjà longue, le pouvoir politique s’est occupé d’une façon extrême et indigne de se qui se passe en matière sexuelle entre les citoyens : jusqu’à les inciter à choisir leur « genre » dès le cours préparatoire, dit C.P. À six ans ? Choisir entre toutes les formules qui remplissent la case de cette « théorie » illuminative ou, si l’on préfère, « orientalisée » ? Quel enseignant respectueux de la nature humaine, respectueux des enfants qui lui sont confiés, non par la République, mais par les parents, osera, devant ces petits élèves, s’avancer dans ce dédale des pratiques sexuelles qui ne sont en rien définissables par le code de cette théorie nauséabonde ?
Notre siècle est pourri en profondeur par les fantasmes sexuels qui le hantent et dont nos élites branchées et dépravées font leurs délices. Pas un jour sans qu’une publicité blessant la sensibilité des enfants ne s’affiche dans nos rues. Pas un jour sans que des programmes hideusement pervers ne soient diffusés par des « chaînes » presque toutes dévouées aux démons de toutes les luxures : les précautions que peuvent prendre les parents pour éviter que les enfants n’y frottent leurs paupières sont loin d’être toutes efficaces. Oui, il faut revenir à des lois qui sanctionnent vraiment, qui interdisent tout autant et qui renvoient au néant cette fangeuse « spermissivité » actuellement traitée en idole absolue.
Revient-il aux politiciens de grenouiller dans les armoires à caleçons et autres petites culottes, sauf à faire en sorte que ces sous-vêtements cessent d’être les emblèmes de leur activité préférée.
De l’air, de l’air, et du pur s’il vous plaît ! Ras le bol des odeurs de latrines et de celles qui se dégagent des bouges pornographiques : même à travers le télécran ça pue ! Messieurs les journalistes qui vous délectez à commenter sans fin des nouvelles qui ne méritent que trois mots, il conviendrait, à mon sens, que vous participiez, volontairement cela va de soi, à quelque stage de désinfection mentale : ainsi vous pourriez reprendre votre service avec un regard moins allumé, des neurones plus légers. (Rien à voir avec les camps de rééducation à la vietminh ou à la soviétique…)
Il est vrai qu’il y a peut-être pire, l’usage que le gouvernement accepte que l’on fasse des embryons, ces « infimes » que nous fûmes tous pourtant ! L’industrie frétille de toutes ses papilles financières à la seule perspective qui s’ouvre enfin devant elle : pouvoir étaler sur la peau des femmes ce « si peu de chose » qui aurait pu donner un… oui, j’hésite car on va m’accuser d’être un infâme culpabilisateur. Et pourtant cette hésitation à elle seule serait une infamie : qui aurait donc pu faire apparaitre au jour un être humain.
Mon mauvais esprit me glisse à l’oreille que c’est sans importance puisque la majorité des « humains » d’aujourd’hui a perdu le sens de la dignité de chacun. Ne sait même plus ce que ce mot signifie. Quelle exigence il traduit. Oui, une contre-civilisation est en marche sur trois pieds et je vois d’ici, qui se trouvent à la sortie des étables et des porcheries, en quelles fosses elle s’envasera.
Les signes ne trompent pas : il y a, parmi les homosexuels influents, qui ont tout obtenu de leur homme lige, François Hollande, des décideurs obscurs, cachés, ayant renoncé volontairement à leur capacité procréatives, qui mènent un combat acharné pour obtenir de l’État français le « droit » de remplacer cette capacité de nature par une suite d’artifices extérieurs, ingénieux certes mais infernaux, dont les fruits seraient d’un côté d’obtenir des enfants issus d’une industrie meurtrière, d’un autre la marchandisation du ventre des femmes dont cette industrie ferait ses esclaves.
« Admirable, n’est-il pas », disent les semblables anglo-saxons ! « Répugnant, immonde, vraie saleté », voilà les mots que n’importe quel être humain, quelle que soit d’ailleurs sa façon de succomber aux pressions ou aux pulsions de sa libido, ne peut que prononcer en ultime jugement de ce que le gouvernement français veut faire admettre aux citoyens qui ne l’ont certes pas élus pour un tel forfait, une telle imposture, une telle insanité… pour ne pas user une fois de trop de la notion de « monstre ».
Un détail qui a son importance : une telle loi, odieuse en soi, criminelle en soit vu les conséquences horrifiantes qui en résulteront, nous rendra tous complices par le fait qu’elle ordonnera, à cause du principe dit d’égalité, l’octroi de la gratuité de ces gestations artificielles. Or chacune coûtera fort cher. Ici, le principe d’égalité sera balayé du côté des payeurs, les contribuables. Ceux qui trouvent cela très bien, ils paieront leur quote-part avec allégresse : on s’en réjoui pour eux ! Mais ceux qui trouvent cela abominable seront blessés, bien au-delà du portefeuille, au plus profond de leurs convictions. Inégalité qui, selon toutes les apparences, n’a pas été perçue par nos gouvernants, dont la seule certitude semble être : aux semblables tous les droits. Même d’être traités bien plus favorablement que les dissemblables.
Une loi sur l’euthanasie, cette autre abjection prétendue sauver la dignité des grands malades, sera bientôt présentée, peut-être en même temps que celle sur la famille. Bienheureuse « manif-pour-tous » ! Elle aide à dévoiler des causes humaines transcendantes à toutes les pulsions malsaines de nos intellos hybrides dont le Président a fait ses conseillers : des conseillers qui ne paieront pas à sa place les pots cassés.
