3093-Edmond Fricoteaux, l'homme des Vierges pélerines - France Catholique
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3093-Edmond Fricoteaux, l’homme des Vierges pélerines

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Le 9 novembre, les obsèques de Me Edmond Fricoteaux ont été célébrées dans la basilique Saint-Denis avec un grand concours de foule.

par Olivier BONNASSIES

Edmond Fricoteaux, fondateur de la Confrérie Notre-Dame de France, à l’origine du mouvement de prière des Vierges pèlerines, est mort, lundi 5 novembre, d’un arrêt du cœur, alors qu’il était en vacances en Guadeloupe avec presque tous ses enfants et de nombreux petits enfants. Cette nouvelle a bouleversé tous les amis de Notre-Dame de France et ceux qui le connaissaient bien, qui se réjouissaient de le voir en pleine forme, plein de projets, au moment de prendre une retraite méritée, début 2008, à 70 ans !
Notaire à Saint-Denis, Edmond était rempli d’un grand amour de Dieu et d’un zèle contagieux pour la Vierge Marie depuis sa conversion radicale, un matin d’avril 1984 à Rome, au milieu de dizaines de milliers de jeunes, invités par le Pape Jean-Paul II pour lancer les Journées mon­­diales de la jeunesse. Alors qu’il n’était à Rome que pour accompagner son épouse, assez indifférent à l’événement, quelques mots d’une homélie du Cardinal Gantin dans la basilique Sainte-Marie Majeure lui transpercent le cœur, et il se précipite en confession d’où il ressort « assoiffé de Dieu ». De retour chez lui, il dévore plusieurs vies de saints, puis deux livres qui auront raison de ses dernières hésitations : Le père Lamy, prêtre et mystique et Le secret de Marie de Louis-Marie Grignion de Montfort qu’il trouve d’abord « inconsommable » et « incompréhensible ». Mais il va prier souvent sur la tombe du Père Lamy, à La Courneuve, où sa profession le conduit, en lui demandant de faire naître en son cœur « un amour immodéré » pour la sainte Vierge. Vite exaucé, il se trouve « inondé d’amour » pour l’Immaculée, et « le Secret de Marie » devient soudain une lecture merveilleuse. Entrant profondément dans la spiritualité de saint Louis-Ma­rie Grignion de Mont­fort, il sera dès lors un infatigable évan­gélisateur, qui n’hésite pas à parler de Dieu avec tous les visiteurs de son étude, et il en touche plusieurs centaines qui accepteront de le suivre dans les nom­breux pèlerinages qu’il organise au pied de la Vierge Marie.

Après sa conversion, Edmond Fri­coteaux, a l’idée de remercier en faisant à son tour un cadeau à la Vierge. Il lui semble que Dieu a un projet, qui revient sans cesse dans sa prière : une statue monumentale à la gloire de sa Mère à édifier sur le bord d’un grand axe routier. La Providence le place dans un avion à côté du Père René Laurentin, qui l’encourage : « Il vous faut l’accord de l’évêque du lieu, le soutien d’une congrégation et – très im­portant – la Vierge devra présenter l’Enfant. » L’évêque sera celui du diocèse de Pontoise. La Congrégation sera celle des Serviteurs de Jésus et de Marie, créée par le Père Lamy à Ourscamps, dans l’Oise. Reste la statue ! Edmond l’imagine avec 12 étoiles comme à la Rue du Bac, de 7 mètres de haut pour qu’elle soit bien visible ; il contacte des sculpteurs, fait faire des devis, quand Antoine Legrand, sollicité par erreur, le surprend : « La statue existe déjà ! Elle s’appelle Notre-Dame de France. » Edmond, incrédule, apprend qu’elle couronnait le Pavillon Pontifical de l’Exposition universelle de Paris en 1937, qu’elle a été conservée un an pour le 300e anniversaire du vœu de Louis XIII, qu’elle fait exactement 7 mètres, et qu’elle porte l’Enfant haut dans ses bras, entourée par une couronne de 12 étoiles ! La Croix du 2 novembre 1938 rapporte le vœu du Cardinal Verdier, archevêque de Paris, « que la statue lumi­neuse, que Notre-Dame de France, qui a si magnifiquement cou­ronné le Pavillon Pontifical devenu Pa­villon Marial ne disparaisse pas, mais qu’elle soit érigée sur une colline proche de Paris… pour faire pendant au Sacré-Cœur de Montmartre ! ».

