«Ce qui se passe est historique, il n’y a pas un continent au monde qui soit doté de règles aussi contraignantes que celles que nous avons adoptées à l’unanimité », a déclaré Nicolas Sarkozy, Président en exercice de l’Union européenne à l’issue du Conseil européen le 12 décembre, dont les membres ont adopté le paquet énergie-climat. L’accord prévoit en particulier une réduction de 20% des émissions des gaz à effet de serre produits par les 27 Etats membres de l’Union européenne d’ici 2020. Il est vrai que le Président n’a pas ménagé sa peine pour arracher cet accord à ses partenaires dont certains étaient réticents en raison de la pression exercée sur eux par leurs industriels. Finalement l’Allemagne, l’Italie et la Pologne puis, in extremis, la Hongrie, ont accepté de signer le document. Ainsi, une partie de l’industrie européenne va devoir payer pour obtenir des droits à polluer alors qu’elles les recevaient jusqu’ici gratuitement. Ce n’est sans doute pas encore l’idéal, mais c’est incontestablement une étape.
Comme tout tremblement de terre, celui-ci, quelques heures plus tard, a connu une réplique de plus faible ampleur. Les 190 pays réunis à Poznan pour la Conférence mondiale sur le changement climatique organisée par l’Organisation des Nations-Unies se sont, eux aussi, séparés sur un accord. Les 8 000 délégués avaient en effet pour objectif de préparer le nouveau traité sur le changement climatique appelé à succéder au Protocole de Kyoto qui arrive à échéance en 2012. Après la Conférence de Bali en 2007 qui avait lancé le processus, il revenait à la Conférence de Poznan de trouver un accord politique en vue d’aboutir à un nouveau texte lors de la Conférence de Copenhague prévue en 2009. Le calendrier de négociation a ainsi été arrêté à la satisfaction du Secrétaire exécutif de la convention-cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques, Yvo de Boer, qui s’est réjoui également de l’entente trouvée qui va permettre au conseil d’administration du Fonds d’adaptation pour les pays en voie de développement de financer directement des mesures concrètes dans ces pays. En fait, les pays concernés sont plus sceptiques car ils estiment que les 60 millions de dollars prévus seront insuffisants pour faire face aux conséquences du réchauffement climatique, alors que selon eux, ce sont plusieurs dizaines de milliards de dollars qui seraient nécessaires pour construire les infrastructures destinées à contrer la montée du niveau de la mer ou pallier les problèmes de la sécheresse. Critique reprise par Greenpeace qui constate que « les caisses restent vides » pour l’aide au développement et qui déplore également l’absence d’avancée significative, selon elle, en matière de réduction d’émissions de gaz à effet de serre et de protection des forêts.
Europe qui rit, Tiers-Monde qui pleure. Il semble bien pourtant, qu’une fois encore, le réel succès de la lutte contre les changements climatiques dépendra de la position qu’adopteront in fine les Etats-Unis d’Amérique. Ce n’est pas un hasard si, au cours de la Conférence de Poznan, le Secrétaire général de l’Organisation des États-Unis, Ban Ki-Moon, a appelé les États-Unis à jouer le rôle de chef de file sur le changement climatique, en jugeant encourageante la position adoptée sur ce dossier par le Président élu, Barak Obama, alors que son prédécesseur avait refusé de ratifier le protocole de Kyoyo.
Cette déclaration réduit sans doute la portée du discours de notre Président. Il n’est pourtant pas indifférent que l’Europe se soit portée aux avants-postes de ce combat qui engage l’avenir de l’humanité. Et il est encore moins indifférent que ce soit la France, que l’on dit si souvent dans le doute sur elle-même, qui ait trouvée l’ardeur de mener la charge.