6 - ET LE FNC "DE BASE" QUE DESIRAiT-IL ? - France Catholique
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L'incroyable histoire des chrétiens du Japon
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6 – ET LE FNC « DE BASE » QUE DESIRAiT-IL ?

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ET LE FNC « DE BASE » QUE DESIRAiT-IL ?

Quant aux quelque 3.000.000 d’adhérents que compta,. vers les annéee 27 à 32, la FNC, qui étaient-ils ? Ah ! si l’on était en 1994 on aurait des sondages, des études CVIPOF, etc. Mais en ce temps-là, on n’en n’était pas là !

Politiquement, ils étaient, à ce qu’il semble et (que l’on peut subodorer aussi bigarrés que leurs dirigeants. Parfois, sur les questions sociales, plus comrervateurs que· leurs « têtes ». Très souvent, plus « locarniens » et « briandistes » que Castelnau. Aussi bien, sur les questions de politique internationales, les « déclarations de la FNC sont nettement plus favorables aux organisations de « sécurité collective » que les éditos de Castelnau dans L’Echo de Paris puis dans L’Epoque (à partir de 1937).

Culturellement? Tout en étant divers:, ils devaient raisonner et sentir dans le même « univers culturel. Mais « l’homo FNC » n’a jamais été analysé sérieusement. On n’en a qu’un portrait polémiaqe dans le pamphlet de P .-H. Simon -sur lequel on reviendra : « Les Catholinues, la Politique et l’Argent » (Coll Esprit 1936). Il y dresse un portrait de « Théodule ou la fidélité burgeoise » et de « Philomaque ou la vertu militaire » qui raillent les gens de la FNC.

On citera, partiellement, le: portrait de Théodule:
« Il n’ y a pas plus honnête homme ni meilleur paroissien. Il aime
son curé, il admire son évêque; il ne manque pas de sourire aux bons
mots du vicaire général. Protecteur de l’école libre, membre actif de
la F N C, lecteur du journal bien-pensant, il soutient de sa voix et de ses subsides la bon candidat; il dénonce à toutes occasions la Franc-Maçonnerie. Sa femme, dame patronnesse se dépense en bonnes œuvres; ses fils, sous le chapeau scout, assurent le service d’ordre aux kermesses annoncées au prône et ses filles y jouent de décentes comédies. De mœurs régulières, il ne tient à ne fréquenter que les gens biens et se montre sévère pour les pêcheurs publics. Circonspects dans ses lectures, il pardonne encore à Bourget, l’audace de ses sujets pour le sérieux de ses thèses, mais il touve que Mauriac est bien malsain.
Et les grands philosophes ne lui semblent considérables que le jour où on lui dit qu’ils sont sur le point de se convertir… »

Propos brillant mais facile! Un peu agaçant de par la morgue du jeune intello qui se croit émancipé et ne s’aperçoit. pas qu’il a lui-même une « bonne’ conscience » redoutable, ou’il n’est qu’un « bien pensant » d’en face ! D’autant que tous les lecteurs, de Sept ne devaient pas échapper à ces comportement ! On aimerait bien savoir si, quand il entra; à l’Académie française, P.-H. Simon avait: des idées aussi simples et courtes sur le « pharisaïsme ».

Stop ! Ces réserves mises à part, le texte est intéressant. Parce qu’il révèle que la politique seule, n’oppose pas « l’homo FNC » aux « nouveaux catholiques montants ». Le conflit est plus profond. C’est un type d’homme qui s’oppose’ à un autre. P.-H. Simon, pamphlétaire et champion du « militant », prend à partie « l’homme d’œuvres. Celui-ci croyait devoir « faire la charité », celui-là crache sur ces pratiotes.

L’ impoftant, pour lui, est de s’engager pour « la justice sociale » et pour les « réformes de structures », voire davantage. C’est, aussi, un type d’organisation ecclésiastique qui est en question sous ces lignes.
Dès la fin de la première proposition, c’est le « paroissien » qui est ridiculisé. « L’Homme d’œuvresll vivait à l’heure de son clocher ».

Au moins, au regard du « militant ». Celui-ci vit à travers son mouvement. Evidemment, il faut, sur ce point, avoir à l’esprit l’importance, analysée avec profondeur et finesse « par Serge Bonnet, de ce choix, dans
le catholicisme français, du mouvement sur la paroisse ». Option
capitale. Aux conséquences immenses. Entre la FNC et La France Catholique d’une part, La Vie inteectuelle, Temps Présent, etc. d’autre part,
il y aura longtemps cette opposition entre la « civilisation paroissiale » – comme on a dit – et l’Eglise des « mouvements ».

