3105-Destins embryonnaires - France Catholique
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3105-Destins embryonnaires

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Des médecins et des familles demandent des assouplissements juridiques pour favoriser les procréations médicalement assistées. En mesurent-ils les conséquences ?

C’est une campagne inédite que vient d’annoncer l’Agence de biomédecine : un appel aux dons… de gamètes. 26 ans après la naissance d’Amandine, premier « bébé-éprouvette » français, l’Agence publie les derniers chiffres de la procréation médicalement : 19 000 naissances en 2005, pour 123 000 tentatives. Des données qui recouvrent des réalités différentes avec environ 6 000 naissances après insémination artificielle, 4 500 après fécondation in vitro classique, 7000 après micro-injection de spermatozoïdes in vitro et 2 000 après transfert d’embryons congelés. Les pratiques explosent (+ 16 % en 3 ans), ce qui explique peut-être la pénurie de « matières premières ». Certes, la plupart des fécondations en laboratoire sont réalisées avec les gamètes des deux membres du couple demandeur. Il reste tout de même que 1 193 enfants en 2005 sont issus de dons de sperme. Quant aux dons d’ovocytes (dont le prélèvement est beaucoup plus délicat que celui des spermatozoïdes), il demeure presque marginal : environ 500 dons en 2005 génèrent 100 naissances.

Derrière la réalisation du rêve de l’enfant qui ne venait pas, la réalité de l’assistance médicale à la procréation (AMP) n’est pas aussi rose que le visage des nouveau-nés dont on applaudit la naissance. On dépasse à peine une réussite pour 5 tentatives, et le risque de grossesses multiples et de handicap lié à la grande prématurité est élevé.

Quatre couples sur dix finiront par renoncer à l’AMP, souvent après des années d’un « parcours du combattant » qui aura retardé d’autant l’orientation vers d’éventuelles procédures d’adoption.

Quant aux enfants nés avec donneurs, certains, devenus adultes, se rebiffent. À l’image d’Arthur Kermalvezen qui vient de pu­blier, à l’âge de 24 ans, Né de spermatozoïdes inconnus (Presses de la Renaissance). Ce psychopédagogue se bat pour que les personnes conçues par insémination avec donneur puissent avoir accès à leurs origines génétiques. Pour le moment, la révision des lois bioéthiques prévue en 2009 ne semble pas s’orienter dans cette direction, d’autant qu’on sait que la levée de l’anonymat décourage singulièrement les donneurs. La France a une double tradition de gratuité des produits du corps humain et de non-personnalisation des dons. Aux États-Unis où ce type de pratique s’inscrit dans un contexte libéral, avec banques nominatives, en­chères et rémunérations, d’anciens étudiants, qui avaient financé leurs chères études en vendant leur semence, ont été contactés par des dizaines d’adolescents désirant découvrir la bouille de « papa ». Ils n’ont pas forcément ri.

A contrario, la privation des origines biologiques provoque d’autres risques comme l’a signalé récemment le parlementaire anglais David Alton, en révélant qu’on avait dû annuler le mariage d’un frère et d’une sœur qui s’étaient unis sans savoir qu’ils avaient les mêmes parents. Et le lord britannique de mettre en garde contre le risque de transgression de l’interdit de l’inceste que fait courir, à cause du don de gamètes, la multiplication des enfants ignorant tout, soit de leur père, soit de leur mère, soit des deux.
Quoi qu’il en soit, l’Agence de biomédecine fait état d’un « manque chronique » de donneurs selon l’expression de François Thépot, son directeur médical. Il parle du don comme d’un « acte de solidarité (…) unique espoir » pour les demandeurs. Une première campagne sera donc bientôt lancée pour doper le don d’ovocytes, une seconde, annoncée pour l’automne, visera les don­neurs de spermatozoïdes.

Le spectre du « tourisme procréatif » est également brandi pour réclamer un as­souplissement de la législation française. L’emblématique professeur René Frydman, qu’on continue de présenter sans guillemets comme père d’Amandine réclame une rémunération des donneurs.
Le débat semble avoir singulièrement évacué la question cruciale de la dignité de l’embryon humain, comme si l’objectif de venir en aide aux couples en détresse justifiait tous les moyens utilisés. La pratique de la fécondation in vitro provoque la procréation, chaque année, d’environ 240 000 embryons qui seront d’abord triés puis, selon leur « qualité », détruits, implantés, ou congelés.

Certains des embryons implantés sont même avortés dans le cadre des « réductions embryonnaires ». Quant aux « surnuméraires », peu seront transmis aux parents pour de nouvelles tentatives (13 500 en 2005). Sur 141 460 embryons conservés dans les congélateurs, seulement 58 % font encore l’objet d’un projet parental. Depuis les lois bioéthiques de 2004, les autres peuvent être livrés à la
recherche (9000 en 2004) ou bien détruits.

Mais les parents de 25 000 embryons ne répondent déjà plus aux appels. L’Agence de biomédecine note à propos de leur projet parental : « in­connu ».