On n’arrête pas de célébrer le 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Le président Nicolas Sarkozy a rappelé que son architecte, le prix Nobel de la Paix René Cassin, l’avait qualifiée de « premier mouvement d’ordre éthique que l’humanité organisée eut jamais adopté » et que sa proclamation à Paris créait « des devoirs particuliers à la France ».
Mais le chef de l’État français a aussi relevé que le 11 septembre 2001 avait montré « la barbarie dans ce qu’elle a de plus ignoble ». Puis, passant en revue le monde pour y pointer quelques améliorations, il s’en est pris nommément au président du Zimbabwe, Robert Mugabe, dont il a affirmé qu’il « doit partir » car son pays « a suffisamment souffert ». On sait, malheureusement, que beaucoup d’autres exemples peuvent être donnés et que, même en France, des améliorations notables doivent être encore apportées, notamment dans le monde de la justice — des interpellations aux prisons en passant par les erreurs judiciaires.
Plus profondément, il reste à s’interroger sur un certain nombre de pratiques. Les campagnes en faveur de l’euthanasie sont-elles à porter au crédit des droits de l’homme ? l’extension des avortements constitue-t-elle une manifestation du respect de la vie ? le projet international — soutenu par la France — visant à valoriser « l’orientation sexuelle » et « l’identité de genre » au détriment de la classique différenciation entre hommes et femmes a-t-il vraiment un rapport avec les droits de l’homme ? Et, si tout le monde parle aujourd’hui de développement durable et de commerce équitable, est-on assuré que la fabrication lointaine à bas coût favorise des droits des salariés de là-bas et la sécurité des consommateurs d’ici ?
On comprend qu’on ne puisse s’en remettre aux seuls États pour garantir les droits de l’homme. Aussi ne peut-on que se réjouir d’avoir vu plus de 300 responsables non seulement politiques, mais aussi religieux et de la société civile se réunir au siège de l’Organisation des Nations unies, à New York, le 2 décembre, pour discuter de la possibilité de mieux répondre à la nouvelle vague de violations des droits de l’homme dans le monde entier.
Se pose également la question de leur articulation avec la croyance en Dieu et les devoirs qu’elle implique. Le 10 décembre, Benoît XVI a insisté sur la loi naturelle : « Les droits de l’homme sont […] enracinés en Dieu créateur, lequel a donné à chacun l’intelligence et la liberté. Si l’on fait abstraction de ce fondement éthique, les droits humains demeurent fragiles car privés d’un fondement solide. » D’où sa demande d’une meilleure définition qui permette de « construire un monde où chaque être humain se sente accueilli dans sa pleine dignité, et où les relations entre les personnes et entre les peuples soient basées sur le respect, le dialogue et la solidarité ».