Soit remarqué, avec malice, on aimerait savoir si les « nouveaux militants » ne riaient pas d’aussi bon cœur aux bons mots de leurs aumôniers jésuites ou dominicains (que les « hommes d’œuvres » aux « mots » du vicaire général!
Bref, les adhérents de la F N C ? Grosso modo : « les notables, les
anciens combattants, les conférenciers de Saint Vincent: de paul, les anciens des « patros » et les porleurs de dais », du dais de la procession de la « fête-Dieu »!

V

LES GRANDES MANŒUVRES DE LA F N C

La Fédération Nationale Catholique démarra telle la flèche. Rien que pendant l’année 1925, elle provoqua la tenue de 14.814 réunions
de formation ou de propagande. Entre janvier 1925 et septembre 1926,
Georges Viance (in La FNC.Son passé. Son avenir. 1939) prétendait que
1.832.000 hommes avaient participé à ses assemblées diverses. Précédemment, on a évoqué les rassemblements dominicaux avec tambours et trompettes, éqênues, commandants ou colonels et le Général qui parlait.

Cette éruption fit tant impression que des déceptions se firent jour dès que l’expansion se ralentit. En témoigne, la lettre, de l’évêque de Tulle, lue et publiée à la veille des électioné de 1928. Pressentant que le résultat n’en serait pas sensationnel aux yeux des adhérents et sympathisants de la FNC, elle déclarait :
 » …Il restera une organisation forte : la Fédération Nationale Catholique. Quelques-uns diront, peut-être, au lendemain d’élections peu
satisfaisantes, ils disent déjà: « Mais que fait la Fédération ? Des discours ? 0ù sont les actes ? Où est la conquête des libertés perdues ? C’est marquer trop d’impatience et une certaine inintelligence de ce mouvement libérateur. Il n’est pas vrai que la FNC n’a rien fait.
Jusqu’ici elle a défendu les libertés menacées. II est vrai qu’elle est loin de la victoire complète. Mais pense-t-on que cette victoire soit l’œuvre d’un jour ou même· de deux ou trois ans ?
« Il s’agit d’éclairer l’opinion… Après comme avant les élections, laFNC aura un rôle à jouer… » (Documentation Catholique 4/2/1928)

ACTIONS ET STRATEGIE DE MASSE

Effectivement, la FNC, comme prévu par l’évêque de Tulle, ne désarma pas après les elections de 1928 oui si elles n’avaient pas été un triomphe « catho » n’avaient pas ramené le Cartel au pouvoir. Au fil des dix années sui v.ante-s, inst.allée au 36 rue du Montparnasse « puis au 31 bd. Latour-Maubourg, elle multiplia les initiatives.
On ne va pas en dresser l’inventaire détaillé.Pour l’établir, il faudrait un temps que l’on n’a pu avoir. En outre, ici et maintenant ce serait fastidieux – encore que… – Pour en faire saisir le dynamisme remarnuable, signalons que les interventions de la FNC se déployèrent selon des modalii1és diverses. Notamment, outre les publications que l’on a indiquées précédemment, il y eut :

• les pressions sur les candidats et, les électeurs. Comme de Kerillis, de Castelnau devait penser (que c’est aux urnes et avec des bulletins de vote qlue se joue le destin des révolutions moderne !!! » (de Kerillis dans le n°1 de L’Epoque 9/6 /I93 7) . Ce Qui était assez nouveau à Droite.
D’où la formulation des critères du « bon candidat » qui se faisait en deux étapes et à deux niveaux: l’édiction de conditions minimum au niveau national – généralement « union nette et loyale sur des points précis: abrogation des lois de 1901 et 1904″-; avec faculté aux Comités diocésains de rajouter d’autres exigences.
D’où aussi la publication d’une sorte de manifeste électoral soulignant les impératifs du moment. Ainsi, en I936, la FNC rappelait-elle que les intérêts vitaux des Français (étaient) : le pain quotidien de leurs familles, la liberté dans l’ordre, la paix dans la rue et sur nos frontières ». »Au service de ces intérêts’: étaient préconisées une série de mesures. Ce manifeste fut édité en tracts.

