Il est étrange ce nouveau projet socialiste présenté par Martine Aubry, étrange et singulièrement risqué. On y retrouve pêle-mêle de vieilles lunes comme les « emplois-jeunes » remis au goût du jour sous le nom d’ »emplois avenir » ou l’allocation autonomie, et des propositions qui fleurent bon la démagogie comme le CV anonyme ou le recrutement massif de gendarmes, de policiers et de magistrat, sans oublier la limitation des écarts de rémunérations dans les entreprises où l’Etat est présent et la création d’une « banque publique d’investissement ».
Comme tout cela coûtera forcément très cher, les socialistes envisagent une augmentation des impôts pour les ménages « très aisés » (notamment par la fusion de l’impôt sur le revenu avec la CSG et le RDS) et la fin des mesures de 2007 (notamment sur les droits de succession). Les entreprises seront également sommées de mettre la main à la poche par un impôt sur les sociétés modulé en fonction de la part des bénéfices investis.
L’une des premières attaques est venue de Jean-Luc Mélanchon pour qui ce programme n’est « ni socialiste, ni réaliste ». Quant à l’UMP, elle s’en est évidemment donnée à cœur joie. On n’attend plus que la réaction de Dominique Strauss-Kahn. Le candidat socialiste probable approuvera-t-il sincèrement de telles propositions ? On peut en douter.
Car, dans son état actuel, le projet socialiste est rien moins que rassurant, d’abord par son côté « demain on rase gratis ». Il rappelle fâcheusement les grandes promesses de 1981 qui n’ont débouché que sur la rigueur de 1983. Tout se passe comme si l’état-major du PS avait oublié qu’aujourd’hui la marge de manœuvre des Etats se rétrécit de plus en plus dans le domaine économique.
Il y a plus grave. En annonçant un recours massif à l’impôt, les socialistes prennent le risque d’effrayer les classes moyennes qui constituent aujourd’hui le cœur de leur électorat. Dans ces classes moyennes, on sait bien –ou l’on croit savoir, ce qui revient au même- que toute politique fiscale agressive envers les ménages dits « très aisés » frappe systématiquement les classes un peu moins aisées, petits épargnants, cadres moyens et surtout retraités.
A trop vouloir se démarquer de Nicolas Sarkozy, les socialistes jouent gros : tout simplement leur crédibilité comme parti de gouvernement.