LA CHUTE DES TOURS JUMELLES - France Catholique
Edit Template
Rechristianiser la France
Edit Template

LA CHUTE DES TOURS JUMELLES

Copier le lien

Le 11 septembre 2001, je me trouvais devant la plus haute tour d’habitation des Etats-Unis après la destruction des tours jumelles de Wall Street à New York. La Hancock Tower faisait face à celle où étaient installés au 24e étage les bureaux du consulat général de France à Chicago que je venais de prendre en charge. Craignant d’autres attentats du même genre, les tours étaient évacuées, créant la paralysie sur les axes routiers les desservant.

Chicago possédait aussi la plus haute tour de bureaux, la Spears Tower.
Sans doute est-ce en partie pour cette raison que les résidents de Chicago de l’époque, à juste titre fiers du plus beau patrimoine architectural d’avant-garde de tours contemporaines, ont été particulièrement frappés par l’événement, auquel ils ont échappé mais qui s’étaient sentis menacés, et ont considéré cet attentat comme unique en son genre.

L’archevêque de Chicago, le cardinal Francis George, lui a donné un sens religieux très fort. En effet, la réaction médiatique américaine l’avait surpris et scandalisé. L’islam étant fort peu présent à l’époque dans la vie et la mentalité américaines, l’accusation de violence, indistinctement proférée à l’encontre de la religion, en venait à frapper proportionnellement plus les religions connues, c’est-à-dire les chrétiens. En dépit de toutes les commémorations pluri-religieuses, du consensus patriotique et d’une pratique plus soutenue quelques dimanches de suite, bien vite revenue à la normale, le mal était fait, le préjugé ancré qu’il serait extrêmement long et difficile à extirper.

Le parallèle entre Islam et communisme étant parfois avancé, il semblait que l’on devait vivre ce que l’on avait connu avec la chute du communisme : l’anticommunisme fut la première victime collatérale. La démocratie chrétienne italienne a implosé en même temps que le parti communiste, preuve que son seul ciment était l’anticommunisme et non la pratique chrétienne de la vie publique. Cette fois le christianisme n’allait-il pas souffrir, comme par ricochet, de l’opprobre qui s’attachait à l’islam radical ? Simplement parce que la Loi religieuse en islam – la Charia – punissait l’adultère, comme le blasphème ou l’apostasie, de peines barbares, cessaient-ils pour autant d’être répréhensibles dans la religion chrétienne ?

On confondait ainsi la faute avec la sanction. Il ne fallait pas perdre ses références : le cardinal George – tout comme le président Bush – n’ont pas hésité à dire que les terroristes du 11 septembre avaient blasphémé en déclarant agir au nom de Dieu. Bush n’avait retenu que le terme d’Allah. Il n’avait alors pas qualité ni autorité pour décréter ce qui est blasphématoire dans l’islam. En revanche comme les auteurs s’étaient réclamés du Dieu d’Abraham, le cardinal était fondé à crier au blasphème.

Certes on sait que, pour les musulmans, Abraham est le premier et le père de tous les musulmans. Il n’est donc pas exactement le même Abraham que celui dont parle la Bible. Mais l’important est de conserver le sens du blasphème même si l’on réprouve l’usage qui en est fait dans certains pays d’islam.

D’une manière générale, le cardinal a cent fois raison de s’opposer à ces tentatives de présentation faussées de l’enseignement de l’Eglise, et de refuser de se débarrasser de dispositions jugées trop « religieuses » ou trop contentieuses dans la pratique de la foi catholique, implicitement comparées à celles de l’islam, assimilées à du fanatisme, de l’archaïsme, de l’obscurantisme. Parce que les auteurs des attentats auraient cru accéder au « paradis » promis aux « martyrs » de la foi, faudrait-il renoncer au paradis, et même au martyre ? (avec cette différence capitale que le martyr est exécuté par autrui ; il ne se suicide pas, pas plus qu’il ne tue en même temps des milliers d’innocents.)

Il faut donc être très clair sur ce qui différencie radicalement le christianisme de l’islam et se garder de tout amalgame.

Il faut aussi faire la différence entre islam et communisme. A certaines époques, on a redouté l’alliance des deux : ainsi au lendemain de la première Guerre Mondiale puis après la seconde dans l’anti-impérialisme (« l’esprit de Bandoung »). On n’aurait garde d’oublier qu’Osama Ben Laden est né à la politique (et au djihad) dans la guerre contre les Soviétiques en Afghanistan. Ce qui s’est passé ensuite – le lâchage immédiat par les Américains – est largement responsable de l’orientation prise par la rébellion afghane et par Ben Laden. On a le sentiment que quelque chose a été manqué à l’époque. Il n’y avait aucune fatalité pour que l’islam profondément anticommuniste se retournât contre l’Occident. La disparition de Ben Laden et de ses affidés et les renversements de régimes arabes autoritaires longtemps liés à Moscou devraient nous permettre de raccommoder islam et libéralisme, sinon démocratie.