• les actions d’explication et de propagande par conférences, expositions – telle l’exposition ambulante sur les « Sans-Dieu, en 1934-, par brochures – Ex : « Le Petit Catéchisme de la :PNC », diffusé en 1928 – par affiches, par tracts.

A une première recherche, il semble qu’au début la propension fut à la propagande de masse et que, peu à peu, la FNC s’ouvrit à l’explication et à la formation, sous l’effet de bien des circonstances.

• les actions institutionnelles, passant par l’organisation d’associations. Ainsi, à l’occasion de la mise en application de la loi du 5/4/1928 sur les Assurances sociales, la FNC s’engagea à fond. Créant une « Union des Caisses Familiales », créant un bulletin d’information spécial : LE BIEN COMMUN. « Un ministre non-catholique en dira que sans le concours de Castelnau, la loi n’aurait probablement pas été appliquée ». (Dreulers, op. cit. p. 160).

Egalement, l’association « Radio-Famille » permettant et facilitgant notamment la participation aux « conseils de gérance » des radios, instituée par le décret du 13 février 1935. Ainsi, l’Union des associations de défense de la moralité publique ». Etc.

• les actions informelles, notamment auprès de la Hiérarchie, des instances romaines, etc. Ex. : la démarche auprès de l’archevêque de Paris relativement au « Plan de la CFTC » (février 1936).

Outre la variété de ces interventions, doit être souligné l’esprit
qui les soustendait. Deux de ses caractéristiques méritent attention :

-la lutte politique était vue et tenue pour un rapport de forces et la victoire fonction de l’organisation des masses. Etant entendu que le combat politique qui passait par les élections – était l’affrontement de deux masses.

Le 9 mars I934, le général de Castelnau écrivait à un de ses proches, le général René Tournes :
 » …A mon avis, deux masses s’affrontent plus que jamais, celle des braves gens dits de « la droite », celle des autres, dits de « la gauche ». Cette dernière est organisée, articulée verticalement et horizontalement, elle a des représentants plus ou moins militants dans chaque bourgade; elle reconnaît un chef qui est tantôt M. Herriot, tantôt Daladier, tantôt Chautemps, etc. A droite, pas d’organisation, pas de chefs. « (Archives)

– corrélativement, dans une vision très schmidtienne », les actions de la FNC étaient polarisée sur un « ennemi », l’agresseur de la religion. La FNC tenta de mobiliser les « braves gens » contre essentiellement deux ennemis : les Francs-Maçons toujours et partout, les socialistes.

LA FRANC-MACONNERIE JUSQU’A L’OBSESSION

La Franc-Maçonnerie ! Ce fut, pour défendre contre elle les libertés religieuses que Castelnau monta au créneau. Pour défendre la sécurité de la France, non moins. La lutte, anti-maçonnique fut un souci ou plutôt une· passion constante. Peut-être faudrait-il la qualifier d’obsession.

Dès août 1924, le général transmettait aux évêques un document dénonçant la « dictature de la Franc-Maçonnerie. Le 23 mai 1925, adressant au cardinal Dubois les directives qu’il envoyait aux chefs des Unions diocésaines, Castelnau écrivait : « On le voit, nos adversaires ont une haute idée du mouvement catholique. Persuadons-nous que les Francs-Maçons nous surveillent de près…  »

A Vichy, au congrès diocésain de l’Allier, le 18 juillet I926, il remontait aux sources (au moins à certaines sources):
« …En 1880 et quelques, un éminent prélat de notre pays, Mgr
Goutesuhard disait : »Nous ne sommes pas en République, mais en franc-maçonnerie ». Parole essentiellement vraie et prophétique… C’est à
la franc-maçonnerie que nous devons les divisions s qui étaient dans
les cœurs avant 1914 et qui ont été un des éléments de la décision
homicide prise par les Allemands quand ils nous ont attaqués .La Grande
Guerre est venue donner un démenti sanglant et retentissant aux formules humanitaires, aux doctrines matérialistes chères aux pacifistes qui sont un des rideaux de la franc-maçonnerie à l’usage de la foule ignorante et crédule…
« …La Loge a repris la lutte contre l’Eglise de Jésus-Christ.
 » La guerre religieuse, ont répondu les catholiques, merci, la
guerre suffit, nous n’en voulons pas… Nous voulons la paix…
« Non, non, a dit la Franc-Maçonnerie, c’est la guerre à mort, sans
trêve.
« Vous voulez la guerre, ont fini par répondre les catholiques, vous voulez la guerre, eh bien allons-y… Vous ne savez donc pas que les catholiques d’avant-guerre sont devenus après-guerre un animal si méchant que quand on l’attaque, il se défend… »

En juin I934, la FNC diffusait l’opuscule « La Franc-Maçonnerie au Palais de Justice ». Elle y donnait des noms. Ce qui lui valut un procès.Dans les diocèses, il circula des documents analogues.

