Quo Vadis –Ô Evêques - France Catholique
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Quo Vadis –Ô Evêques

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Se positionner sur le long terme n’est pas trop mon truc. Cela peut parfois être sage, et même nécessaire, en termes d’humanité. Mais je suis beaucoup plus attiré par cette parole de Jésus, sans doute la plus négligée : « Je suis venu jeter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! » (Lk. 12 ; 49)

Les évêques américains se retrouvent à Baltimore cette semaine pour leur rencontre annuelle. La rumeur révèle qu’ils discuteront principalement de sujets internes à l’église des Etats Unis. S’ils me demandaient mon avis, – pour une raison que j’ignore, ils semblent avoir oublié de me consulter – je leur recommanderais fortement de commencer par une session collective de lectio divina sur le thème de « mettre le feu ».

Je leur ferais quelques suggestions supplémentaires : D’abord, ne soyez pas gentils, cela ne sert à rien. Soyez dignes, soyez attentionnés, mais ne soyez pas gentils. Hommes religieux, vous n’êtes pas sans savoir que le mot « gentils » désignait les non juifs. Il ne s’agit pas de cette signification, mais dans son sens actuel, ce terme a une connotation un peu mièvre.

La bonté, bien sûr est quelque chose de tout à fait différent. Notre Seigneur était bon – assez bon pour dire la vérité aux gens. Sa manière de combiner le dur et le doux est ce dont nous avons besoin. Nietzsche, qui a été élevé parmi des femmes affairées, au foyer insipide d’un pasteur protestant, insistait sur la nécessité d’être dur. Comme tous les hérétiques, son point de vue était justifié, mais en s’y cantonnant, il en arrivait à négliger d’autres vérités.

Nietzsche a remarqué qu’au fur et à mesure que le monde s’est développé la chrétienté, s’est largement féminisée. Marie est le modèle des chrétiens, et les adeptes de la théologie « Communio » ont raison : nous devons commencer par être passifs, pour recevoir ce que Dieu veut nous dire, comme la Vierge a reçu la Parole en son sein.

Les femmes sont parfaitement capables de temps en temps, d’avoir certaines vertus masculines, bien sûr. Mais oublions la notion « politiquement correcte » qu’il n’existe pas de qualités spécifiquement masculines ou féminines. En temps normal, quand il faut déplacer le réfrigérateur, c’est le père et le fils, et pas la mère et la fille qui feront le travail de force.

Et au milieu de la nuit, si un bruit au rez de chaussée peut faire penser qu’il y a un cambrioleur, un mari ne donne pas un coup de coude à sa femme en disant : « C’est ton tour. C’est moi qui suis allé voir la dernière fois. » Soyez des hommes, pensez grand, agissez grand aussi. Soyez des joueurs de premier plan.

Le LCWR 1, les médias, et autres joueurs de seconde zone continueront à vous contrarier avec des discours sur le patriarcat, et des histoires de vieux garçons. Soyez sincères, messieurs, écoutez les tous attentivement, mais écoutez Dieu encore plus.

Méfiez-vous des deux grands dysfonctionnements de notre époque, à la limite de l’hérésie.

« Ne jugez pas ». Oui, c’est dans la Bible, mais le Christ n’a pas eu non plus de mal à établir la différence entre le bien et le mal. En fait, vous avez peut-être remarqué qu’il y a plus d’une sainte petite colère dans les évangiles ainsi que des avertissements prophétiques pressants à des individus et à des groupes entiers. Le Christ est le Modèle. Allez-vous le suivre, ou choisir le chemin facile, celui qui ne fait que sembler être un chemin de compassion ? (voir « gentil » plus haut).

« Mais Jésus accueillait tout le monde. » Oui, c’est vrai, mais à Sa manière, pas à la leur. Si être chrétien veut seulement dire accepter chacun comme il est, et comme il demande à l’être, en fait, -excepté bien sûr les vilains capitalistes, et les méchants Chrétiens orthodoxes – pourquoi avoir une Eglise ? Les hommes politiques sont déjà prêts à dire à tous (sauf exception ci-dessus) combien ils sont tous formidables, à moins qu’ils soient « stupéfiants ». Laissons tout cela aux marchands de soupe.

Soyons bien clairs : La personne qui a inventé la phrase « mieux vaut allumer une bougie que de maudire l’obscurité » n’était pas vraiment un chrétien. Jésus fait les deux, et les catholiques pratiquent les deux, et non pas l’un ou l’autre.

Pensez-vous que Mère Teresa aurait pensé qu’elle en avait fait assez si elle s’était contentée de ramasser les mendiants à Calcutta, et n’avait pas aussi dénoncé la dureté de cœur et l’autosatisfaction des pays riches qui se débarrassent en toute sécurité et légalité, de leurs enfants à naître, et ceci fréquemment ?

Soyez prêts à souffrir pour votre Foi. Le monde jouera toujours le rôle qu’il doit quand il entend la vérité. Accueillez une critique juste, mais acceptez-la comme il le faut. Quand Jean Paul II a appelé à une « purification de la mémoire » à l’approche d’un nouveau millénaire Chrétien, il a été parfaitement franc à propos des péchés passés de l’Eglise. Mais il n’a jamais laissé l’humilité et la vérité se transformer en une espèce de signal « donne-moi des coups de pieds » sur le dos de l’Eglise.

Soyez sûr que de nombreux catholiques et non catholiques sont de votre côté. Trouvez-les. Et le meilleur moyen de le faire est de vous mettre à leur tête. Les apôtres savaient qu’en un sens, les derniers jours, c’était une mauvaise idée pour Jésus d’aller à Jérusalem. Mais ils voyaient qui Il était, ce qu’Il voulait risquer, et ils étaient volontaires pour risquer beaucoup eux-mêmes, pour qu’au moins ils puissent mourir pour Lui.

Je connais beaucoup d’entre vous, et sais que certains sont au courant de tout cela. Mais nous avons besoin que vous inspiriez encore plus de vos collègues évêques. Vous avez des mandats et des métiers à vie qui font une vraie différence. La plupart des gens sont coincés dans des tâches routinières qui n’ont pas l’air d’avoir beaucoup de sens. C’est un moment excitant dans l’histoire de la Catholicité, qui offre des opportunités à toute l’imagination, l’intelligence et l’audace que vous pourrez rassembler pour faire face aux nombreux défis qui se présentent.

Aussi, tirez-en le meilleur parti. Chérissez-le. Soyez bénis.

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Robert Royal est éditeur en chef de The Catholic Thing, et président de l’institut  « Foi et Raison » à Washington D.C.

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Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2012/quo-vadis-o-bishops.html

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Tableau : Le Christ chassant les marchands du Temple, par Le Greco, c. 1570

  1. Conférence des Supérieures des religieuses catholiques américaines