En se prononçant pour la suppression de l’ISF, parallèlement à celle du bouclier fiscal, Manuel Valls s’en est pris à l’un des symboles historiques de la gauche, suivi peu après de Vincent Peillon.
Le pari est risqué pour le député-maire d’Evry qui renforce ainsi sa réputation de « social-libéral » au sein d’un parti socialiste toujours tenté (alliances électorales obligent) par la surenchère fiscale. L’impôt sur la fortune, instauré en 1982, sous le gouvernement Mauroy, était l’une des réalisations « historiques » des socialistes. S’en prendre à lui, c’est s’en prendre à un symbole fort de la gauche, un symbole si fort que, depuis 1995, les différents gouvernements de droite se sont soigneusement gardés de le remettre en cause. C’est d’ailleurs cette timidité qui est à l’origine de la création du bouclier fiscal.
Avec toute cette charge idéologique, l’ISF demeure l’une des plus contestables exceptions françaises. Même le gouvernement socialiste de Zapatero n’a pas hésité à en débarrasser l’Espagne. L’Allemagne, l’Autriche, le Danemark ou la Belgique l’avaient fait bien avant lui. Seuls la Norvège, la Finlande et la Grèce l’ont conservé, et à des taux nettement inférieurs aux nôtres.
Il faut dire que ses inconvénients sont nombreux. Coûteux à prélever, il ne rapporte guère : 3,8 milliards d’euros en 2008 (rappelons que, la même année, le seul déficit budgétaire s’élevait à 56,3 milliards d’euros). Economiquement, en décourageant l’investissement et en favorisant l’exil des plus fortunés, il s’est révélé dangereux pour notre économie.
Est-il juste ? Il touche essentiellement le patrimoine bâti, et induit des démembrements de patrimoine au profit des plus riches (qui savent se débrouiller pour ne pas être assujettis). De plus, il se révèle calamiteux pour les propriétaires modestes qui ont vu flamber la valeur de leur bien. Il suffit de se rappeler l’exemple des propriétaires de l’île de Ré. Voilà un impôt qui favorise la concentration de la richesse et détruit les fortunes moyennes. Il y a certainement mieux en matière de justice sociale.
Mais de tels arguments seront sans doute inopérants pour les tenants de cet instrument douteux au service d’une « justice sociale » illusoire. Le débat autour de l’ISF n’est pas économique, il est purement idéologique. Quand donc verrons nous une réflexion responsable sur la fiscalité française ?
Pour aller plus loin :
- 15 juin : date limite pour la déclaration ISF - Pour la croissance et l’emploi : supprimons l’ISF
- INTRUSION DE LA THEORIE DU GENRE A L’ECOLE ET DANS LA SOCIETE
- L’ISF ne connaît pas la crise
- « L’ISF NE CONNAIT PAS LA CRISE »
- La valse à trois temps - Ou la manipulation des élections présidentielles de 2017