Attention ! Cette virulence dans la lutte n’allait pas sans prudence.
« Ce serait une erreur, sous prétexte que certaines institutions – ainsi
les assurances sociales » sont plus ou moins infestées d’infiltrations
maçonniques, de les rejeter en bloc » (Assemblée Générale de la FNC I934).
Toujours le principe : »Pas de politique du pire, pas de politique des poires » !

Cette « antimaçonnite aiguë » nous surprend. Elle n’est plus dans
l’air de notre temps. Dans les années I920, elle n’était pas nouvelle.
Elle n’était pas une originalité de Castelnau ni de la FNC. Elle
venait de loin. Elle court tout le XIXè siècle. L’ouvrage de Mgr de
Ségur « Les Francs-Haçons. Ce qu’ils sont; Ce qu’ils font; Ce qu’ils
veulent », publié en 1867, connut des records de tirage, plus de soixante
éditions et fut traduit en plusieurs langues. En 1875,le P; d’Alzon,
fondateur de La Croix et du Pélerin, proposait l’institution d’un vœu spécial, pour les religieux : « le vœu de nous porte à toutes les œuvres que le Souverain Pontife nous proposera, dans le but de combattre la Révolution française et la franc-maçonerie, qui est la grande et sataniquen incarnation de la Révolution. D’une part, Jésus-Christ et l’Eglise, de l’autre, Satan et la franc-maçonnerie ou la Révollution. »

En outre,en I884,l’encyclioue Humanum Genus condamna l a Franc-Maçonnerie. C’est en l’insérant dans cette tradition qu’il faut comnrendre la place donnée à l’anti-maçonnisme dans le combat politiue de certains catholicismes au XIXè et au cours des premières décennies du XXé siècle.

Malheureusement ce courant a été peu étudié. Les rapports entre « anti-maçonnisme » et « contre-révolution » sont complexes. Il a fallu attendre I994 pour rue cette lacune dans la recherche et les connaissances soit signalée et qu’une problématique et approche sérieuse soit.proposée. « L’anti-maçonnisme catholique » (Ed Berg International, 1994) Que viennent de publier Emile Poulat et Jean-Marie Laurant en glose du livre de Mgr de Ségur, va, probablement, provoquer de nouvelles recherches.

Outre la radioscopie des pulsions expliquant cette fixation sur la Franc-Maçonnerie, il faudrait se demander, aussi, à la lumière des travaux de François Furet sur la Révolution Française et le rôle qu’y tinrent les sociétés de pensée, si ce sentiment de complot d’une partie du « monde catholique » relevait du pur fantasme ou si, malgré tout, il n’y avait pas une stratégie anti-religieuse, bel et bien, existante/

BARRER LA ROUTE AU COMMUNISME? OUI MAIS …

Soyons. francs! L’anti-maçonnisme, ça fait rétro chez les cathos de la fin du XXe siècle !
Si chez quelqrues-uns ou beaucoup l’obsession communiste est suspecte,
du moins l’anti-communisme, c’est très XXé (siècle). C’est moderne !
En plus, dans l’après Soljéntitzine, le combat. contre le communisme
paraît moins réac que dans l’idéologie catholico-progressiste dominante des années 1950.
Sur l’oriention résoluement anti-Front Populaire de la FNC, voici
quatre séries d’observations :

• Dans « l’univers » de la FNC, il ne s’agit pas seulement d’anticommunisme.
Mais,plus largement,d’antisocialisme. Pour éclairer cette attitude, il faut, aussi, l’inscrire dans un courant fort, venant du XIXè siède et affirmé haut: et fort au niveau du magistère. Incontestablement, les Sources de c
et. anti-socialisme sont les mêmes que celles de « l’anti-maçonnite ». dans les deux cas, c’est contre les « ‘ennemis de la religion que l’on lutte. Cependant,il y a davantage dans « l’anti-socialisme ». Il y a, en sa profondeur, une grande peur du « désordre, du chaos sociétal. L’antimçonnisme est le produit de l’intellect. L’anti-socialisme est charnel. Il vient des « tripes » Il serai t bien intéressant de comparer les ressemblances et les différences du « vécu » de· ces deux « ennemis » majeurs.

