Un père de famille a déclaré sur Internet avoir été arrêté par des « gardiens » au Jardin du Luxembourg et avoir reçu une contravention pour avoir porté le maillot de survêtement portant le logo familial de la « Manifpourtous », un simple dessin représentant un papa et une maman se tenant par la main et tenant chacun un enfant… On ne voulait pas y croire. On se disait : « Mais non, c’était le Lundi de Pâques, mais ça tombait un 1er avril ! C’est forcément une blague, un canular ». Hélas, non ! C’était sérieux…
Au début, l’affaire ressemblait à du Courteline : un policier a voulu dresser procès-verbal à cet innocent citoyen pour « port d’une tenue contraire aux bonnes mœurs » (!). Ebahissement de l’intéressé. Un gradé intervient et requalifie le motif : « organisation d’une manifestation ludique dans le jardin du Luxembourg sans autorisation spéciale ». Le « contrevenant » avait eu l’idée subversive de cacher des œufs de Pâques pour ses enfants dans ce jardin public.
Le même jour, c’est-à-dire trois jours avant le débat sur la loi Taubira sur le « mariage homosexuel » au Sénat – tout proche de ce jardin public – une douzaine de personnes ont subi semblable traitement de la part de zélés « gardiens de la paix », la paix des Princes qui nous régentent jusque dans nos vêtements ! Un jeune « joggeur » est bloqué dans sa course par trois agents qui l’empoignent. On lui dresse le même PV. On le garde une heure au poste, on le fouille. Après avoir hésité ici encore à qualifier le « délit » (tenue vestimentaire prohibée, c’est peu crédible dans ce cas…), on l’emmène en voiture au commissariat le plus proche pour vérification d’identité. Un dangereux terroriste familialiste, qui sait ? Comme le père de famille aux œufs de Pâques, ce coureur va contester son amende. Il sera lui aussi convoqué au tribunal de police pour un « procès » qui fera date !
D’après un récit du « Figaro », une étudiante de 19 ans, elle aussi habillée du « sweatshirt » subversif au logo familial, se voit dresser procès-verbal pour un motif digne de Kafka : « Gêne à la tranquillité des promeneurs par affichage ostentatoire d’éléments relatifs à une manifestation interdite »…
Un cadre verbalisé pour le même motif a le malheur de passer à la rébellion ouverte en s’exclamant qu’il refuse la loi Taubira-Hollande. Ton affaire est claire, mon gaillard : « Gêne à la tranquillité », ici encore, mais cette fois « par cris et vociférations ». Il devra recourir à son avocat, car il aura probablement droit à un procès soigné. Faudra-t-il rebaptiser le Jardin du Luxembourg « jardin Courteline » ou « Parc Kafka » ? Dans les petits jeux tracassiers des surveillants du « vestimentairement correct », on peut y passer de la case Contravention à la case Procès pour bien peu de choses… En attendant, le « Château » de l’Elysée reste désespérément inaccessible aux sursauts d’une population fermement priée… d’aller se rhabiller !