Pierre Bergé, le « Commandeur », veille dans les coulisses, hargneux, à manier les ficelles qui font se mouvoir les jambes et les bras de celui qui se prend pour le Président sous l’apparence de François Hollande – après tout, ne l’a-t-il pas fait élire avec l’aide de tous les médias qu’il tient sous sa botte à fric ? N’a-t-il pas le pouvoir de lui rappeler sans cesse « qu’il l’a fait roi » ? – le « Commandeur » donc doit se réjouir de voir ses plans se réaliser avec l’aide d’élus qui n’ont rien compris à ce qu’ils ont fait et qui ne saisissent pas pourquoi tant et tant d’hommes et de femmes accompagnés d’enfants se sont rassemblés à travers toute l’étendue du royaume de Jeanne d’Arc pour les supplier de renoncer à détruire ce que nul n’a le droit de détruire…
(Je ne fais que constater ce qui est visible. Peut-être qu’en son fort intérieur, aux moments très courts où il peut enfin se retrouver seul, le Président est bourrelé de remords ? Sans pouvoir, vu ses liens invisibles, donner suite à ses élans vertueux… À moins qu’il soit à demi noyé au bord d’un océan de questions insolubles ?
Le pouvoir, qu’il a voulu conquérir si violemment, comme pour prouver à la terre entière qu’il était tout autre que celui qu’il paraissait être, se soit organisé en une étroite prison de laquelle impossible d’échapper ?
Il en va de même pour les mots : on se laisse aller à les dire, dans un élan de plaisir soudain, on s’en croît le maître juste le temps de s’apercevoir qu’ils vous entraînent bien plus loin que désiré : ainsi des jugements… Ce n’est pas, par bonheur, l’homme réel qui est ici examiné : seulement le personnage dont en son rêve il s’imagine être le maître…
L’Homme est au-dessus des actions misérables auxquels il se laisse aller. Pour soi-même, en se levant et avant d’aller prendre son repos de nuit, il suffit de se considérer tel que l’on est, un simple et affligeant « pauvre pécheur », pour retrouver quelque chose de la dignité dont il a été question plus haut. Une dignité qui n’émane pas de soi – en solitude il est facile de s’en rendre compte : seulement de Celui qui nous lave, nous élève, nous sauve.)
C’est au moment où le Démon se croît parvenu au faite de ses succès que survient le très léger déclic par lequel la Grâce fait savoir à l’homme que sa liberté de détruire doit elle aussi trouver ses marques, c’est-à-dire ses limites. Les chrétiens, si méprisés aujourd’hui par les hommes du président, savent qu’elles leur apparaissent dans leurs prières incessantes et très particulièrement chez les catholiques habitués des « rendez-vous confidentiels ».
En 1870, des enfants avaient déclaré que « finalement prier Dieu ne servait à rien puisqu’Il ne les écoutait pas ». Ce fut alors que vint la Vierge Marie et que les troupes prussiennes furent renvoyées chez elles : l’humble village de Pontmain ne connut pas l’invasion qui était leur épouvante.
À ce sujet, je ne puis qu’établir le parallèle entre l’action de Notre Dame de Pontmain et Notre Dame de la Marne. J’ai déjà évoqué cette stupéfiante victoire dont l’histoire n’est apparemment connue que de quelques-uns : elle n’a pu être que volontairement oubliée, ou cachée, occultée, par l’Armée française et l’État français.
C’est aujourd’hui la fête de Notre Dame de Fatima. Avons-nous assez prié pour que puisse se réaliser son vœu : la « consécration de la Russie » à son Cœur ? Jusqu’ici, il semble qu’il n’a pu y avoir d’entente à ce sujet entre Rome d’un côté et Moscou de l’autre. Or il faut l’unité de désir entre les orthodoxes slaves et les catholiques romains. Juste sur ce point : que la Reine du Ciel, que la Reine de France comme de tant d’autres pays, devienne également celle de la Sainte Russie ! À ce qui m’ été rapporté il y a peu, sans que je puisse réellement vérifier le propos, le bienheureux Jean-Paul II aurait un jour déclaré, comme épuisé : « Ils ne veulent rien entendre, rien entendre ! » Qui ? Je ne sais, pas plus la personne qui me fit cette confidence.
Le 13 mai 2010, Benoît XVI avait prononcé ces paroles fortes : « Celui qui penserait que la mission prophétique de Fatima est achevée se tromperait. Revit ici ce dessein de Dieu qui interpelle l’humanité depuis ses origines : ‘’Où est ton frère Abel ? […] La voix du sang de ton frère crie de la terre vers moi !’’ (Gn 4, 9). L’homme a pu déclencher un cycle de mort et de terreur, mais il ne réussit pas à l’interrompre… » Et voici une nouvelle symboliquement significative qui vient de me parvenir et m’enchante : le Pape François vient de consacrer son pontificat à Notre Dame de Fatima. L’événement s’est déroulé au sanctuaire marial en présence du Cardinal de Lisbonne et des évêques portugais.
Ce fait est d’une grande importance et un excellent présage pour cette consécration espérée de la Russie. Mettons-nous en travail de prière car il s’agira bien d’un enfantement. Celui d’un monde renouvelé, après avoir pu croire qu’il était perdu.
Pour aller plus loin :
- Le titre de ce livre est exactement : Eichmann à Jérusalem. Rapport sur la banalité du mal. Cf. L’article de Dominique Decherf sur le film qui en est tiré, actuellement sur les écrans.
- Souvent l’on me fait valoir les « bonnes actions » de notre Révolution : je crois certes qu’il lui est arrivé de bien agir, mais ces progrès auraient de toute façon vu le jour, tandis que l’on aurait évité les mauvaises si l’on avait simplement laissé l’idéologie révolutionnaire de côté pour n’être finalement que pragmatique, ce qui est la plus grande qualité de la politique en action.