• La vigueur de l’opposition au communisme ne s’est jamais
affaiblie.Si d’aucuns chez les catholiques inclinaient à la compréhension, ce ne fut pas le cas à la FNC. Celle-ci n’inclinait pas aux tergiversations centristes ou apostoliques. Son but n’était pas de convertir mais de « barrer la route », expression-clé.
D’où la prise à partie suivante :

« Dans La Croix de Paris du 21 mars (1934), l’abbé Lissorgues
attire la compatissante attention de ses lecteurs sur les opinions erronnées dont souffrent « les comImunistes nos frères »…
« Que dans la tourbe des communistes se soient fourvoyés quelques naïfs, des illuminés, des esprits sincères mais déformés, c’est très vraisemblable : mais ces égarés n’en participent pas moins …
« Que le correspondant de La Croix descende donc de ses froides
spéculations où planent ses conceptions sociales, qu’il aborde enfin
le terrain des cas concrets et nous donne des solutions…
« L’heure est bien mal choisie pour nous apitoyer sur les infortunes soi-disant imméritées des honnêtes communistes. Le devoir des
braves gens est, aujourd’hui plus que jamais, de se grouner…  » (ip
Echo de Paris 28/3/I934 cité in Les catholiques, le communisme et les
crises, I929-39. Coll Kiosque p. 217)

Toutefois, le combat n’alla pas jusqu’à la perte de sang-froid.
Dans LA FRANCE CATHOLIQUE du I6 mai 1936, le général faisait montre
de sérénité :
« La récente consultation électorale a enregistré l’incontestable succès du Front Populaire. Les programmes d’action dictés par la presse·
dévouée à ce groupement mettraient en péril, s’ils étaient appliqués,
les libertés religieuses que nous défendons, détruiraient les assises
encore existantes de la famille, les droits légitimes de l’épargne et
tendraient à abolir l’ordre social.

« Sans doute,l’acte ne suit pas toujours la parole, et il serait déplorable de se laisser entraîner par le vent de panique oui souffle dans certains milieux Si, en effet, on analyse, soit la composition de la nouvelle Chambre, soit les suffrages exprimés dans l’ensemble des circonscriptions, on constate que les causes dont njous sommes les champions n’ont pas perdu de terrain. Au contraire, elles seront défendues et servies dans le nouveau Parlement par une équipe non négligeable, l’expérience l’a prouvé, très sensiblement renforcée de forces jeunes, ardentes, combatives et décidées, manifestement appuyées sur une partie fort importante de l’opinion publique…
« Notre devoir… est de rester plus que jamais ferme dans nos convictions, d’arborer fièrement, sans ostentation mais sans respect humain, notre fidèle attachement à tout ce que nos devanciers ont cru, aimé et servi, d’exercer notre vigilmance et, au besoin de manifester notre résistance par la plume, les paroles ou les actes sur tous les terrains où les catholiques pourraient être l’objet de vexations, de brimades ou d’injustices caractérisées. »

A l’évidence, ayant fait reculer Herriot, le général se sent assuré de faire reculer Blum ou les siens, si besoin ! Et puis, toujours, en arrière-plan, le principe d’action : « pas de politique du pire… »

A partir de la guerre d’Espagne, toutefois, le ton monta. Le Général monta au créneau pour défendre la « civilisation chrétienne » contre la « barbarie soviétique », la « sauvagerie des rouges ». D’où le fameux article du 26 août 1936 (dans L’Echo de Paris) qui lança un mot-choc :

« C’est sous le couvert du Front populaire espagnol… la guerre entre la barbarie moscovite et la civilisation occidentale…
« Le monde civilisé a frémi et de dégoût et d’indignation au spectacle des pauvres carmélites déterrées, dressées dans leur cercueil, une cigarette aux lèvres et disposées au seuil d’églises dévastées…
« Ce n’est plus le Frente popular qui gouverne, c’est le Frente crapular ».