Environnement : IL N’EST PLUS TEMPS DE BOUDER - France Catholique
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Pontificat de François - numéro spécial
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Environnement : IL N’EST PLUS TEMPS DE BOUDER

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Le 1er juin dernier, Patrice Franceschi, capitaine du trois-mâts La Boudeuse, annonçait la fin de l’expédition scientifique Terre-Océans lancée en octobre précédent. Parti de Fécamp, le navire devait, par une circumnavigation de deux années, explorer l’Amérique du Sud en remontant les grands fleuves du sous-continent puis cingler vers le Pacifique, à la découverte des îles menacées de disparaître sous l’effet de la montée du niveau des eaux.

Cette décision a constitué plus qu’une surprise, alors qu’une semaine plus tôt, l’expédition était inscrite par le ministre de l’écologie et du développement durable, Jean-Louis Borloo, au Club des explorateurs du Grenelle de la mer aux côtés d’autres opérations en cours comme la campagne Tara ou en projet comme la plate-forme Sea Orbiter. Véritable coup de massue en fait puisque, à la différence des autres missions, l’expédition Terre-Océans bénéficiait d’une lettre de mission datée du 7 janvier 2009 des trois ministres respectivement en charge du développement durable, de l’écologie et des transports, faisant volontairement penser à celle donnée en son temps par Louis XV à Bougainville avant son grand voyage d’exploration à bord de … La Boudeuse. Et c’est sur son héritière, alors ancrée à Paris que, le 27 février suivant, Jean-Louis Borloo lançait officiellement son Grenelle de la mer, faisant même de son capitaine un ambassadeur de cette démarche novatrice à travers le monde. Fort de ce soutien et de ce parrainage, le dernier trois-mâts français semblait assuré de pouvoir braver tous les océans. C’était sans compter sur les fortunes de mer et en l’occurrence l’infortune. Un budget de 2,5 millions euros avait été prévu pour mener à bien la campagne avec une avance apportée par le principal contributeur privé, BNP Paribas, dans l’attente de l’arrivée des autres contributions, la banque apportant elle-même 500 000 euros.
Un peu moins d’1 million environ ayant déjà été rassemblé auprès de plusieurs entreprises, restait la contribution de l’Etat. Mais, comme chacun sait, les conseilleurs ne sont pas les payeurs. Outre une participation de la Marine nationale fournissant hommes et matériels, le ministère de l’écologie , de l’énergie, du développement durable et, ce qui n’est pas le moindre, de la mer, s’était apparemment engagé à apporter 500 000 euros. Mais la crise, doublée du plan de rigueur, a eu raison de ce que certains considéraient sans doute comme une dépense superflue. Adieu par conséquent la subvention et partant l’esprit de Bougainville que La Boudeuse voulait perpétuer par une campagne scientifique désintéressée, autant curieuse de la découverte des peuples que de la connaissance de notre planète et de la protection de l’environnement, dans une perspective d’écologie humaniste que l’on retrouve rarement ailleurs.

Mais le vent ayant tourné, certains qui se pressaient pour être vus à bord de La Boudeuse lors de son escale dans la capitale, croient pouvoir désormais railler l’entreprise en doutant de son caractère scientifique et en lui trouvant soudain un caractère suranné. Il est vrai que croire à une expédition française, sur un navire battant pavillon français, entièrement financé avec des capitaux français et soutenu par l’Etat français, est une incongruité pour nos élites mondialisées qui ne jurent plus, en anglais, que sur la modernité forcément anglo-saxonne et libérale. Ce n’est pourtant pas l’avis, fort heureusement, des scientifiques qui avaient apporté leur caution au projet et qui viennent, derrière les professeurs Olivier Archambeau et Claude Collin-Delavaud, d’adresser une lettre ouverte à Jean-Louis Borloo pour la reprise de la mission. Et à tous ceux également qui croient à la justesse de cette expédition ou tout simplement au respect de la parole donnée, d’apporter leur soutien sur les sites www.la-boudeuse.org ou www.sauvonslaboudeuse.fr.
Il faut faire vite, car La Boudeuse est arrivée à Fort-de-France où elle doit être mise en vente à 2 millions d’euros pour l’acquitter de ses dettes.

© Acip