Une souscription fut lancée puis arrêtée par la guerre en 1939, et enfin oubliée à la mort du Cardinal en 1945. Edmond partit à la recherche de la statue qu’il par­vint à retrouver et à sortir, après bien des péripéties, des sous-sols de la mairie communiste d’Amiens. Il put la réparer, grâce à 2 000 heures de travail d’un maître serrurier, et enfin l’installer, au terme d’une aventure toujours éton­nante, à Baillet-en France, à 18 km au nord de Paris, rassemblant en quelques mois 52.000 personnes, 25.000 sous­cripteurs, 7 évêques, le Nonce et le car­dinal Lustiger pour une bénédiction de la statue, qui se fera le 15 octobre 1988, 50 ans presque jour pour jour après le vœu du Cardinal Verdier.

Une fois la statue installée, Edmond Fricoteaux pense pouvoir reprendre ses activités habituelles. Mais, un jeune homme de Douai lui écrit qu’il a fait un rêve où il voyait Notre-Dame de France et à ses pieds une foule immense avec des statues venues de toute la France. Quelques mois après, M. Flichy et trois personnes, qui prient le matin à la messe au Carmel de Lisieux, viennent voir Ed­mond avec l’intuition que de nom­breuses statues venues de toute la France pour­raient être pèlerines, de village en village, pour proposer partout des veillées autour de Jésus et Marie. C’est ainsi qu’Edmond conçoit, peu à peu, le projet des Vierges pèlerines, qui se concrétise quand Jean-Paul II demande que le Jubilé de l’an 2000 soit préparé dans la prière, avec Marie.
Tous les évêques de France sont alors sollicités et 30 acceptent de donner leurs conseils. Le président de la Conférence des évêques définit que ce sera une initiative de laïcs, encouragée par sept évêques, responsables de grands sanctuaires marials. Edmond confie alors à quelques amis le soin de mettre en place des équipes de responsables qui se mobilisent dans tous les départements, et le 8 septembre 1995, Mgr Brincard, évêque du Puy-en-Velay, bénit les 108 statues et icônes qui partent pour proposer 40.000 veillées de prières pendant un an dans toute la France.
Après un pèlerinage mémorable or­ganisé par Edmond pour marquer la venue du Saint-Père à Reims en 1996, 250 Vierges pèlerines sont bénies à Rome, puis à Constantinople (Istanbul) et le mouvement va se développer pendant 4 ans jusqu’au grand Jubilé, dans 120 pays du monde, jusqu’à la grande nuit de prière de Bethléem, dont il rêvait depuis longtemps, pour marquer le 2.000e Noël, le 24 décembre 1999, dans le champ des bergers. Au total, ce seront, grâce à lui, plus de 10.000 statues et icônes qui seront finalement envoyées dans le monde, et le projet « Marie de Nazareth », qui se dé­veloppe actuellement, verra le jour, après Bethléem, comme un fruit des Vierges pèlerines.

Edmond avait le don de rassembler facilement autour de lui, à cause de sa joie, de son enthousiasme, de son énergie, de sa foi à déplacer les montagnes, mais surtout parce que c’était un homme affectueux, humain, humble, fidèle et bon. C’était « un homme de Dieu » comme nous l’avait dit le Père Marie-Dominique Philippe, il y a bien longtemps.

Il va être maintenant chez lui, auprès de la Vierge Marie qu’il a tellement aimée, dans la lumière de Dieu qu’il a tellement recherché, auprès de son amie Rolande Lefevre et de tant d’autres amis qui sont déjà là-haut, et il veillera toujours aussi activement sur sa famille, ses amis et ses projets, mais il va énormément nous manquer et sa perte est un grand chagrin ! Il est beau de remarquer que Dieu l’a rappelé le 5 novembre, en la fête d’Elisabeth, mère de Jean-Baptiste, comme pour souligner ce mystère de la Visitation de Marie qui lui tenait tellement cœur et qu’il voudrait voir se multiplier sans cesse dans le monde !