Le réseau Natura 2000 est un ensemble de sites naturels européens, terrestres et marins, identifiés pour la rareté ou la fragilité des espèces sauvages, animales ou végétales, et de leurs habitats. Il résulte de deux directives communautaires, l’une de 1979, dite directive « oiseaux » et l’autre de 1992, connue sous le nom de directive « habitats » même si elle traite également des espèces.
Une des particularités du réseau est de vouloir prendre en compte les spécificités locales pour concilier la préservation de la nature et les préoccupations socio-économiques de leurs habitants. Cet objectif n’a pas toujours été bien compris, parce que pas forcément très bien relayé, et l’on se souvient des nombreuses passes d’armes entre les militants écologistes et les représentants du monde rural, dénonçant la création de sanctuaires gelant toute activité économique et entravant l’exercice de pratiques traditionnelles comme la chasse et la pêche. Désormais, avec la mise en place des comités de pilotage qui associent activement à la gestion de chaque site l’ensemble des acteurs locaux (citoyens, élus, agriculteurs, forestiers, chasseurs, pêcheurs, propriétaires terriens, associations, usagers et experts), la situation s’est beaucoup décrispée. Pour chaque site a pu ainsi être désigné un opérateur qui, sous le contrôle du comité de pilotage présidé par le préfet ou un élu, établit un document d’objectif pour une gestion équilibrée du territoire concernée.
Aujourd’hui, la France a désigné 1 752 sites qui s’étendent sur 6,9 millions d’hectares terrestres (soit 12,51% du territoire) et 4 millions d’hectares d’espaces marins. Pour la première fois cette année, le ministère de l’écologie et du développement durable a choisi de décerner des « Grands Prix Natura 2000 » à des présidents de comité de pilotage et à des opérateurs ayant conduit des projets particulièrement remarquables. Onze prix viennent ainsi d’être décernés dans six catégories différentes (bon état de conservation des milieux, sensibilisation auprès des habitants, communication vers le grand public, coopération internationale, innovation, cohérence des politiques publiques) auxquelles s’est ajoutée une mention spéciale. La liste des lauréats témoignent de la multiplicité des initiatives mais aussi de la diversité des terroirs de France.
Ont ainsi été mis à l’honneur le Parc naturel régional des Causses de Quercy pour un projet associant pastoralisme et ferme-auberge, le Parc naturel des Ballons des Vosges pour la sauvegarde de l’arnica, plante médicinale anti-inflammatoire, le Syndicat intercommunal des Saisies et l’Office national des forêts pour la restauration d’une tourbière, le Syndicat mixte de la Camargue gardoise pour la protection d’espèces menacées, notamment le célèbre flamant rose, en coopération avec la Compagnie des Salins du Midi et de l’Est et le Domaine viticole Listel, l’Association de défense des Pays d’Agde pour l’élaboration de la première charte Natura 2000 marine, l’Association Barthes Nature dans les Landes pour préserver, à l’initiative des acteurs socio-économiques, le système agro-pastoral du secteur, l’Association départementale pour l’aménagement des structures des exploitations agricoles des Hautes-Alpes qui gère le réseau des 23 sites Natura 2000 du département, la commune de Guissény dans le Finistère pour l’action conduite avec l’Université de Bretagne occidentale afin de réduire le recul de la dune et le Conservatoire du littoral pour la mise en cohérence des démarches environnementales conduites dans la Baie du Mont-Saint-Michel au moment où celle-ci s’apprête à retrouver son caractère maritime. Quant à la mention spéciale, elle est revenu au Parc naturel régional des Bauges, déjà récompensé pour une action pédagogique vers des élèves de 6ème autour d’une tourbière, pour l’ensemble de son « œuvre ».
Que les 1 741 autres gestionnaires ne se désespèrent pas, car les « Grands Prix Natura 2000 » devraient à nouveau être attribués l’an prochain.